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Le tabac sans fumée, « un fardeau mondial » selon une nouvelle étude

Le tabac sans fumée constitue une menace majeure pour la santé publique, réaffirment les chercheurs de l’Université de York. Sa consommation doit être régulée par les gouvernements et autorités de santé publiques, à travers la bonne application de la Convention-Cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, poursuivent-ils.

En août 2015, six chercheurs de l’Université de York, au Royaume-Uni, présentaient les premières estimations de la charge de morbidité liée à la consommation de tabac sans fumée[1]. En 2020, après actualisation des résultats par ces mêmes chercheurs, force est de constater que la situation mondiale s’est aggravée et que le besoin de régulation et de prévention devient nécessaire.

Interdit dans l’Union Européenne, répandu dans le monde

Qu’ils soient à mâcher, à chiquer ou à sniffer, les produits de tabac sans fumée sont consommés sur tous les continents habités par l’Homme. L’étude intitulée « Charge mondiale de la morbidité due à la consommation de tabac sans fumée chez les adultes : une analyse actualisée des données de 127 pays », publiée mercredi 12 août dans le journal BMC Medicine[2], fait état d’une consommation globalisée et présente dans toutes les tranches d’âge (à partir de 15 ans).

Dans 95 des 127 pays où les produits du tabac sans fumée sont consommés, c’est une consommation masculine qui prévaut. La consommation féminine, quant à elle, arrive en tête en Mauritanie où le taux s’élève à 28.3%.

En Europe, c’est le snus qui est principalement consommé en Suède et en Norvège avec des taux respectifs de 25% et 20,1% chez les hommes ainsi que 7% et 6%, chez les femmes. Pour mémoire, le snus est interdit au sein de l’Union européenne.

Sans fumée, mais tout de même dangereux pour la santé

Afin d’estimer la charge de morbidité liée aux produits du tabac sans fumée, les chercheurs de l’Université de York ont utilisé la même méthodologie que dans l’étude publiée en 2015. Ils ont en effet couplé l’analyse des enquêtes nationales relatives aux habitudes de consommation tabagiques, à la littérature scientifique disponible sur les effets sur la santé des produits du tabac sans fumée.

En 2015, ces chercheurs soulevaient les liens existants entre ces produits du tabac et les risques de cancers de la cavité buccale, du pharynx et de l’œsophage ainsi que les maladies cardiaques et risques d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Depuis 2014, la littérature scientifique s’est étoffée avec de nouvelles études portant notamment sur les cancers de la cavité buccales, les maladies cardiaques et AVC. Celles-ci ont été prises en compte dans l’actualisation de l’estimation.

La charge de morbidité liée à la consommation de produits du tabac a été estimée en termes de vie écourtées et d’années de vie corrigées du facteur invalidité. Ainsi, le tabac sans fumée ôte 90 791 vies et en réduit 2 556 810, en raison de cancers de la cavité buccale, du pharynx et de l’œsophage. Il en ôte 258 006 et en réduit 6 135 017 en raison des maladies cardiaques.

Géographiquement, plus de 85% de cette charge se concentre dans la région d’Asie du Sud et du Sud-Est. L’Inde, le Pakistan et le Bangladesh sont les pays les plus concernés[3].

Un problème globalisé qui s’exprime dans la diversité

Constatant, d’une part, leur nocivité pour la santé et, d’autre part, le fait que 300 millions de personnes en consomment, les produits du tabac sans fumée représentent un problème global de santé publique. En outre, il s’agit là d’un problème qui s’est aggravé entre 2015 et 2020. Le besoin de prévenir les risques pour la santé et de réguler la consommation de ces produits est donc patent.

Or, les mesures prises pour lutter contre cette charge de morbidité restent encore loin derrière celles prises pour la réduction de la consommation de cigarettes. Qui plus est, l’appellation « produit du tabac sans fumée » se réfère à une multitude de produits. Cette diversité due aux méthodes de préparation, aux compositions et aux risques pour la santé s’avère, dans les faits, problématique pour élaborer des politiques de prévention et de contrôle.

Néanmoins, les chercheurs rappellent que ces produits sans fumée se rejoignent tous sur un même point : ce sont des produits du tabac. Par conséquent, ils sont couverts par la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) et une application uniforme des articles de la CCLAT pour tous les produits du tabac devrait permettre de développer des politiques de contrôle et de prévention en faveur de la réduction de la consommation de produits du tabac sans fumée.

©Génération Sans Tabac


[1] Siddiqi K, Shah S, Abbas SM, et al., Global burden of disease due to smokeless tobacco consumption in adults: analysis of data from 113 countries, BMC Med. 2015 ; 13 : 194 (Published 2015 Aug 17. https://doi:10.1186/s12916-015-0424-2 – consulté le 17 août 2020).

[2] Siddiqi, K., Husain, S., Vidyasagaran, A. et al., Global burden of disease due to smokeless tobacco consumption in adults: an updated analysis of data from 127 countries, BMC Med 18, 222 (2020). https://doi.org/10.1186/s12916-020-01677-9 (consulté le 17 août 2020).

[3] University of York, Global deaths due to smokeless tobacco are up by a third, according to new study, www.scienceDaily.com (13 août 2020 – consulté le 17 août 2020).

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Publié le 18 août 2020