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Quel marché du tabac en 2050 ?

Selon un rapport réalisé par un analyste financier, la consommation de cigarettes traditionnelles dans un certain nombre de pays pourrait devenir marginale au cours des trois prochaines décennies (2050), à mesure que les fumeurs cesseront de fumer les cigarettes traditionnelles ou passeront aux nouveaux produits du tabac et de la nicotine.

Selon l’analyste financier Citigroup Inc., le tabagisme traditionnel pourrait disparaître d’ici 2050 aux États-Unis, dans certaines parties de l’Europe, en Australie et dans certaines parties conséquentes de l’Amérique latine si la tendance à la baisse observée au cours des dernières décennies se poursuit.

Une consommation tabagique déjà en déclin dans de nombreux pays

Certains pays cités dans le rapport connaissent déjà un déclin important de leur prévalence tabagique et sont sur la bonne voie d’une génération sans tabac dans les prochaines années. Aux États-Unis, le tabagisme actuel est passé de 42% de la population adulte en 1965 à 21% en 2005 et à 14% en 2019, son point le plus bas de l’histoire[1]. En Australie, les dernières données de la National Drug Strategy Household Survey (NDSHS) indiquent que 11,6% des adultes fumaient quotidiennement en 2019. Ce taux de tabagisme quotidien continue à diminuer : il était de 12,8% en 2016. Par rapport à l’année 1991 (25% de prévalence), il a diminué de plus de moitié [2]. En Amérique latine, la prévalence du tabagisme a été réduite au cours des dernières décennies grâce aux efforts régionaux de lutte antitabac[3]. L’Organisation panaméricaine de la santé estime qu’entre 2007 et 2015, la prévalence du tabagisme est passée de 22,1% à 17,4%, soit une baisse plus importante que celle enregistrée en moyenne dans le monde. Cette tendance devrait se poursuivre, la région étant la «seule région de l’OMS qui devrait atteindre l’objectif fixé de réduction de 30% de la prévalence du tabagisme actuel d’ici 2025»[4].

La région européenne de l’OMS connaît quant à elle le niveau de prévalence tabagique le plus élevé dans le monde (29%) avec de grandes disparités selon les pays[5]. La prévalence tabagique demeure élevée, supérieure à 30% dans les pays d’Europe centrale et orientale (Serbie, Grèce, Russie et Monténégro entre 39 et 46% de la population âgée de 15 ans et +), tandis que des niveaux inférieurs à 20% ont été signalés dans les pays nordiques et en Asie centrale (Ouzbékistan, Islande, Suède, Danemark, Norvège entre 13 et 19% de la population âgée de 15 ans et +).

En France, il est difficile à ce jour de déterminer quelle pourrait être la situation du marché du tabac en 2050. La prévalence tabagique demeure élevée mais elle a diminué de manière importante au cours de ces toutes dernières années à la faveur d’une volonté politique affirmée et de l’adoption de fortes mesures coordonnées. L’objectif annoncé d’une génération sans tabac d’ici 2030 par le Président de la République lors du lancement de la nouvelle stratégie de lutte contre le cancer s’inscrit dans cette perspective.  Les premiers résultats d’une baisse du taux de fumeurs quotidiens de 28,4% à 24% confortent cette politique cependant la prévalence demeure élevée y compris chez les jeunes.

La fin du tabagisme traditionnel ne signifie pas la fin de la nicotine

En réponse à cette baisse importante de consommation des cigarettes traditionnelles, les entreprises du tabac ont diversifié l’offre de leur portefeuille de produits afin d’élargir une clientèle en diminution. Philip Morris International, mise beaucoup sur son nouveau produit de tabac chauffé. Selon Bloomberg, près de 25% des revenus de la société proviennent de ces derniers. British American Tobacco (BAT) qui a le portefeuille le plus diversifié de nouveaux produits, investit également massivement dans sa transformation en industrie de la nicotine[6]. Les fabricants de tabac affirment avoir donné aux « fumeurs un plus large éventail de choix » et déclarent que les nouveaux produits sont des « alternatives plus sûres » destinées à être des « produits à risque réduit ». L’industrie du tabac a déclaré que ces produits « sauveraient » des millions de personnes dans le monde des méfaits du tabagisme.

La réalité fait état d’un développement massif de la consommation de ceux-ci par les jeunes générations particulièrement ciblées par les campagnes de marketing[7][8]. Il semble donc que l’industrie du tabac cherche essentiellement à assurer son avenir économique et se créer de nouvelles opportunités pour accéder aux décideurs politiques et, par conséquent, à la possibilité d’influencer la réglementation notamment pour tous ces nouveaux produits du tabac.

Mots clés : Génération Sans Tabac, Nouveaux produits, Marketing, Tabagisme, 2050

©Génération Sans Tabac


[1] Current Cigarette Smoking Among Adults in the United States, Centers for Disease Control and Prevention

[2] Australian Institute of Health and Welfare, Tobacco smoking, 23 juillet 2020, consulté le 19 mars 2021

[3] Génération Sans Tabac, L’ensemble de l’Amérique du Sud désormais couverte par l’interdiction de fumer dans les lieux publics, 14 janvier 2021, consulté le 19 mars 2021

[4] Tobacco Tactics, Latin America and Caribbean Region, Dernière mise à jour le 16 février 2021, consulté le 19 mars 2021

[5] Loyola, Enrique & Lebedeva, Elizaveta & Graen, Laura & Mauer-Stender, Kristina & Fedkina, Natalia & Rakovac, Ivo. (2019). European tobacco use: Trends report 2019.

[6] Génération Sans Tabac, BAT investit £1 milliard pour promouvoir ses nouveaux produits auprès des jeunes, 23 février 2021, consulté le 19 mars 2021

[7] Génération Sans Tabac, États-Unis : inquiétude autour de la consommation des sachets de nicotine, 12 février 2021, consulté le 19 mars 2021

[8] Génération Sans Tabac, Les clips musicaux, un écrin publicitaire pour la nicotine, 3 février 2021, consulté le 19 mars 2021

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 19 mars 2021