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Nouvelle-Zélande : Une association demande la réduction des points de vente

En Nouvelle-Zélande, l’organisation Cancer Society vient de lancer une pétition appelant à une « réduction significative » du nombre de points de vente des produits du tabac, affirmant que le pays n’atteindra pas son objectif d’une génération sans tabac d’ici 2025 si la disponibilité n’est pas réduite. La pétition touche uniquement les produits du tabac, les produits du vapotage ne sont pas concernés.

Cancer Society appelle à la suppression progressive de la quasi-totalité des 6 000 à 8 000 points de vente à travers le pays afin qu’il n’en reste plus qu’une centaine d’ici 2025[1]. Selon l’organisation, les lois actuelles ne font pas assez pour protéger la population de la dangerosité du tabac, notamment les enfants car les produits du tabac sont facilement accessibles, vendus aux côtés d’autres produits du quotidien comme le lait ou le pain.

Une étude de l’Université d’Otago[2] estime qu’environ la moitié des établissements secondaires de Nouvelle-Zélande ont au moins un point de vente de tabac dans un rayon d’un demi-kilomètre, avec plus de détaillants de tabac dans les communautés à faible revenu où les taux de tabagisme sont les plus élevés. Même la consommation de tabac a baissé régulièrement tout au long des 40 dernières années, le tabac reste un facteur d’inégalités en matière de santé car les communautés maories et du pacifique ont une prévalence tabagique plus élevée que celle du reste de la population.

Les minorités, victimes du marketing ciblé de l’industrie

En Nouvelle-Zélande, la prévalence quotidienne globale du tabagisme en 2019-20 était de 11,6%. La prévalence quotidienne du tabagisme chez les Maoris à cette période était de 28,7% et de 18,3% chez les peuples du Pacifique[3]. Ces taux élevés dans ces populations sont, en particulier, le résultat d’un marketing soutenu et ciblé de l’industrie du tabac à leur attention et ce, depuis des décennies[4]. Il y a quelques mois, Philip Morris, principal distributeur du pays, a sélectionné des événements et lieux convoités par les maoris pour faire la promotion de son nouveau dispositif de tabac chauffé[5]. Selon le directeur général de Philip Morris NZ, la compagnie proposait d’essayer gratuitement le produit et le vendait à moitié prix auprès des Maoris car ces derniers faisaient face à des « difficultés financières ».  PMI s’est également rapproché d’une association venant en aide aux personnes vulnérables à Auckland[6] pour essayer de promouvoir ses produits auprès des personnes en difficultés, suggérant que le fabricant de tabac « s’efforçait de lutter contre les taux élevés de tabagisme féminin » en proposant des « alternatives moins dangereuses ».

Réduire la disponibilité des produits du tabac est une mesure efficace pour réduire la consommation

La réduction substantielle de la disponibilité des produits du tabac a été identifiée comme une mesure efficace pour réduire la prévalence du tabagisme. L’omniprésence des détaillants de tabac normalise la consommation de tabac et fausse la perception sur la dangerosité du produit. La proximité des détaillants de tabac est associée à des taux de tabagisme plus élevés et rend plus difficile les tentatives d’arrêt des fumeurs[7].  Même si certains pays, à l’échelle locale, (à San Francisco en 2014, en Hongrie en 2013[8]) ont mis en place des politiques visant à restreindre les lieux de vente, l’effet (à long terme) de ces mesures sur la prévalence du tabagisme, sur la santé de la population ou sur les coûts du tabagisme n’a pas encore été évalué à ce jour.

Cependant, une récente étude[9] a modélisé 4 interventions de réduction des points de vente de tabac en Nouvelle-Zélande et a conclu que ces réductions permettraient de baisser la prévalence du tabagisme, d’offrir une meilleure qualité de vie aux habitants et de réduire les coûts du système de santé. Selon l’étude, ces interventions pourraient également fortement réduire les inégalités de santé entre les Maoris et le reste de la population. La diminution du nombre de points de vente de produits du tabac bénéficie du soutien de la population en Nouvelle-Zélande en tant que stratégie pour parvenir à une génération sans tabac d’ici 2025[10].

Mots clés : Nouvelle-Zélande, Génération Sans Tabac, 2025, Maoris, Nouveaux produits

©Génération Sans Tabac


[1] Cancer Society petitions for ‘significant reduction’ in tobacco retailers, One news,  31 mars 2021, consulté le jour-même

[2] Robertson L, Marsh L, Edwards R, Hoek J, van der Deen FS, McGee R. Regulating tobacco retail in New Zealand: what can we learn from overseas? N Z Med J. 2016 Apr 1;129(1432):74-9. PMID: 27356255.

[3] What does the 2019/20 NZ Health Survey tell us about progress towards a Smokefree Aotearoa?, Health Central, 14 décembre 2020, consulté le 31 mars 2021

[4] Génération Sans Tabac, Tabagisme et mortalité des adultes aborigènes et insulaires en Australie, 27 janvier 2021, consulté le 31 mars 2021

[5] Guyon Espiner, Big Tobacco targeting Māori with e-cigarettes, RNZ, 11 juillet 2019, consulté le 31 mars 2021

[6] Guyon Espiner, Philip Morris tried to target poor through poverty group and Counties Manukau DHB, RNZ, 27 août 2019, consulté le 31 mars 2021

[7] Reitzel, Lorraine R et al. “The effect of tobacco outlet density and proximity on smoking cessation.” American journal of public health vol. 101,2 (2011): 315-20. doi:10.2105/AJPH.2010.191676

[8]  Henriksen L . The retail environment for tobacco: a barometer of progress towards the endgame. Tob Control 2015;24:e1–2. doi:10.1136/tobaccocontrol-2014-051884

[9] Pearson AL, Cleghorn CL, van der Deen FS, et al Tobacco retail outlet restrictions: health and cost impacts from multistate life-table modelling in a national population Tobacco Control 2017;26:579-585.

[10] Whyte G, Gendall P, Hoek J Advancing the retail endgame: public perceptions of retail policy interventions Tobacco Control 2014;23:160-166.

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 31 mars 2021