Actualités

masques-georgie-philip-morris-covid19

L’ingérence de l’industrie du tabac dans la santé et les médias en Géorgie

L’industrie du tabac profite de la délicate situation liée à la pandémie du COVID-19 pour essayer de redorer son image. Elle fait la promotion de ses entreprises grâce à des dons d’un montant dérisoire pour elle mais qu’elle accompagne d’une forte publicité via des opérations de relations publiques. Tel est notamment le cas dans un petit pays du Caucase : la Géorgie. Les filiales locales de PMI, BAT et JTI ont fait don d’environ 30 000 USD chacun dans un fonds spécial StopCoV et il a été promu dans plusieurs médias, également sur la page Web spéciale du gouvernement. Un représentant de BAT s’est mis en scène pour distribuer en personne des masques de protection pour 300 journalistes et 700 urgentistes.

georgie-ingerence-industrie-tabac-medias-covid19

Ce n’est pas la première fois que les cigarettiers s’efforcent de tirer parti de l’actuelle crise sanitaire pour s’offrir une bonne publicité et tenter d’améliorer leur image. Ils sont également sous le feu des projecteurs pour avoir fait don de quelques ventilateurs à des hôpitaux grecs en pleine crise de coronavirus[1]. Cette pratique n’est pas nouvelle.

Les dons (en nature ou financiers) sont en réalité un outil de marketing commun utilisé par l’industrie du tabac. Ce qui importe, c’est l’image et l’impression qui ne peut, a priori, être que positive à l’égard de ce genre de gestes. Pourtant lorsque l’on creuse au-delà du vernis, on se rend compte que ces démarches de soutien ne renvoient pas à une réalité concrète, comme l’inauguration en grande pompe de puits au Niger qui se sont avérés n’être jamais opérationnels à l’instar de décors de théâtre. Fondamentalement ces dons en Géorgie sont dérisoires au regard de la situation et visent à éviter que l’on alerte sur la responsabilité précise de cette industrie dans les drames qui surviennent. Pire elles sont essentiellement toxiques car rien n’est fait sans retour de la part des fabricants.

L’industrie du tabac a bien compris que ses « bonnes actions » se doivent d’être relayées au plus grand nombre pour restaurer son image et en tirer avantage en se rattachant à des organisations prestigieuses.

Pour cela, en Géorgie, Japan Tobacco International (JTI) apparaît désormais comme partenaire d’un prix médiatique pour les journalistes qui ont travaillé sur la responsabilité sociale des entreprises. Le concours médiatique intitulé « Journalistes pour la responsabilité sociale des entreprises 2019 », organisé par le Center for Strategic Research and Development of Georgia (CSRDG), vise à « promouvoir une couverture médiatique active et précise de la RSE ainsi que de faire connaître le concept de RSE ». Cinq journalistes géorgiens ont été honorés comme « Journalistes pour la responsabilité sociale des entreprises 2019 ». Le prix a été décerné le 18 février 2020 dans le cadre du programme CSRDG « Georgian Civil Society Sustainability Initiative ». Le programme lui-même est financé par l’Union européenne et la Fondation Konrad Adenauer (KAS).

C’est précisément pour éviter ce genre de situations qui conduisent de fait l’industrie à faire pression sur les autorités publiques pour faire prévaloir ses intérêts au détriment de l’intérêt général que ces activités de « responsabilité sociale des entreprises » sont rattachées à de la publicité et à une modalité d’interférence de l’industrie du tabac dans les politiques publiques. A ce titre, la  Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT)  les rejette avec force.

Pour en savoir plus (article en anglais)

©Génération Sans Tabac


[1] https://www.forbes.com/sites/isabeltogoh/2020/03/30/big-tobacco-criticized-for-donating-ventilators-to-greek-hospitals-amid-coronavirus-crisis/#572db13c774f

©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 8 avril 2020