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Promouvoir une alternative viable à la culture du tabac, un impératif de la CCLAT

La promesse du développement économique est souvent faite par les cigarettiers pour inciter les pays à encourager la culture du tabac dans les pays à faibles et moyens revenus, à tel point que ces derniers en concentrent aujourd’hui plus de 90% de la production mondiale[1]. Cependant, après plusieurs décennies, force est de constater que le développement de la culture du tabac ne s’est pas accompagné d’une quelconque prospérité économique. Bien au contraire, celle-ci entraîne une paupérisation multi-générationnelle des agriculteurs, encourage le travail des enfants, expose les populations à différentes maladies, et détruit durablement les écosystèmes locaux (pollution des sols et des eaux, déforestation, inondations, sécheresses, disparition d’espèces animales[2]).

Cependant, des économies entières dépendent de cette activité. C’est notamment le cas du Malawi, septième producteur mondial de tabac, qui représente 70% des recettes du pays en devises étrangères[3]. Pour promouvoir la culture du tabac auprès des populations, l’industrie du tabac propose des prêts financiers et matériels aux cultivateurs, que ces derniers, par la faible rentabilité de leur activité, n’arrivent bien souvent pas à rembourser à la fin de la récolte, les inscrivant dans un cercle vicieux d’endettement et de dépendance fianancière.

La lutte contre le tabac ne se borne pas à la lutte contre le tabagisme. Elle doit en effet être comprise de manière systémique, c’est-à-dire depuis la production jusqu’à la consommation. Pour lutter équitablement contre l’industrie du tabac, il faut également prendre en compte ses externalités : une baisse générale de la demande entraîne automatiquement une baisse des prix de la feuille du tabac, et ainsi une baisse substantielle de revenus pour les pays producteurs.

Compte tenu du fort degré de dépendance de certains pays et certaines populations à l’égard de la feuille de tabac, la Convention-cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la lutte antitabac a intégré dans son article 17 la nécessité de fournir un « appui à des activités de remplacement économiquement viables[4] », c’est-à-dire une alternative crédible à la culture du tabac.

Lire « Oui il existe des alternatives à la culture du tabac »

©Génération Sans Tabac


[1] Maria Zafeiridou, Nicholas S Hopkinson, Nikolaos Voulvoulis,  « Cigarette Smoking: An Assessment of Tobacco’s Global Environmental Footprint Across Its Entire Supply Chain », American Chemical Society, 3 juillet 2018.

https://pubs.acs.org/doi/pdf/10.1021/acs.est.8b01533?rand=r0fqiked

[2] Margarete C Kulik, Stella Aguinaga Bialous, Spy Munthali, Wendy Max, « Tobacco growing and the sustainable development goals, Malawi », Bull World Health Organ, 1er mai 2017. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5418823/pdf/BLT.16.175596.pdf

[3]  DAVIES Peter. « Malawi : addicted to the leaf », BMJ Global Health. 2003.

https://tobaccocontrol.bmj.com/content/12/1/91.full 

[4] https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/42812/9242591017.pdf?sequence=1

| ©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 6 janvier 2020