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Les arômes sont des vecteurs d’entrée dans les produits de la nicotine, tabac comme vapotage

L’expansion des ventes de JUUL a coïncidé avec une expansion des ventes d’arômes de fruits jusqu’en octobre 2018. Après une baisse des ventes suite aux retraits des produits aromatisés des magasins (mais toujours en vente sur internet), les ventes de JUUL se sont redressées en quelques semaines pour atteindre leur point culminant grâce à un transfert de consommation vers les arômes menthol / menthe et tabac qui restaient en rayon.

Le pourcentage des ventes de ces arômes fruités (pour ces produits encore vendus sur Internet) est tombé de 33% à 9,1%[1] des revenus globaux de l’entreprise entre novembre 2018 et avril 2019, les produits aux arômes de menthe et de menthol ont dans le même temps presque doublés passant de de 33% à 62,5%. De même, la saveur « tabac » a progressé passant de 16,6% à 22,3%.

A la suite des enquêtes concernant les pods aromatisés, il a été établi que les saveurs fruitées incitent les jeunes à s’initier au vapotage. En réponse à cette critique, Juul a annoncé, en janvier 2020[2],  que la société cesserait de vendre les pods aromatisés aux distributeurs canadiens, soit près de deux ans après les avoir retirées des magasins aux États-Unis.

Mais une nouvelle étude[3], menée par des chercheurs de l’American Cancer Society, suggère que supprimer ces saveurs sucrées n’est probablement pas suffisant pour dissuader les jeunes de vapoter.

« Ils –Juul- ont laissé des produits aux saveurs de menthe, de menthol et de tabac dans les rayons, et ils ont continué à vendre des saveurs comme la mangue, la crème brûlée, le concombre et le mélange de fruits sur Internet », explique Alex Liber, responsable scientifique des recherches sur les politiques économiques et sanitaires de l’American Cancer Society.

Les produits aromatisés et mentholés plaisent aux enfants, adolescents et aux jeunes adultes. Des études montrent que les saveurs jouent un rôle majeur dans l’initiation et la consommation des produits du tabac et du vapotage chez les jeunes. Bien qu’il y ait eu des progrès significatifs dans la réduction à l’initiation des produits contenant de la nicotine chez les jeunes au cours des dernières années, la consommation globale de ces produits reste élevée en raison de la popularité des produits aromatisés. 6,2 millions de collégiens et de lycéens aux USA ont déclaré une consommation actuelle de produits contenant de la nicotine (tabac et vape) en 2019, dont 4,3 millions de consommateurs de produits aromatisés :

  • 81% des jeunes qui ont déjà utilisé ce genre de produits ont commencé avec un produit aromatisé[4].
  • 72,3% des jeunes consommateurs ont utilisé un produit aromatisé au cours du dernier mois[5].

Les documents de l’industrie montrent que les fabricants de tabac ont conçu depuis longtemps une stratégie de développement et de commercialisation des produits aromatisé comme des produits d’appel, « de démarrage » qui attirent les enfants. Pour les produits du tabac, les saveurs masquent l’âcreté de la fumée. Elles confèrent un goût rendant le produit plus attrayant en renvoyant à des univers comme la confiserie. Ceci facilite grandement l’entrée dans la consommation de ces produits et les jeunes qui s’y initient tombent rapidement dans la dépendance. Par ailleurs, certains arômes ont des caractéristiques particulières. Ainsi le menthol donne une sensation de fraîcheur et « engourdit » la gorge, réduisant le côté âpre de la fumée de cigarette[6][7]. Le menthol et la menthe peuvent donner la fausse impression qu’un produit du tabac est moins nocif qu’il ne l’est réellement[8].

En Europe, en vertu de la directive tabac européenne de 2014, laquelle a interdit les « arômes attractifs » dans les cigarettes et les tabacs à rouler, l’interdiction du menthol entrera en vigueur à compter du 20 mai prochain. Il est cependant à craindre que cette disposition qui ne s’applique qu’à ces seuls produits soit contournée par une stratégie agressive de transfert de consommation vers de nouveaux produits[9].

©Génération Sans Tabac


[1] https://edition.cnn.com/2020/04/16/health/juuls-minty-vape-products-surge/index.html

[2] https://www.cbc.ca/news/politics/juul-canada-flavoured-vaping-pods-1.5426832

[3] Alex Liber, Zachary Cahn, Aidan Larsen, Jeffrey Drope, “Flavored E-Cigarette Sales in the United States Under Self-Regulation From January 2015 Through October 2019”, American Journal of Public Health , no.  (): pp. e1-e3.https://doi.org/10.2105/AJPH.2020.305667

[4] Ambrose, BK, et al., “Flavored Tobacco Product Use Among US Youth Aged 12-17 Years, 2013-2014,” Journal of the American Medical Association, published online October 26, 2015.

[5] Rose, S, et al., Flavour types used by youth and adult tobacco users in wave 2 of the Population Assessment of Tobacco and Health (PATH) Study 2015-2015,” Tobacco Control, published online September 21, 2019. Additional national data from the 2018 National Youth Tobacco Survey (NYTS) found that 64.1% of current middle and high school tobacco users had used a flavored tobacco product in the past month. Cullen, KA, et al., “Flavored Tobacco Product Use Among Middle and High School Students—United States, 2014-2018,” MMWR, 68(39): 839-844, October 4, 2019, https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/68/wr/pdfs/mm6839a2-H.pdf

[6] See e.g., Marketing Innovations, “Youth Cigarette – New Concepts,” Memo to Brown & Williamson, September 1972, Bates No. 170042014; R.J. Reynolds Tobacco Company, “Conference report #23,” June 5, 1974, Bates No. 500254578-4580; R.J. Reynolds Inter-office Memorandum, May 9, 1974, Bates No. 511244297-4298.

[7] 4 FDA, Preliminary Scientific Evaluation of the Possible Public Health Effects of Menthol versus Nonmenthol Cigarettes, 2013

[8] Huang, L.-L., et al., “Impact of Non-menthol Flavours in Tobacco Products on Perceptions and Use Among Youth, Young Adults and Adults: A Systematic Review,” Tobacco Control, 26(6):709-719, 2017

[9] https://www.generationsanstabac.org/actualites/pression-du-cigarettier-philip-morris-pour-developper-son-tabac-chauffe/

 

©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 23 avril 2020