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L’OMS exhorte les pays à ne pas travailler avec l’industrie du tabac

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) met en garde les pays contre les tentatives d’ingérence de l’industrie du tabac dans l’élaboration des politiques publiques de lutte contre le tabagisme et du vapotage.

Dans un communiqué publié le 3 mai 2023, l’OMS se dit préoccupée par les tentatives incessantes des industriels et des tierces parties agissant pour elle en vue d’influencer la recherche scientifique, la perception du public et des médias, l’élaboration des politiques dans le but d’assurer le développement de ses marchés des produits du tabac et de la nicotine[1].

« Il existe un conflit fondamental et irréconciliable entre les intérêts de l’industrie du tabac et ceux de la politique de santé publique », explique l’organisation onusienne. « L’OMS demande instamment à tous les États membres de s’assurer qu’ils ne s’associent pas à l’industrie du tabac ou à ses groupes de façade et qu’ils n’acceptent pas de fonds de leur part. ». L’Organisation rappelle notamment que l’industrie du tabac a nié durant des décennies le lien entre ses produits et le développement de cancers chez les fumeurs, ainsi que l’impact du tabagisme passif sur la santé des non-fumeurs.

La lutte anti-tabac, nouvel habillage des cigarettiers

Aujourd’hui, alors que les dangers du tabac sur la santé et l’environnement ne peuvent plus être contestés, l’OMS dénonce les tentatives des industriels pour promouvoir leurs nouveaux produits qu’il s’agisse du tabac chauffé, de cigarettes électroniques, ou d’autres produits à base de nicotine qui ciblent en particulier les enfants et jeunes adultes. L’OMS alerte d’autant plus les pays que les fabricants promeuvent ces produits en mettant en avant leur volonté de créer un « monde sans tabac ».

Par ce biais, les cigarettiers essaient également d’influencer sur les politiques antitabac en développant des relations avec les gouvernements et institutions de santé. Le président arménien a ainsi reçu le vice-président de Philip Morris le 18 avril 2023, avec comme but annoncé que ce dernier participe aux efforts de lutte contre le tabagisme dans le pays afin dede parvenir à un taux de tabagisme de 5% en 2040, contre 28% en 2022[2]. L’OMS insiste sur le fait que : « l’’industrie du tabac ne devrait être partenaire d’aucune initiative liée à la définition ou à la mise en œuvre de politiques de santé publique, sachant que ses intérêts sont fondamentalement inconciliables avec les objectifs de la santé publique ».

Les liens entre les lobbys de l’industrie du tabac et les décideurs politiques sont également au cœur des débats en Europe. La Médiatrice Européenne avait rappelé à l’ordre la Commission Européenne et ses membres pour leurs interactions jugées comme allant « au-delà des relations strictement nécessaires ». Le manque de transparence sur ces discussions, comme l’absence de comptes-rendus, était notamment en violation des dispositions de transparence dans les textes du traité de la Convention-cadre de Lutte Anti-Tabac (CCLAT).

Face à ces menaces d’ingérence, l’OMS rappelle que les politiques de lutte contre le tabac efficaces sont réunies dans la CCLAT que les pays ont ratifiée à quelques exceptions près. Enfin elle souligne que la mise en œuvre de ces mesures et la coopération développée entre les pays ont d’ores et déjà permis de protéger plus de 5 milliards de personnes contre les conséquences sanitaires et environnementales du tabagisme.

Mots-clés : OMS, tabac, ingérence, industrie, politique anti-tabac

©Génération Sans Tabac

HD

[1] L’OMS et les partenaires de la lutte antitabac exhortent les pays à ne pas s’associer ou travailler avec l’industrie du tabac, OMS, 3 mai 2023

[2] Le premier cigarettier mondial lutte contre le tabagisme en Arménie, Le Courrier Arménien, 21 avril 2023

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 12 mai 2023