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Nouvel avis du Haut Conseil de la santé publique sur les produits du vapotage

Dans un avis publié le 4 janvier 2022, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande aux professionnels de santé qui accompagnent les fumeurs dans leur démarche d’arrêt du tabac de ne pas proposer les produits du vapotage comme outil de sevrage. Selon l’HCSP, les bénéfices potentiels et les risques de l’utilisation de cigarettes électroniques « ne sont pas établis à ce jour »[1].

Le Haut Conseil de la santé publique est une instance française d’expertise qui a pour mission d’aider à la décision en santé publique. Ce nouvel avis remplace un précédent daté de 2016, dans lequel l’organisme estimait que la cigarette électronique pouvait être considérée comme un « outil d’aide au sevrage tabagique » pour les personnes qui veulent arrêter leur consommation de tabac.

Recours aux traitements ayant prouvé leur efficacité

Dans ses recommandations, l’HCSP conseille aux professionnels de santé d’utiliser des traitements médicamenteux ou non ayant prouvé leur efficacité, tels que les traitements de substitutions nicotiniques (TSN) dans le cadre d’une prise en charge par un professionnel de santé. Il précise que les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer les produits du vapotage comme aides au sevrage tabagique. L’instance déconseille l’utilisation des cigarettes électroniques pour les femmes enceintes par principe de précaution en l’absence de données sur les risques.

Même si les cigarettes électroniques ne dégagent pas de monoxyde de carbone ou de goudrons, qui sont les substances les plus nocives de la fumée du tabac, on ne connaît pas leurs  effets à long terme.  L’instance alerte sur la double consommation tabac/vapotage et rappelle que l’utilisation du vapotage avec une simple réduction de cigarettes ne représente pas une réduction des risques. Seul un arrêt complet du tabac apporte des bénéfices à la santé.

L’HCSP n’exclut cependant pas l’utilisation des cigarettes électroniques dans certains cas. Elles peuvent être utilisées auprès de certains publics vulnérables à forte dépendance nicotinique chez lesquels les traitements éprouvés n’ont pas été efficaces, « l’absence des connaissances fondées sur les preuves n’exclut pas que le rapport bénéfices/risques de ces produits utilisés hors système de santé puissent représenter une aide pour certains consommateurs et contribuer ainsi à améliorer leur santé ».

Il est insisté sur la nécessité de mettre en place des essais thérapeutiques conformes aux recommandations méthodologiques nationales et internationales pour évaluer, comparativement à un placebo et/ou à des traitements de référence, avec un niveau de preuve suffisamment élevé, l’efficacité thérapeutique et la tolérance des produits du vapotage dans le sevrage tabagique. Ainsi que des recherches sur le rôle initiateur ou non de ces produits chez les jeunes, sujet encore discuté. L’HCSP recommande aussi une acquisition des connaissances sur l’attractivité des saveurs pour les produits du vapotage –en particulier auprès des plus jeunes- en prenant en compte les pratiques en France.

Maintien des réglementations relatives aux produits du vapotage

Le HCSP recommande le maintien de l’ensemble des mesures législatives et réglementaires relatives aux produits du vapotage visant à en limiter l’attractivité et l’accessibilité, notamment auprès des mineurs. Le HCSP recommande de veiller à l’effectivité de leur application (interdiction de vente aux mineurs, interdiction de publicité, interdiction de consommation dans les lieux accueillant du public). L’objectif est de retarder l’initiation et l’utilisation de ces produits chez les adolescents non-consommateurs de tabac.

Le HCSP demande également à ce que la population reçoive une information officielle sur ces produits et leur utilisation et que les interventions d’éducation à la santé s’adressant aux jeunes portant sur le tabagisme intègrent une information éclairée sur les cigarettes électroniques.

Cet avis suit les dernières conclusions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui rappelle que les preuves scientifiques relatives aux cigarettes électroniques en tant qu’aides à l’arrêt du tabac ne sont pas concluantes à ce jour et il est difficile de se prononcer si ces produits ont un rôle à jouer dans l’arrêt du tabac[2]. En outre, l’OMS précise que si les cigarettes électroniques, en cas d’arrêt complet du tabac, induisent une diminution de risques pour la personne, ces produits ne sont pas anodins[3]. Les cigarettes électroniques génèrent des produits chimiques toxiques, qui ont été liés à des effets potentiellement nocifs sur la santé au plan cardiovasculaire et pulmonaire. Dans un rapport de juillet 2021[4], elle mettait également en garde contre « l’industrie du tabac et les industries connexes qui fabriquent ces produits et les commercialisent souvent auprès des enfants et des adolescents en ayant recours à des milliers de saveurs attrayantes et en invoquant des arguments fallacieux à leur sujet ».

Mots clés : Haut Conseil de la santé publique, HCSP, vapotage, sevrage, cigarette électronique, OMS

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Avis du Haut Conseil de la santé publique, relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique, publié le 4 janvier 2022

[2] It’s time to invest in cessation: the global investment case for tobacco cessation. Geneva: World Health Organization; 2021. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

[3] Dr Ruediger Krech, World No Tobacco Day 2021 campaign – Commit to Quit, Organisation Mondiale de la Santé, 19 mai 2021, consulté le 6 janvier 2022

[4] WHO report on the global tobacco epidemic 2021: addressing new and emerging products. Geneva: World Health Organization; 2021. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 7 janvier 2022