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Le Ghana développe sa lutte antitabac en incluant la société civile

Une responsable de la Food and Drugs Authority (FDA du Ghana) lance une alerte sur les risques de la chicha et invite différentes composantes de la société civile à rejoindre la lutte contre le tabagisme.

Les régions du Nord du Ghana étant celles qui connaissent la plus importante prévalence tabagique, c’est de la ville de Bolgatanga que le Dr Olivia Agyekumwaa Boateng, responsable du département Tabac et abus de substances au sein de la Food and Drugs Authority (FDA du Ghana), a choisi de s’exprimer pour présenter les nouvelles mesures contre le tabagisme[1].

Une alerte sur l’usage de la chicha

Elaboré en partenariat avec le point focal de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le plan d’action comprend la finalisation de la mise en place des avertissements sanitaires sur les produits du tabac, des programmes publics de prévention du tabagisme et la prochaine ratification par le Ghana du Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits de tabac.

Le Dr Boateng a notamment incité à abandonner l’usage de la chicha, dans une région où cette pratique tabagique est très populaire chez les jeunes. « Nous avons engagé des actions de prévention vigoureuses pour que les gens sachent qu’il n’y a pas de formes moins dangereuses [de tabagisme] », a-t-elle déclaré, en réprouvant l’idée reçue selon laquelle la fumée des chichas serait moins nocive que celle des cigarettes.

Le Dr Boateng a précisé que le snuff (poudre à priser) et les formes orales des produits de la nicotine (pochettes et lozanges de nicotine), très appréciées sur le continent africain, contiennent eux aussi des substances addictives et toxiques, et ne peuvent être considérés comme des produits « sans risques ». Elle a par ailleurs rappelé que sur les 1,3 milliards de fumeurs sur terre, 80% vivent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où les coûts des maladies liées au tabagisme sont encore plus lourds à assumer.

L’intégration des composantes de la société civile

Afin de combattre le tabagisme passif et d’instituer un espace public sans tabac, le Dr Boateng a aussi appelé à « renforcer le cadre légal de la lutte antitabac à travers une approche multi-sectorielle opérant à tous les niveaux régionaux »[2]. « Nous pensons que l’approche devrait être celle des solutions adaptées au contexte local. Chaque région à ses particularités en matière de lutte contre le tabagisme, et nous pensons que d’autres acteurs peuvent s’y prendre aussi bien que nous le faisons », a-t-elle ajouté.

Différents acteurs de la société civile, tels le Ghana Health Service, la Ghana Journalists Association et la Ghana Tourism Authority, mais aussi les autorités religieuses et les chefferies locales traditionnelles, ont ainsi été rencontrés et conviés à s’associer à la lutte antitabac. Leur rôle serait d’encourager les Ghanéens à se détourner du tabagisme et à éviter toute initiation au tabac, tout en aidant à appliquer les interdictions de fumer dans les lieux publics.

Un pays africain impliqué dans la lutte antitabac

Pays anglophone de l’Afrique Occidentale, le Ghana est l’un des cinq premiers pays africains à avoir ratifié la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) de l’OMS, dès 2004[3]. Il est aussi membre de l’African Tobacco Control Alliance (ATCA), qui le pousse à consolider sa législation afin d’éviter toute interférence de l’industrie du tabac, tout particulièrement à l’approche de la ratification par le Ghana du Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits de tabac [4].

La production de tabac ne représente que 0,04% de la surface agricole et reste très réduite depuis que British American Tobacco (BAT) a délocalisé sa production au Nigéria en décembre 2006. BAT reste néanmoins de loin le premier importateur de tabac dans le pays, à hauteur de 87%. Bien que la prévalence tabagique reste relativement faible (environ 5% au total, essentiellement chez les hommes chez qui elle atteint 10% en moyenne, et jusqu’à 31% dans les régions du Nord), le Ghana paye un lourd tribut au tabac en termes de mortalité et de morbidité, dont le pic est attendu vers 2030[5].

Mots-clés : Ghana, chicha, société civile, OMS, pays à revenu faible ou intermédiaire

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Shisha isn’t alternative for cigarette, stop using it — FDA, Modern Ghana, publié le 10 novembre 2021, consulté le 16 novembre 2021.

[2] 75 men die weekly through smoking, News Ghana, publié le 11 novembre 2021, consulté le 16 novembre 2021.

[3] Ghana-Country Profile, Tobacco Tactics, publié le 8 juin 2020, consulté le 16 novembre 2021.

[4] Ghana must not falter in fight against illegal tobacco trade, ATCA, publié le 24 septembre 2021, consulté le 16 novembre 2021.

[5] Yire I, One in five cigarettes in Ghana is illicit – KNUST researcher, Ghana News Agency, publié le 2 septembre 2021, consulté le 16 novembre 2021.

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 18 novembre 2021