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New-York : le tabagisme entretient de profondes inégalités selon les communautés

Le département de la santé de la ville de New-York a publié un nouveau rapport[1] soulignant la nécessité de s’attaquer aux inégalités de santé en matière de tabagisme, avec des recommandations sur la manière de progresser. Bien que la prévalence du tabagisme à New York ait diminué de manière significative, passant de 22 % en 2002 à 11 % en 2020, des inégalités subsistent en raison du marketing agressif de l’industrie du tabac ou de la concentration des détaillants dans les communautés très pauvres.

Les dernières recherches ont révélé qu’en dépit de la baisse du taux de tabagisme global dans la ville, 14 % des adultes vivant dans des quartiers très pauvres fument, contre 9 % des adultes vivant dans des quartiers plus aisés. Le rapport indique que s’attaquer aux causes profondes des inégalités et donner la priorité aux communautés qui subissent ces inégalités sont essentielles pour prévenir les effets dévastateurs du tabagisme sur la santé, notamment les décès prématurés.

Des disparités importantes pour la prévalence tabagique selon les communautés

Le rapport souligne l’importance de prendre en compte les différents facteurs induisant des inégalités sociales en matière de tabagisme. Alors que la prévalence du tabagisme à New York était globalement similaire dans les différents groupes ethniques, la prise en compte conjointe de l’ethnie, du sexe et du lieu de naissance (aux États-Unis ou à l’étranger) a révélé des différences importantes.

À titre d’exemple, en 2019-2020, les hommes noirs et latinos nés aux Etats-Unis ont fumé à des taux plus élevés (23% et 21%, respectivement) que les hommes noirs et latinos nés hors des États-Unis mais habitant dans le pays (5 % et 11 %, respectivement). Similairement, les taux de tabagisme chez les femmes noires (15%) et latino-américaines (14%) nées aux États-Unis étaient plus de trois fois supérieurs à ceux des femmes noires (4 %) et latines (4 %) nées hors des États-Unis mais vivant dans le pays.

Le rapport comprend également des données sur les facteurs environnementaux et industriels qui peuvent conduire à des inégalités. Il s’agit notamment du marketing massif de l’industrie et de l’importance de l’accès aux produits chez les détaillants au sein des communautés les plus pauvres. Par exemple, les taux différenciés de tabagisme au menthol mettent en évidence les résultats de la promotion agressive de ces produits auprès des communautés de couleur. En 2020, 52 % de tous les adultes qui fumaient à New-York fumaient généralement des cigarettes mentholées, mais 89 % des Noirs et 68 % des Latino-Américains qui fumaient utilisaient des cigarettes mentholées, contre seulement 32 % des Blancs et 25 % des Asiatiques/Pacifiques.

Des efforts pour restreindre le nombre de points de vente

Des mesures ont été prises pour réduire le nombre de points de vente à New-York qui ont entraîné une diminution du nombre global de détaillants de tabac. Entre 2018 et 2021, le département de la santé de la ville dit avoir observé une diminution de 29 % des emplacements qui vendent du tabac, les baisses de densité étant les plus importantes dans les zones de grande pauvreté.

Alors qu’il y avait 108 licences de tabac délivrées pour 100 000 personnes dans les zones de très grande pauvreté en 2018, ce nombre est tombé à 68 licences en 2021. Ces changements prendront toutefois du temps avant d’affecter la prévalence du tabagisme, selon le département de la santé de la ville.

Favoriser et adapter l’accès aux aides à l’arrêt du tabac

Le rapport examine également le recours aux traitements d’aide à l’arrêt du tabac et indique qu’il convient de donner la priorité à des actions de proximité et à un soutien thérapeutique adaptés. Par exemple, les New-Yorkais fumeurs d’origine asiatique/insulaire du Pacifique étaient moins susceptibles (9 %) d’avoir eu recours à un traitement de substitution nicotinique que les adultes fumeurs afro-américains (24 %), latino-américains (26 %) et blancs (20 %).

Pour le Dr Michelle Morse, médecin en chef de l’agence et commissaire adjointe du Center for Health Equity and Community Wellness, il est primordial de veiller à ce que toutes les communautés reçoivent le soutien dont elles ont besoin. Les médicaments et les conseils en matière de traitement du tabagisme peuvent doubler les chances d’une personne de réussir à arrêter de fumer. Elle ajoute « il est donc impératif que nous travaillions ensemble pour faire connaître toutes les ressources dont disposent les New-Yorkais, comme la ligne téléphonique d’aide à l’arrêt du tabac de l’État de New York, la couverture complète de Medicaid et d’autres assurances pour le traitement du tabagisme, ainsi que les nombreux programmes d’arrêt du tabac dans toute la ville ».

Mots-clés : New-York, inégalités, afro-américains, latino-américains, États-Unis, menthol, marketing

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Communiqué de presse, Health Department Releases New Data on Smoking Inequities in NYC, publié le 17 octobre 2022, consulté le 19 octobre 2022

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 21 octobre 2022