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Mégots et environnement : une opportunité de communication pour les cigarettiers

Dans le cadre le la loi pour une Economie Circulaire et contre le gaspillage, l’Assemblée nationale avait voté, fin 2019, l’instauration de filières REP (Responsabilité Elargie du Producteur). Cette disposition, qui exige de l’industrie du tabac de participer, y compris financièrement, à la réduction des déchets, est vue par les cigarettiers comme une opportunité de communication.

British American Tobacco (BAT), la Seita, Philip Morris et Japan Tobacco, ont ainsi créé le collectif Mission Mégots, officiellement destiné à mener des campagnes de sensibilisation, de financement d’actions ponctuelles de collectivités locales (nettoyage de plages, distribution de cendriers portables), voire une aide au nettoiement de la voirie.

Objectif : réintégrer la table des négociations

Dans un communiqué datant du 3 août 2020, le collectif explicite davantage sa démarche, en faisant de l’industrie du tabac « une filière engagée qui place la concertation au cœur de sa démarche ». En particulier, le collectif annonce vouloir préparer d’ « éventuels partenariats nationaux et locaux[1] ». Cette opération témoigne de la capacité de l’industrie du tabac à faire de chaque obstacle une opportunité de communication : alors que le principe du pollueur-payeur vise simplement à faire participer les compagnies à prendre en charge une partie des dégâts que leur activité occasionne, l’industrie du tabac, une des plus polluantes au monde, cherche à passer, aux yeux de l’opinion publique, pour une filière responsable, légitime pour participer à l’élaboration de politiques publiques. Or la Convention-Cadre de l’OMS pour la Lutte AntiTabac exclut formellement cette possibilité[2] et la législation française interdit explicitement à l’industrie du tabac ce type de partenariats.

Le filtre, un non-sens sanitaire et écologique

On peut d’autant plus douter de l’engagement de l’industrie dans l’écologie que la question des mégots apparaît comme un problème environnemental majeur, organisé par les cigarettiers eux-mêmes. Le filtre, en effet, est une invention de l’industrie du tabac, destinée à faire croire qu’il permet une réduction de la nocivité de la cigarette[3]. En réalité, il permet au fumeur de prendre de plus grandes bouffées, plus profondes et plus prolongées, augmentant la nocivité et l’addiction au tabac. Ainsi, le filtre n’ayant aucune justification sanitaire, une avancée environnementale nécessiterait sa suppression.

©Génération Sans Tabac

[1] Mégots : la Mission Mégots se prépare à la mise en place de l’éco-organisme, Le Monde du Tabac, 3 août 2020, (consulté le 25/08/2020)

[2] Convention Cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la Lutte Antitabac, Texte Intégral, Français

[3] Was tun gegen die Kippen? », Der Spiegel, 22 novembre 2019, (consulté le 25/08/2020)

Mots clés : Mégots, environnement

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 25 août 2020