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Le tabagisme des sans domicile fixe, une population de fumeurs délaissée

Selon une étude parue en décembre 2016[1], on estime qu’aux Etats-Unis, au moins 70% des personnes sans domicile fixe (SDF) fument, soit quatre fois plus que la moyenne nationale, et deux fois et demie plus que la population défavorisée.

Si les effets du tabagisme sont en décalage avec la situation d’urgence quotidienne  vécue par ces personnes, les conséquences de la consommation de tabac restent pourtant un  enjeu prioritaire pour cette population. Ainsi le tabagisme est l’un des premiers facteurs de maladie et de décès des personnes sans domicile fixe et aggrave des pathologies fréquemment rencontrées chez ces personnes : hépatite C, tuberculose, infection par le VIH, diabète.

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les SDF, qui ont par ailleurs deux fois plus de risques de souffrir de maladies pulmonaires obstructives que le reste de la population. Ainsi, le tabagisme contribue à faire en sorte que les personnes  SDF ont au moins trois fois plus de risques de mourir prématurément par rapport à  la population générale.

L’inégalité sociale dans le tabagisme se double d’une inégalité dans l’arrêt de la consommation de tabac. Le manque d’information sur les différents risques, le peu de projection sur le long-terme, les conditions de survie stressantes, la banalisation de l’usage de cette drogue, le manque de suivi médical et social sont autant de raisons qui expliquent les difficultés rencontrées par les SDF pour arrêter le tabac.

La population SDF compte en effet entre 20% et 30% de personnes souffrant de maladies mentales graves et 30% à 50% souffrent d’une co-addiction. Ces maladies, très souvent associées à la consommation de tabac réduisent les tentatives d’arrêt et constituent des facteurs de rechute.  A cela s’ajoute la résignation des professionnels de santé face au tabagisme des SDF et des difficultés à comprendre les comportements défavorables à la santé de ces personnes et en dernière place, leur tabagisme.

Pourtant, face à ce constat, des options pourraient être proposées comme par exemple :

  • La fourniture de documentation, en même temps que la nourriture car les SDF voudraient majoritairement arrêter de fumer;
  • L’ouverture de centres spécialisés et gratuits, essentiels au suivi des SDF pour une variété de services : coiffeur, dépistage du VIH, services dentaires gratuits, liste des hébergements potentiels, aide à l’arrêt du tabac ;
  • La fourniture de repas gratuits dans les espaces publics où des aides à l’arrêt du tabac pourraient être proposées en même temps que des services de santé gratuits ;
  • Une politique de logement adaptée, avec essentiellement des espaces sans tabac et des espaces fumeurs restreints.

Les expériences américaines relatées montrent que des services au plus près de cette population peuvent permettre un début de prise en charge pour accrocher aux soins tabacologiques.

©Génération Sans Tabac


Source :

Fig.1 : https://pixabay.com/fr/photos/sans-abri-matelas-fume-assis-2527051/

[1] https://www.publichealthlawcenter.org/sites/default/files/resources/tclc-homeless-tobacco-FAQ-2016.pdf

| ©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 7 janvier 2020