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Le CNCT dévoile un ensemble de mesures fortes pour parvenir à une génération sans tabac

Dans un livre blanc[1] publié le 2 mai, réalisé avec le soutien financier de l’ACT-Alliance contre le tabac et le Fonds de lutte contre les addictions, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) propose un ensemble de mesures programmatiques pour parvenir à une génération sans tabac en France d’ici 2032.  Le prochain Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) sur la période 2023 à 2027 devrait s’appuyer sur ce rapport.  

L’objectif d’une génération sans tabac est en phase avec la volonté des pouvoirs publics de réduire fortement et durablement la prévalence tabagique afin de parvenir à un taux de fumeurs inférieur à 5% à partir de la génération des jeunes ayant 18 ans en 2032.

Protéger la jeune génération

Dans ses mesures, le CNCT appelle à relever l’âge légal de vente des produits du tabac à 21 ans, comme c’est le cas aux États-Unis ou à Singapour. D’autre part, l’interdiction de vente de tout produit du tabac aux personnes nées à partir de 2014 s’inscrit dans le prolongement de cette mesure. Cette dernière disposition a récemment été adoptée en Nouvelle-Zélande, où toute personne née après 2007 ne pourra pas acheter du tabac.

Pour le CNCT, le tabagisme doit être considéré comme une épidémie pédiatrique. En effet, en France, 200 000 jeunes tombent chaque année dans le tabagisme. Bien qu’il ait reculé, l’âge de la première cigarette demeure très précoce et se situe autour de 14 ans. Le ciblage de l’industrie du tabac qui concentre ses activités marketing à l’égard des jeunes pour assurer le renouvellement de ses consommateurs explique dans une large mesure ces données.

Sortir le tabac de l’économie

Pour être en accord avec les objectifs du développement durable (ODD) et dénormaliser le tabac et son industrie dans la société, le CNCT invite l’ensemble des acteurs économiques, en particulier ceux de la banque, de la finance et de l’assurance à se désengager du secteur du tabac et de la nicotine. Récemment, le CNCT s’était félicité de l’exclusion sectorielle de l’industrie du tabac du Label Investissement socialement responsable (ISR)[2]. Les activités de l’industrie du tabac sont incompatibles avec les activités socialement responsables : outre l’aspect sanitaire majeur avec 8 millions de décès prématurés évitables dans le monde, l’industrie du tabac est une menace pour l’environnement puisqu’elle est, entre autres, à l’origine de 5% de la déforestation mondiale.

Le CNCT plaide également pour une révision du modèle de rémunération des buralistes afin de plafonner ces revenus et dissuader les buralistes, comme c’est le cas aujourd’hui, de vendre toujours plus, leurs revenus étant proportionnels à la vente des produits du tabac. Cette logique de profitabilité n’est pas étrangère à la faible application de l’interdiction de vente des produits du tabac aux mineurs par les débitants. Dans une enquête publiée en mars 2022[3], le CNCT dévoilait que deux tiers des buralistes en France vendent du tabac à des mineurs, bien que ce soit interdit depuis près de 20 ans. Pour l’association, cette accessibilité au tabac facilite l’entrée des jeunes dans le tabagisme.

Le CNCT rappelle que les buralistes ont été et sont encore massivement aidés par la collectivité qui subventionne depuis des années la diversification de leurs activités et leur assurer une reconversion.

Réduire l’attractivité du tabac et protéger l’environnement en interdisant le filtre

Le CNCT appelle les pouvoirs publics à envisager le plus rapidement possible l’interdiction du filtre, qui ne réduit en rien les risques sanitaires pour le fumeur et qui est une source majeure de pollution à l’échelle planétaire.  4 500 milliards de mégots de cigarettes sont ainsi jetés au sol chaque année, polluant durablement terres, océans et rivières.

De plus, les filtres contribuent à faciliter l’initiation au tabagisme car ils réduisent l’âcreté de la fumée et empêchent le dépôt de brins dans la bouche jugés désagréables par les consommateurs.

L’interdiction du filtre est une mesure en cours de discussion au niveau international et est au cœur des négociations du traité international sur le plastique[4].

Avoir des politiques fiscales fortes et répétées

Le Comité rappelle également la nécessité de relancer une politique fiscale ambitieuse et cohérente pour l’ensemble des produits du tabac et de la nicotine. Une hausse continue des taxes à hauteur de 10% par an est le prérequis pour une politique de lutte contre le tabagisme réussie, notamment auprès des jeunes et des catégories populaires, premières victimes de l’épidémie tabagique. Le tabagisme quotidien des populations dites précaires s’est encore aggravé au cours de ces dernières années avec une hausse de 3,5 points et une prévalence passant à 33,3% en 2021.

L’association préconise également la création d’une catégorie fiscale spécifique pour les produits de la nicotine non pharmaceutique (produits du vapotage, sachets de nicotine, etc).

Mots-clés : CNCT, Livre blanc, génération sans tabac, France, 2032, politique antitabac, tabagisme

©Génération Sans Tabac

AE

[1] Communiqué de presse, Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) propose des mesures fortes pour parvenir à une génération sans tabac d’ici 2032, publié le 2 mai 2023, consulté le 4 mai 2023

[2] Communiqué de presse, Le CNCT salue l’exclusion du tabac du Label Investissement Socialement Responsable (ISR), publié le 18 avril 2023, consulté le 4 mai 2023

[3] Communiqué de presse, Deux tiers des buralistes vendent du tabac aux mineurs en France, un constat accablant, publié le 10 mars 2022, consulté le 4 mai 2023

[4] Génération sans tabac, Les filtres de cigarettes, enjeu de poids du traité sur la pollution plastique, publié le 18 avril 2023, consulté le 4 mai 2023

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 9 mai 2023