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Recherche : les conflits d’intérêts avec l’industrie du tabac trop peu déclarés

Les chercheurs liés avec l’industrie du tabac et de la nicotine ne mentionnent pas suffisamment ou pas du tout leurs conflits d’intérêts potentiels, y compris dans des travaux publiés dans des revues scientifiques prestigieuses. C’est ce que montre une étude publiée il y a quelques jours dans l’Australian and New Zealand Journal of Public Health. Selon les auteurs de cette recherche, ces manquements, contraires aux principes déontologiques, devraient amener les revues à revoir leurs politiques ainsi qu’à envisager la mise en place de sanctions.

Plus de la moitié des publications jugées problématiques en matière de déclaration de conflits d’intérêts

Les auteurs de la recherche ont contacté des experts de la lutte contre le tabagisme du monde entier, afin que ces derniers établissent une liste de chercheurs sur le tabac et sur le vapotage dont ils soupçonnaient pouvoir entretenir des liens d’intérêts. Sur cette base, les auteurs de l’étude ont sélectionné les dix chercheurs les plus fréquemment cités, et ont ensuite consulté l’ensemble de leurs publications scientifiques, leurs profils Linkedin et académiques, afin de vérifier leur transparence vis-à-vis de possibles conflits d’intérêts à l’égard de l’industrie du tabac et de la nicotine. Sur les 553 publications scientifiques identifiées, plus de la moitié se caractérisaient par une déclaration incomplète, ou une absence totale de déclaration d’existence de conflits d’intérêts, alors que ces derniers sont avérés.

L’industrie du tabac en quête de crédibilisation de son discours

Comme le soulignent les auteurs de cette étude, de telles pratiques de minimisation ou de dissimulation de leurs conflits d’intérêts avec l’industrie du tabac et de la nicotine sont préoccupantes, dans la mesure où ces articles peuvent avoir une autorité et une influence sur les politiques publiques entreprises en la matière. Sous couvert d’un discours scientifique, de telles démarches favorisent des intérêts catégoriels, fondamentalement opposés à ceux de la santé publique. Compte tenu de sa réputation passablement dégradée auprès du grand public comme des décideurs, la mobilisation de groupes de façades et de tierce-parties est une stratégie récurrente de l’industrie du tabac, qui cherche ainsi à crédibiliser les arguments qu’elle diffuse.

Le tabac chauffé au cœur du discours scientifique alternatif des cigarettiers

En particulier, l’infiltration par l’industrie du tabac du discours scientifique revêt un enjeu majeur aujourd’hui. Les fabricants, confrontés à la diminution constante de leurs volumes de ventes, a amorcé ces dernières années une stratégie agressive de reconquête. Cette dernière s’incarne notamment à travers la promotion des nouveaux produits du tabac, à l’instar du tabac chauffé, présenté par les cigarettiers comme une alternative à risques réduits pour le consommateur. Alors qu’aucune étude indépendante ne permet à ce jour d’affirmer que la consommation de tabac chauffé se traduise par une réduction des risques pour le fumeur, l’industrie du tabac investit un discours scientifique visant à la promouvoir comme un acteur crédible, innovant et incontournable en santé publique. Cette stratégie s’est notamment traduite par la mise en place en 2017 de la Fondation pour un monde sans fumée, présentée comme une organisation scientifique « indépendante à but non lucratif », intégralement financée par Philip Morris International.

Mots-clés : Lobbying, conflits d’intérêts, science

©Génération Sans Tabac

FT

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 28 mai 2023