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Le Cambodge s’attaque à la vente en ligne des cigarettes électroniques et du tabac chauffé

Au Cambodge, une importante offensive gouvernementale a permis de contrer en partie la vente en ligne et la distribution des cigarettes électroniques et du tabac chauffé, mais peine à restreindre la publicité pour ces produits. 

L’importation et la vente des cigarettes électroniques sont interdites au Cambodge depuis 2014. L’importation et la commercialisation de dispositifs de tabac chauffé ont quant à elles été interdites en mars 2021[1]. Malgré ces dispositions, ces types de produits étaient promus et proposés à la vente sur les principaux réseaux sociaux, notamment Facebook, TikTok et Instagram. Les autorités cambodgiennes ont donc lancé, depuis le 26 juin dernier, plusieurs vagues de saisies des matériels proposés à la vente.

Offensive des autorités contre les réseaux sociaux

Ces opérations de police, conduites par les brigades anti-drogue, ont conduit à l’arrestation d’une soixantaine de personnes et à la saisie de plusieurs milliers d’appareils (cigarettes électroniques, cigarettes électroniques jetables, chicha électronique, recharges, chargeurs)[2]. De vastes opérations de contrôle ont également été déployées dans les établissements scolaires privés comme publics, avec fouille des sacs des élèves et séances de prévention sur les dangers du vapotage et du tabac chauffé[3].

Les acteurs de l’organisation non-gouvernementale Cambodia Movement for Health (CMH) ont cependant pu établir que cette importante opération n’a eu qu’un effet temporaire ; les ventes de ces dispositifs électroniques ont progressivement repris à mesure que s’éloignaient les opérations de police, mais de façon plus discrète, par exemple en faisant de la publicité sur Facebook et en organisant les ventes via le réseau Telegram[4]. Le CMH a par ailleurs constaté que la publicité pour ces dispositifs était toujours active mais restait plus prudente, et que de nombreux comptes des réseaux sociaux ont préféré cesser la vente de ces produits.

Au terme d’un atelier organisé le 16 août dernier par les brigades anti-drogue, le département de cybercriminalité et d’autres institutions concernées, la National Authority for Combating Drugs (NACD) a réaffirmé son intention de poursuivre les actions engagées en localisant les points de distribution et de publicité, et en sommant les personnes impliquées de cesser leurs activités. Dans la plupart des cas, les contrevenants n’ont subi qu’un rappel à la loi, avec signature d’un contrat leur intimant de ne plus recommencer.

Des produits perçus comme dangereux pour la santé

En phase sur le sujet avec les autorités, le Dr Mom Kong, directeur du CMH, s’est alarmé de la rapide croissance de l’usage de ces dispositifs électroniques parmi les jeunes. Il a souligné que les cigarettes électroniques et les produits de tabac chauffé étaient addictifs et néfastes, en particulier pour les plus jeunes. Le Ministère de la Santé a quant lui mis en avant les complications et les pathologies susceptibles d’être provoquées à long terme par les cigarettes électroniques, en particulier sur le cerveau (anxiété, développement du cerveau, troubles de la mémoire et de l’apprentissage), les poumons et le cœur. Il considère également qu’elles pourraient conduire les jeunes à devenir des fumeurs réguliers de tabac, voire des usagers de drogues illicites.

Ces positions sont partagées par les nombreux pays qui ont déjà interdit les cigarettes électroniques et relaient en grande partie celle de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Au Cambodge, l’affirmation selon laquelle les cigarettes électroniques pourraient être des aides au sevrage tabagique est considérée comme exagérée et mensongère. Elle est par ailleurs contraire aux dispositions adoptées dans le pays relatives à la présentation de ces produits.

La volonté d’appliquer la loi

La promotion, la publicité et la vente en ligne de produits du tabac et autres produits de la nicotine sont des activités auxquelles sont confrontés tous les pays. Lorsqu’elles sont interdites dans certains pays, ceux-ci ont des difficultés à réguler ce marché parallèle en ligne, en particulier lorsque les sites ou les comptes des réseaux sociaux sont basés à l’étranger.

L’exemple cambodgien montre toutefois qu’un état souhaitant se donner les moyens d’appliquer les lois qu’il édicte peut prendre des mesures fortes pour contrer ce commerce, malgré les limites de cet exercice. Comme pour la répression de toute activité illégale, il n’est jamais assuré qu’une loi puisse être pleinement appliquée, mais il reste du ressort de chaque état de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour la faire respecter.

Mots-clés : Cambodge, cigarette électronique, tabac chauffé, réseaux sociaux, vente en ligne, publicité

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Interdiction du tabac chauffé au Cambodge, Génération Sans Tabac, publié le 24 mars 2022, consulté le 24 août 2022.

[2] Bunthoeurn O, Sixty detained, warned over sales of ‘vapes’ or e-cigarettes, The Phnom Penh News, publié le 23 août 2022, consulté le 24 août 2022.

[3] Dara V, Government’s crackdown on vapes grows in scope, strength, The Phnom Penh News, publié le 7 juillet 2022, consulté le 24 août 2022.

[4] Kimmarita L, Vape advertising continues ‘cautiously’ after crackdown, The Phnom Penh News, publié le 17 août 2022, consulté le 24 août 2022.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 26 août 2022