Actualités

L’Australie invitée à taxer l’industrie pour lutter contre les mégots

Un article paru dans The Conversation, basé sur un récent rapport publié par World Wildlife Fund for Nature Australia (WWF), appelle les pouvoirs publics australiens à se saisir de la question de la gestion des mégots et des filtres de cigarettes. En particulier, l’auteur invite à en faire porter la charge par l’industrie du tabac, responsable de la production de ces déchets hautement toxiques.

La question des déchets de filtres de cigarettes et des mégots revêt un fort enjeu environnemental et économique. Les 8,9 milliards de mégots jetés annuellement en Australie sont une source majeure de pollution. On estime que la collecte et le traitement de ces déchets coûtent aux pouvoirs publics plus de 46 millions d’euros par an[1].

Programme volontaire et programme contraignant

En mars 2021, le National Plastics Plan, élaboré par le gouvernement fédéral australien, engageait les pouvoirs publics à mettre en place un groupe de travail visant à réduire les mégots de cigarettes. D’autres programmes de gestion des déchets existent déjà en Australie, et peuvent être de natures différentes. D’une part, ceux-ci peuvent être gérés selon un programme volontaire, à l’instar de l’Australian Packaging Covenant, fixant des objectifs de réduction de déchets, sans inscrire ces derniers dans la loi. D’autre part, les programmes peuvent être contraignants : ainsi, les fabricants australiens de téléviseurs ou d’ordinateurs sont contraints par la loi de supporter une partie des coûts de recyclage de ces produits, à travers l’instauration d’une taxe dédiée.

La gestion des mégots, un levier d’influence pour l’industrie du tabac

En l’occurrence, le National Plastics Plan prévoit un programme volontaire de gestion des mégots de cigarettes. Selon l’article, ce mode de gestion, basé sur un programme volontaire, est toutefois inefficace. En effet, la mise en place d’un système volontaire conduit systématiquement l’industrie du tabac à mettre en place des campagnes de sensibilisation à destination du grand public, à fournir des cendriers de ville ou individuels, et à financer des groupes anti-déchet. Or, les recherches menées sur le sujet montrent que la multiplication des cendriers s’inscrit dans une logique de renormalisation du tabagisme, contraire aux objectifs de santé publique. Par ailleurs, les campagnes menées par l’industrie du tabac tendent à faire supporter l’entière responsabilité des déchets sur le consommateur, alors que les mégots et les filtres sont d’abord le fait des cigarettiers. Enfin, ces programmes de gestion volontaire sont régulièrement instrumentalisés par l’industrie pour mener des actions de responsabilité sociale, et engager des relations partenariales avec les pouvoirs publics, bien que la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (CCLAT) interdise ces pratiques.

Taxer les fabricants pour supporter la collecte et le traitement des mégots

Pour évaluer l’opportunité des pistes envisageables pour répondre à ce problème économique et environnemental, l’étude menée par WWF en Australie s’est penchée sur quatre scénarii : maintenir le statu quo, engager un programme de gestion volontaire par l’industrie du tabac, interdire les filtres en plastique, ou mettre en place un programme de gestion contraignant, dirigé par le gouvernement fédéral australien. Selon le rapport de WWF, l’interdiction des filtres en plastique et l’instauration d’un système de gestion contraignant seraient les deux options les plus bénéfiques, notamment en matière de préservation environnementale. En parallèle, le rapport recommande l’introduction d’une taxe de 0,4 centime par cigarette, afin de financer la collecte et le traitement des mégots de cigarettes. Toutefois, une étude menée en 2011 par la revue Tobacco Control au Canada avançait une taxe plus élevée, à hauteur de 20 centimes par paquet, soit environ deux fois plus que dans la proposition australienne[2].

Mots-clés : Australie, Mégots, Filtres

©Génération Sans Tabac

FT


[1] The Conversation, Making the tobacco industry pay for cigarette litter could stop 4.5 billion butts polluting the Australian environment, 05/12/2021, (consulté le 07/12/2021)

[2] Schneider JE, Peterson NA, Kiss N, et al, Tobacco litter costs and public policy: a framework and methodology for considering the use of fees to offset abatement costs, Tobacco Control 2011;20:i36-i41.

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 7 décembre 2021