Actualités

Les hausses de taxes sur le tabac réduisent la mortalité infantile

L’augmentation des taxes sur les produits du tabac pourrait permettre une forte réduction de la mortalité néonatale et infantile dans le monde, comme le suggère une étude publiée dans le British Medical Journal. Pour les auteurs, la mise en place d’une politique fiscale dans les pays à faibles et moyens niveaux de revenus doit être considérée comme prioritaire, puisque ces régions se caractérisent par une forte accessibilité des produits du tabac, ainsi que par une mortalité néonatale et infantile plus élevée.

Les auteurs de l’étude se sont penchés sur les données de 159 pays, en considérant deux paramètres : les niveaux de taxation sur les produits du tabac entre 2008 et 2018, et les chiffres sur la mortalité néonatale et infantile entre 2009 et 2019, c’est-à-dire la mortalité survenant dans les 28 premiers jours après la naissance, ou dans la première année de vie. Les résultats ont été ajustés en tenant compte de variables cachées, comme le niveau de dépenses de santé par habitant, le pourcentage de la population rurale dans le pays, le niveau d’accès à l’eau potable, le pourcentage de scolarisation des femmes, etc[1].

Taxation : un niveau minimal recommandé par l’OMS

La littérature scientifique identifie les hausses de taxes régulières et significatives comme l’outil le plus efficace et le plus rentable pour faire diminuer la consommation de tabac. Pour cette raison, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) invite les pays à mettre en place une politique fiscale dissuasive sur les produits du tabac. L’OMS recommande en particulier une fiscalité minimale, où 75% du prix d’un paquet de tabac doit être composé de taxes. Un rapport publié en 2019 montrait que seulement 14% de la population mondiale vit dans un pays où cette mesure est effectivement mise en place.

Des situations très inégales dans le monde

Entre 2008 et 2018, le taux moyen de mortalité néonatale était de 14,4 pour 1000 naissances, tandis que le taux moyen de mortalité infantile était de 24,9. Derrière ces chiffres se cachent toutefois de grandes disparités : dans les pays à hauts niveaux de revenus, ces taux étaient respectivement de 3,7 et 5,6 pour 1000 naissances, contre 19 et 33,2 dans les pays à moyens et faibles niveaux de revenus. Dans le même temps, la taxe moyenne sur les produits du tabac entre 2008 et 2018 correspondait en moyenne à 49,1% du prix du paquet de tabac, soit bien en deçà des recommandations de l’OMS. Là encore, on observe une forte disparité entre les pays. Dans les pays à hauts niveaux de revenus, le prix du paquet de tabac est en moyenne composé de 63,8% de taxes, tandis que cette proportion tombe à 42,7% pour les pays à moyens et faibles niveaux de revenus. Au total, seuls 11,2% d’entre eux ont atteint le niveau de taxation recommandé, contre plus de 40% pour les pays à hauts niveau de revenus.

Les hausses de taxes sont un outil efficace pour réduire la mortalité infantile

L’étude montre que les niveaux de taxation sur les cigarettes étaient inversement associés à la mortalité néonatale et infantile. Concrètement, les résultats soulignent qu’après ajustement, une augmentation de 10 points de la taxation sur le prix au détail se traduit par une diminution de 2,6% de la mortalité néonatale, et une diminution de 1,9% de la mortalité infantile. Ainsi, en 2018, une telle augmentation à l’échelle mondiale aurait pu éviter près de 78 000 décès néonatals, et plus de 64 000 décès infantiles. Selon les chercheurs, si l’ensemble des pays alignaient leur politique fiscale sur le tabac aux recommandations de l’OMS, plus de 400 000 décès néonatals et infantiles auraient pu être évités en 2018.

Mots-clés : BMJ, étude, fiscalité, mortalité infantile, mortalité néonatale

Credit photo : ©Pierre HECKLER / PHOTOPQR/LE REPUBLICAIN LORRAIN/MAXPPP

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Radó MK, Laverty AA, Hone T, Chang K, Jawad M, Millett C, et al. (2022) Cigarette taxation and neonatal and infant mortality: A longitudinal analysis of 159 countries. PLOS Glob Public Health 2(3): e0000042. https://doi.org/10.1371/journal.pgph.0000042

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 22 mars 2022