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L’interdiction des étalages de tabac est-elle efficace ?

L’interdiction d’exposer les produits du tabac dans les points de vente dédiés est efficace du point de vue de la santé publique, puisqu’elle s’accompagne d’une augmentation des tentatives réussies d’arrêt, en particulier chez les femmes. Telles sont les conclusions d’une étude menée au Canada, dont les résultats ont été publiés dans la revue Tobacco Control.

Les chercheurs ont analysé les données des différentes enquêtes menées dans le cadre de la Tobacco Control Canada Survey entre 2004 et 2010, période pendant laquelle différentes provinces canadiennes ont mis en place des interdictions de linéaires pour les produits du tabac. L’objectif de l’étude était de déterminer s’il existait une association entre le fait de vivre dans une province ayant mis en œuvre une telle mesure, et l’évolution des comportements tabagiques[1].

Près de 50% de sevrages réussis en plus grâce à l’interdiction des étalages

Les résultats de l’étude montrent nettement que les personnes vivant dans une province ayant mis en œuvre une interdiction d’exposer les produits du tabac dans les points de vente depuis plus de deux ans avaient une probabilité plus élevée d’arrêter avec succès leur consommation, par rapport aux habitants de province n’ayant pas une telle mesure en vigueur. En effet, le taux de sevrage réussi était 1,49 fois plus élevé dans la première catégorie en comparaison avec la seconde. Pour les chercheurs, les étalages de produits du tabac dans les points de vente peuvent compliquer les tentatives d’arrêt, et accroître le risque de rechutes, en particulier pour les personnes ayant récemment arrêté leur consommation.

L’interdiction de l’étalage davantage susceptible de bénéficier à la santé des femmes

L’impact de l’interdiction d’exposition montre par ailleurs une forte variabilité selon le sexe des individus. En particulier, l’étude souligne que les femmes, dans les provinces ayant mis en place la mesure depuis deux ans ou moins, semblent plus sensibles à la suppression des étals dans leur démarche réussie de sevrage. Pour les provinces n’ayant pas mis en place d’interdiction, ou pour les provinces l’ayant appliquée depuis plus de 24 mois, les chercheurs montrent toutefois que le taux de tentatives de sevrage ne varie pas significativement entre les hommes et les femmes. De la même manière, les résultats n’indiquent pas de variations particulières en fonction du niveau de diplôme ou des niveaux de revenus des individus. Pour les auteurs de l’étude, compte tenu du fait que le tabagisme demeure un marqueur social, il est nécessaire pour les pouvoirs publics, en complémentarité de l’interdiction des étalages, de mettre en place des politiques ciblées visant à réduire l’inégalité sociale face au sevrage tabagique.

Des effets à observer sur le moyen terme

Cette étude, qui démontre l’efficacité de l’interdiction des linéaires, souligne également la nécessité d’évaluer l’efficacité des politiques de contrôle du tabac sur le moyen voire le long terme. Selon les auteurs de l’étude, il semble nécessaire d’évaluer les politiques publiques 24 mois après leur mise en œuvre, compte tenu du fait que leurs effets peuvent prendre un certain temps à se manifester, et que des fluctuations saisonnières peuvent venir parasiter la compréhension des comportements tabagiques et des dynamiques de consommation. Par ailleurs, si l’étude ne s’intéresse pas à ce sujet, d’autres recherches scientifiques ont déjà démontré l’efficacité de l’interdiction des étalages dans la prévention du tabagisme, en ce sens que l’étal constitue de fait une forme de publicité pour le tabac.

Mots-clés : Linéaires, Etalages, Sevrage, Etude

Crédit photo : ©Loïc Déquier/PHOTOPQR/SUD OUEST/MAXPPP

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Usidame B, Xie Y, Thrasher JF, et al, Differential impact of the Canadian point-of-sale tobacco display bans on quit attempts and smoking cessation outcomes by sex, income and education: longitudinal findings from the ITC Canada Survey, Tobacco Control Published Online First: 11 January 2022. doi: 10.1136/tobaccocontrol-2021-056805

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 12 janvier 2022