L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé lundi 13 décembre que sa campagne pour la Journée mondiale sans tabac sera axée autour du thème suivant : « Le tabac : une menace pour notre environnement ».
Cette campagne visera d’une part à fournir aux fumeurs une raison supplémentaire de stopper leur consommation, mais également à rendre compte des stratégies mises en place par l’industrie du tabac pour « écologiser » son image, sa réputation, et ses produits, en cherchant à se faire passer pour un acteur responsable et soucieux de l’environnement et du développement durable[1].
L’impact décisif de l’industrie du tabac
Comme le rappelle l’OMS, l’industrie du tabac contribue significativement au réchauffement climatique, avec une émission annuelle de 84 millions de tonnes en équivalent dioxyde de carbone, soit l’équivalent d’un pays comme le Pérou ou Israël. De la même façon, la culture du tabac entraîne une déforestation massive, concentrée dans les pays en développement, conduisant à la fois à des phénomènes d’inondations et de diminution de l’accès à l’eau potable. L’industrie du tabac mobilise par ailleurs de grandes quantités de pesticides et de produits chimiques pour la culture du tabac, polluant ainsi durablement les sols et les nappes phréatiques. Pour le Dr Ruediger Krech, directeur de la Promotion de la santé à l’OMS, « les impacts environnementaux de la consommation de tabac ajoutent une pression inutile sur les ressources déjà rares et les écosystèmes fragiles de notre planète ».
L’environnement, un levier de communication pour améliorer l’image des fabricants
Alors que l’impact de l’activité de l’industrie du tabac s’oppose à au moins 12 des 17 objectifs de développement durable établis par l’OMS, les fabricants tendent à articuler leur communication sur leur responsabilité sociale, et notamment leur responsabilité en matière environnementale. Cette stratégie passe en particulier par le financement de projets et d’organisations dans le cadre d’initiatives dites de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ces pratiques ont notamment pour objectif de crédibiliser l’image détériorée des fabricants de tabac auprès des décideurs publics, et d’instaurer une relation partenariale avec les pouvoirs publics. Industrie du tabac et RSE sont pourtant peu compatibles : le Pacte mondial de l’ONU (UNGC) reconnaît « un conflit d’intérêts entre [les produits de l’industrie du tabac] et les droits de l’homme, le droit à la santé publique, à la sécurité internationale et à la paix. La stratégie de réduction de la prévalence tabagique s’inscrit dans un objectif beaucoup plus large que de garantir simplement un droit à la santé, et vise à contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, à la préservation de l’environnement et du vivant, et permettre une croissance économique durable, respectueuse des différents besoins sociaux.
Mots clés : OMS, RSE, JMST
FT
[1] World Health Organization, Protect the environment, World No Tobacco Day 2022 will give you one more reason to quit, 13/12/2021, (consulté le 14/12/2021)
