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L’association Hebdo Ecolo a ramassé plus d’un million de mégots en France

Dans un communiqué diffusé le 20 février dernier, l’association Hebdo Ecolo déclare avoir franchi le million de mégots ramassés en France à travers ses collectes. Fondée en 2020, l’association a organisé depuis plus de 100 événements dans 22 villes pour parvenir à ce résultat. 1 900 bénévoles et 20 000 heures de travail ont été nécessaires.

Hebdo Ecolo est une association d’intérêt général qui a pour objectif la préservation de l’environnement à travers des ateliers de sensibilisation autour de la biodiversité et des actions « terrain » visant à dépolluer les villes d’Europe, en particulier à travers la cueillette de mégots. Elle effectue une mission d’information et de sensibilisation sur l’impact sanitaire et environnemental de l’industrie du tabac et développe une action de plaidoyer pour alerter les pouvoirs publics et les inciter à prendre des mesures fortes et immédiates contre cette épidémie industrielle.

Elle dispose d’antennes réparties dans plusieurs villes européennes notamment en France, en Allemagne et en Espagne.

Le fardeau environnemental des mégots

Il est estimé dans le monde que 4 500 milliards de filtres de cigarettes sur les 5 500 milliards de cigarettes produites par l’industrie du tabac chaque année finissent jetés dans la nature. Selon Hebdo Ecolo, en France, ce sont 50 000 mégots qui sont jetés par terre toutes les minutes.

Ces filtres, qui contiennent de l’acétate de cellulose, mettent jusqu’à 12 ans à se décomposer. Chaque filtre peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau. La collecte d’un million de mégot correspond à la préservation de 500 millions de litres d’eau soit la quantité d’eau que boivent 900 000 Français pendant un an. Des résultats d’autant plus percutants que la France et de nombreux pays se trouvent en situation de sécheresse.

Les mégots sont des déchets hautement toxiques et il n’existe à ce jour aucune solution pérenne de recyclage pour ces déchets : même lorsqu’ils sont jetés dans des poubelles, les mégots sont incinérés. De plus, la présence des filtres ne s’accompagne pas d’une réduction des risques pour le fumeur. Ceux-ci ont été introduits par les fabricants essentiellement dans une optique marketing, en réponse aux inquiétudes des consommateurs pour leur santé. De surcroît, en masquant pour partie l’âcreté des produits, les filtres facilitent l’entrée dans le tabagisme. Les filtres participent donc au développement de l’épidémie tabagique.

Le coût de la gestion des déchets liés à la consommation de tabac

Le ramassage des mégots sur la voie publique ou sur les plages est actuellement à la charge des services propreté des collectivités qui sont financés par les impôts. Il est estimé que le ramassage des mégots en France coûte 38€ par habitant et par an. Outre les collectivités, il s’agit souvent d’associations environnementales, à l’aide de nombreux bénévoles qui contribuent à nettoyer les rues et plages des mégots.

L’existence d’un éco-organisme facilitant la récupération des déchets est l’une des obligations découlant de la réduction des plastiques à usage unique et de la responsabilité élargie des producteurs (REP).  Cette dernière rend le fabricant responsable des déchets issus de ses produits et selon le principe « pollueur-payeur », les producteurs sont ainsi tenus de financer les éco-organismes. En France, c’est l’éco-organisme Alcome qui est en charge de la collecte des mégots[1].

Si l’obligation faite aux fabricants de payer pour la prise en charge d’une partie des coûts environnementaux causés par le jet de ces déchets n’est pas remise en cause, le fonctionnement et la gouvernance même d’Alcome demeurent problématiques. Les dirigeants d’Alcome sont en effet tous des représentants de l’industrie du tabac, ce qui est non seulement contraires aux dispositions de la Convention-Cadre de l’OMS (CCLAT) mais également contre-productif.

L’intérêt de l’industrie du tabac n’est, en effet, en aucun cas de réduire le nombre de déchets. Son objectif demeure de continuer à vendre ses produits voire d’en développer la consommation, ce qui s’oppose à l’objectif de la suppression même de ces déchets toxiques, première solution à privilégier. De plus, s’il est donné à l’industrie la possibilité de communiquer à ce niveau comme c’est le cas aujourd’hui avec Alcome, sa stratégie sera de présenter une image positive de son activité, de taire sa responsabilité directe dans les dégâts environnementaux qu’elle cause directement et de transférer exclusivement cette responsabilité des mégots sur les fumeurs.

L’interdiction du filtre est le seul moyen de réduire la pollution des mégots

Une récente étude néérlandaise[2] a démontré que le seul moyen pour réduire la pollution liée aux mégots était d’interdire complètement le filtre. Plusieurs organismes à travers le monde s’engagent pour porter l’interdiction du filtre, en particulier à travers les futures négociations d’un Traité international visant à mettre fin à la pollution plastique.

Il est attendu que l’industrie du tabac et ses alliés s’opposent avec véhémence à cette mesure et proposent de « pseudos alternatives » soit de recyclage, soit à travers l’introduction de filtres biodégradables[3]. En réalité cette dernière option est une fausse bonne solution car ces filtres demeurent toujours imprégnés des éléments toxiques de la cigarette et continuent à disséminer des produits chimiques et des métaux dangereux.

Cependant, en apparaissant comme « force de propositions », l’industrie du tabac vise à être partie prenante des décisions afin de les orienter dans son intérêt, lequel s’oppose à l’intérêt général qu’il soit sanitaire ou environnemental.

Lire le communiqué d’Hebdo Ecolo (PDF)

Mots-clés : Hebdo Ecolo, mégots, pollution, collecte, filtre, traité plastique, lobby, environnement

©Génération Sans Tabac

AE

[1] Génération sans tabac, Alcome : pourquoi l’éco-organisme de lutte contre les mégots pose problème, publié le 17 mars 2022, consulté le 8 mars 2023

[2] Génération sans tabac, Interdire le filtre est le seul moyen pour réduire la pollution liée aux mégots, publié le 6 mars 2023, consulté le 8 mars 2023

[3] Génération sans tabac, Contribution de Smoke Free Partnership au processus de révision de la directive cadre européenne sur les déchets 2008/98/CE, publié le 23 août 2022, consulté le 8 mars 2023

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 13 mars 2023