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Philip Morris envisage des incitations financières aux pharmaciens australiens pour vendre sa cigarette électronique

Philip Morris a créé un programme destiné à promouvoir auprès des pharmaciens australiens son nouveau dispositif de vapotage de la marque VEEV. Celui-ci repose sur des incitations financières pour les pharmaciens qui orientent leurs patients vers ce dispositif. Suite aux pressions de la part de médecins et d’experts de la santé, la plateforme informatique responsable du déploiement du programme, PharmaPrograms, en a interrompu le lancement[1].

Le programme propose une incitation financière de 275 $ australiens (188 €) si la pharmacie commande pour au minimum 250 $ australiens (170€) de pods (recharges) et de dispositifs de la marque VEEV du fabricant Philip Morris International (PMI). Les pharmaciens recevront de plus : 5 $ australiens (3,4€) pour chaque vente de VEEV, 10 $ australiens (6,8 €) pour l’information d’un nouveau client potentiel sur le dispositif, et 5 $ australiens pour l’orienter vers un médecin afin d’obtenir une prescription.

L’industrie du tabac n’a pas sa place dans les soins de santé

En Australie, tout médecin doit demander à la Therapeutic Goods Administration (TGA) l’autorisation de prescrire un produit non approuvé, ce qui est le cas actuellement pour les cigarettes électroniques. Un porte-parole de la Pharmaceutical Society of Australia (PSA) a déclaré que les pharmaciens ne doivent recevoir aucune incitation financière pour vendre des médicaments, et que les programmes visant à aider les patients à utiliser des médicaments nouvellement prescrits sont rares et soumis à d’importantes obligations de conformité contenues dans le code de conduite de Medicines Australia.

Pour la PSA, « La tentative de Big tobacco de verser des pots-de-vin financiers témoigne d’un mépris absolu pour les pharmaciens. Mépris pour leur intégrité. Mépris pour l’obligation professionnelle et éthique des pharmaciens de donner la priorité à la santé et au bien-être de leurs patients. Les multinationales du tabac n’ont pas leur place dans les soins de santé ».

Une vision partagée par la directrice générale de Medicines Australia, Elizabeth de Somer, qui a déclaré que son organisation ne tolérerait rien qui puisse influencer les patients de manière inappropriée.

Une nouvelle tentative de PMI d’intégrer le monde de la santé

PMI pensait pouvoir utiliser les pharmaciens australiens comme caution scientifique pour promouvoir la vente de sa cigarette électronique.

Cette démarche fait partie d’un plan global de PMI visant à passer pour un acteur de santé « respectable » ayant sa place dans les débats publics et à côté des décideurs. Témoignent de cette stratégie les achats récents de trois laboratoires pharmaceutiques (Vectura, OtiTopic, Fertin Pharma)[2],  Les acteurs de santé alertent sur ces acquisitions[3] qui visent pour PMI à contourner son exclusion des débats autour des politiques publiques de santé, dont il a été exclu depuis deux décennies grâce à la Convention-Cadre de Lutte Anti-Tabac de l’OMS.

L’industrie du tabac veut redorer son image afin de recruter de nouveaux consommateurs en promouvant auprès des jeunes ses nouveaux produits : tabac chauffé et cigarette électronique, ceci afin de maintenir et surtout d’augmenter ses profits.

Mots-clés : Australie, pharmaciens, vapotage, Philip Morris, VEEV, incitations financières

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Cait Kelly, Tobacco giant’s cash for vapes scheme paused after backlash from Australian health experts, The Guardian, publié le 4 août 2022, consulté le 8 août 2022

[2] Génération sans tabac, Philip Morris finalise son rachat très contesté de Vectura, publié le 21 septembre 2021, consulté le 8 août 2022

[3] Génération sans tabac, Deux sociétés savantes déplorent le rachat du laboratoire Vectura par Philip Morris, publié le 3 décembre 2021, consulté le 8 août 2022

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 10 août 2022