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Les maladies non-transmissibles menacent les progrès en santé réalisés en Afrique ces dernières années

Un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé[1] révèle que l’espérance de vie, qui avait augmenté en Afrique, risque désormais de régresser. Les responsables de la santé s’inquiètent surtout de l’augmentation dangereuse de l’incidence du diabète, de l’hypertension et autres maladies non transmissibles. La consommation d’alcool et de tabac est en hausse sur le continent, et les systèmes de santé, déjà très sollicités, peinent à répondre à ces nouveaux besoins.

L’incidence des maladies non-transmissibles, telles que le diabète et l’hypertension augmente rapidement dans la plupart des pays subsahariens, mais ces affections sont rarement diagnostiquées ou traitées.

Des pathologies encore mal diagnostiquées et peu prises en charge

Les succès remportés dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et d’autres maladies infectieuses mortelles, ainsi que l’expansion des services essentiels, ont aidé les pays d’Afrique subsaharienne à réaliser des progrès extraordinaires en matière d’espérance de vie en bonne santé au cours des deux dernières décennies. 10 années supplémentaires d’espérance de vie de qualité ont ainsi été gagnées, soit l’amélioration la plus importante au monde, a récemment indiqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les maladies non transmissibles génèrent aujourd’hui l’occupation de la moitié des lits d’hôpitaux dans certains pays d’Afrique, comme au Kenya et plus d’un tiers des décès. 80% des décès dus à des maladies non transmissibles au Kenya sont dus à des causes évitables comme le tabac, l’alcool ou une mauvaise alimentation. Les taux sont similaires dans le reste de l’Afrique subsaharienne, et les habitants de cette région sont touchés à un âge plus jeune que ceux d’autres régions du monde.

Le dépistage systématique de maladies telles que l’hypertension artérielle est rare en Afrique, les taux de diagnostic sont faibles et les soins ne sont souvent disponibles que dans les centres spécialisés des zones urbaines. Le public et les agents de santé ne sont pas toujours sensibilisés aux symptômes liés à ces maladies.

Contrairement aux médicaments et aux soins contre le VIH, qui sont généralement gratuits et subventionnés par des donateurs internationaux, les traitements contre le diabète ou la tension artérielle sont le plus souvent à la charge des familles et coûtent très cher, explique le Dr Jean-Marie Dangou, qui coordonne le programme de lutte contre les maladies non transmissibles du bureau régional de l’OMS pour l’Afrique[2].

Une hausse de la consommation de tabac en Afrique

L’urbanisation rapide et l’augmentation des modes de vie sédentaires sont pour partie à l’origine de la progression des maladies non transmissibles. De même la consommation croissante de tabac, l’alcool et la consommation d’aliments transformés.

L’Afrique a actuellement les taux de prévalence du tabagisme les plus bas du monde. Mais le nombre de fumeurs devrait augmenter en raison de la croissance rapide de la population et des efforts de marketing intensifs déployés par l’industrie du tabac. Le nombre de fumeurs de tabac dans la région AFRO, estimé à 52 millions en 2000, est passé à 66 millions en 2015 et devrait atteindre 84 millions en 2025. Peu de pays africains mettent en œuvre de manière complète et efficace les dispositions de la Convention-Cadre de l’OMS (hausse des taxes, politiques d’interdiction de fumer ou encore restrictions sur la publicité en faveur du tabac). Une situation souvent exacerbée par une mauvaise application des textes et l’absence de contrôles.

L’Afrique subsaharienne reste une destination d’investissement attractive pour l’industrie du tabac en raison de la jeunesse de la population de la région (qui devrait doubler d’ici 2050) et du laxisme de certains gouvernements. Le Dr Asiki, chercheur au Centre africain de recherche sur la population et la santé, dénonce le lobby puissant de l’industrie du tabac sur les gouvernements africains, retardant ainsi la mise en place de politiques de santé efficaces destinées à protéger les populations[3]. Au Kenya par exemple, l’industrie du tabac fait pression sur le gouvernement en arguant que la culture du tabac permet de créer de nombreux emplois.

Un autre obstacle majeur à la mise en œuvre d’une politique de santé efficace dans la plupart des pays africains est l’investissement limité du gouvernement dans la lutte antitabac. Les budgets de santé demeurent restreints dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne.

Mots-clés : Afrique, maladies non-transmissibles, Afrique subsaharienne, tabac, alcool, diabète, hypertension, lobby

©Génération Sans Tabac

AE

[1] Tracking Universal Health Coverage in the WHO African Region, 2022. Brazzaville: WHO Regional Office for Africa; 2022. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

[2] Stéphanie Nolen, African Countries Made Huge Gains in Life Expectancy. Now That Could Be Erased, The New-York Times, publié le 9 mars 2023, consulté le 20 mars 2023

[3] Ibid

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 23 mars 2023