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Région Europe : entre progrès inégaux et nouvelles menaces

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) Europe a publié des fiches d’informations sur l’évolution de la lutte contre le tabagisme, à travers la mise en place des mesures MPOWER. Au-delà d’un certain nombre de progrès réalisés sur l’ensemble du continent, et de la variabilité des situations nationales, l’OMS souligne la nécessité d’une meilleure vigilance à l’égard de la menace que constitue les nouveaux produits du tabac et de la nicotine, ainsi que l’impératif de mieux lutter contre le tabagisme des femmes[1]

L’OMS, conformément à sa Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT), a mis en place en 2008 le programme MPOWER, qui propose un ensemble de six mesures coût-efficaces visant à réduire l’épidémie tabagique mondiale. Le programme MPOWER prévoit en particulier de surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention, de protéger la population contre la fumée de tabac au travers de l’interdiction de fumer dans les lieux à usage collectif et du développement des lieux sans tabac, d’offrir une aide aux personnes qui souhaitent cesser leur consommation, de mettre en garde contre les dangers du tabac, de faire respecter l’interdiction de la publicité, de promotion et des activités de parrainages de l’industrie du tabac, ainsi que de mettre en place une politique dissuasive de hausses fiscales sur les produits du tabac.

Le développement des nouveaux produits du tabac en Europe, une menace pour la santé publique

La majorité des données des fiches d’information proviennent du huitième rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme, publié en 2021. Celui-ci pointe notamment la menace nouvelle que constituent les nouveaux produits du tabac et de la nicotine. En particulier, la région européenne présente une très forte variabilité de la consommation de cigarettes électroniques, avec une prévalence chez les adultes pouvant aller de 0,7% en Espagne (2020) à 10,5% en Estonie (2018). A Monaco, 41% des adolescents étaient consommateurs de cigarettes électroniques en 2019. Comme le rappelle l’OMS, les cigarettes électroniques doivent être considérées comme des produits nocifs. La présence de nicotine et d’autres produits chimiques peuvent avoir des effets délétères sur le développement cérébral, à commencer par celui des adolescents. L’OMS note toutefois que ces produits sont régulièrement présentés comme des alternatives moins nocives, notamment par les fabricants de tabac, et font l’objet de campagnes marketing à destination des jeunes générations.

Une grande variabilité des situations observées

Sur certains critères, la région européenne fait figure de bonne élève mondiale. Ainsi, sur la question de la fiscalité, 53% des pays européens ont des niveaux de taxation au moins conformes aux recommandations de l’OMS, contre 21% dans le reste du monde. Pour l’Organisation mondiale de la santé, il est impératif que les 47% restants mettent en place une politique fiscale ambitieuse, dans un objectif de réduction du tabagisme, mais également de diminution de la pression du secteur du tabac sur les dépenses publiques. Dans d’autres domaines, l’Europe accuse un retard par rapport à la moyenne mondiale. Ainsi, seuls 26% des pays européens ont mis en place une interdiction de fumer dans les lieux publics, souvent incomplète, contre 34% dans le monde. L’instauration d’espaces sans tabac est pourtant à la fois nécessaire pour protéger la population du tabagisme passif, mais également pour inscrire la société dans un processus de dénormalisation de la consommation tabagique.

L’enjeu du tabagisme féminin prioritaire en Europe

La région européenne est la seule de l’OMS qui ne devrait pas atteindre l’objectif de réduction de 30 % pour les femmes d’ici 2025. Chez les jeunes femmes, l’OMS note également une situation préoccupante. En effet, dans 26 pays sur 42, les taux de tabagisme chez les jeunes femmes sont équivalents ou supérieurs à ceux des hommes. Pour remédier à cette situation, l’OMS recommande de davantage intégrer les problématiques de genre dans les politiques de lutte contre le tabagisme, ainsi que de mieux anticiper les déterminants sociaux de la santé, pouvant prédisposer certains groupes à consommer des produits du tabac ou de la nicotine.

Selon l’OMS, l’inégalité observée dans les progrès réalisés doit inviter les pouvoirs publics à intégralement mettre en œuvre la Convention-cadre pour la lutte antitabac. Si la quasi-totalité des pays ont ratifié la CCLAT, beaucoup d’entre eux n’ont pas rempli leurs engagements en la matière, malgré l’urgence en matière de santé publique que ces derniers représentent.

Mots-clés : OMS, Europe

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Organisation mondiale de la santé, Recently launched MPOWER factsheets show uneven progress against the tobacco epidemic in the WHO European Region, 12/04/2022, (consulté le 13/04/2022)

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 14 avril 2022