Appuyés par des données récentes publiées par Statistique Canada, plusieurs groupes de santé du Québec révèlent une analyse sur les conséquences du vapotage sur la santé. Ils alertent notamment sur les risques d’addiction auprès des adolescents.
Regroupés sous l’égide de la Coalition Québécoise pour le Contrôle du Tabac (CQCT), des chercheurs ont obtenu des données de l’Enquête sur la santé menée par Statistique Canada[1], à laquelle ont participé 7350 répondants dans la province francophone du Québec. Leur constat est clair : depuis la mise en vente libre des produits de vapotage contenant de la nicotine, la proportion de Québécois non-fumeurs qui en consomme a augmenté de 111% entre 2017 et 2021.
Les adolescents comme cœur de cible
Public particulièrement touché par l’industrie du vapotage : les adolescents. Selon les chiffres obtenus par la CQCT, 86% des non-fumeurs qui commencent à consommer des cigarettes électroniques sont âgés de 12 à 24 ans. Sur la période 2017-2021 au Québec, 100 810 non-fumeurs de tabac de cette tranche d’âge ont commencé la cigarette électronique. Toujours selon Statistique Canada, ces chiffres sont quatre fois plus élevés chez les 12-24 ans que chez les personnes de plus de 25 ans.
« Les données sont claires. La commercialisation des cigarettes électroniques a causé plus de torts que d’avantages et ce sont les adolescents et jeunes adultes qui en sont les grands perdants, » explique Flory Doucas, porte-parole de la CQCT dans un communiqué[2]. En fait, entre 2017 et 2021, pour quatre anciens fumeurs additionnels qui vapotent, il y a cinq vapoteurs additionnels qui n’étaient pas des fumeurs. « C’est pourquoi selon elle que le Québec se retrouve avec 100 810 jeunes vapoteurs, sans que ceux-ci n’aient été fumeurs auparavant » indique le communiqué de la Coalition.
La CQCT s’attaque également aux arguments des défenseurs de la cigarette électronique sur le fait que ce soit un produit efficace pour permettre d’arrêter de fumer. Selon plusieurs indicateurs présents dans l’analyse, la cigarette électronique a un impact quasiment marginal sur le taux d’arrêt du tabagisme. 91% des 12-24 ans fumeurs affirment notamment que le vapotage ne leur permet pas de sortir du tabagisme.
L’industrie du vapotage dans le viseur du gouvernement québécois
Ces révélations de la CQCT s’inscrivent dans un contexte de tensions politiques liées à l’industrie de la cigarette électronique au Québec. Elles font suite à l’enquête de l’Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ) d’octobre 2022 sur la consommation des produits de vapotage en 2020[3]. L’institut révélait que la prévalence du vapotage était nettement plus élevée chez les adolescents (18%) que chez les 25 ans et plus (2%). En termes de nicotine, l’étude prouve que 43% des vapoteurs consomment des liquides dont la concentration de nicotine excède 20mg/ml, avec un pic de 63% chez les 15-24 ans.
Face à ces chiffres, le gouvernement québécois a décidé d’agir. Dès décembre 2022, il avait déjà sévi contre les produits du vapotage en annonçant doubler leur taxe à partir de l’automne 2023. Au début du mois de mars 2023, un projet d’interdiction des arômes a été remis au ministre de la Santé, dont l’adoption est prévue dans les prochaines semaines[4]. Une telle mesure a déjà été prise en Nouvelle-Ecosse en 2020 avec succès[5].
Mots clés : Québec, Vapotage, Adolescents, Etude, Santé, Cigarettes Électroniques.
HD
[1] Enquête sur la Santé dans les Collectivités Canadiennes, Statistique Canada, 2023, consulté le 21 mars 2023
[2] Communiqué de presse, De nouvelles statistiques montrent que les jeunes sont les grands perdants de la vente libre des produits de vapotage aromatisés, Coalition Québécoise pour le Contrôle du Tabac, publié le 20 mars 2023, consulté le 21 mars 2023
[3] Le vapotage chez les Québécois : données de l’Enquête québécoise sur le tabac et les produits de vapotage 2020, INSPQ, Octobre 2022
[4] Le Québec envisage d’interdire les arômes dans les produits du vapotage, Génération Sans Tabac, publié le 8 mars 2023
[5] Evolution du Tabagisme en Nouvelle-Ecosse, Statistique Canada, publié le 13 mars 2023, consulté le 21 mars 2023
