Une étude anglaise indique que les types de présentoirs de cigarettes électroniques auxquels sont exposés les enfants n’auraient que peu d’influence directe sur la susceptibilité de s’initier au tabac ou aux cigarettes électroniques, mais auraient une influence indirecte sur la perception des dangers du tabac.
De nombreuses études ont montré l’influence des présentoirs de tabac sur les comportements d’achat des fumeurs et sur leur moindre intention d’arrêter de fumer[1], ainsi que sur l’initiation et la susceptibilité au tabagisme chez les jeunes[2]. Elles ont notamment conduit à l’interdiction des étals visibles de produits du tabac dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l’Islande, le Canada et l’Australie. Dans ces pays, les cigarettes électroniques et leurs produits sont toutefois restés sur des présentoirs visibles jouxtant généralement les présentoirs masqués des produits du tabac.
Peu d’études existant sur ce sujet, des chercheurs britanniques ont déployé un dispositif expérimental randomisé pour évaluer l’influence des présentoirs de cigarettes électroniques sur leur perception par les adolescents et leur incidence sur la perception des cigarettes et des méfaits du tabagisme[3].
Une étude expérimentale randomisée de l’exposition à des présentoirs de cigarettes électroniques
L’étude expérimentale randomisée a testé en ligne plusieurs modèles d’images de présentoirs de cigarettes électroniques auprès d’un échantillon de 1034 adolescents anglais de 13 à 17 ans. Les visuels différaient selon la visibilité du présentoir des cigarettes électroniques (forte ou faible) et le nombre de produits de vapotage présents (+/- 75%) parmi d’autres produits non liés au tabac ou aux produits du vapotage (timbres, confiseries, boissons).
Des différentes hypothèses testées, les chercheurs n’ont pas pu mettre en évidence de lien entre l’exposition aux présentoirs de cigarettes électroniques et la susceptibilité pour les adolescents n’ayant pas expérimenté le tabac de s’initier au tabac, ni avec la susceptibilité de s’initier au vapotage pour les non-vapoteurs. On trouve cependant, parmi les sujets exposés à des visuels comportant une plus forte proportion de cigarettes électroniques au sein des produits vendus, un sous-groupe d’adolescents fréquentant le plus souvent les supermarchés et autres lieux de vente qui montre une plus forte susceptibilité de s’initier au tabac. L’étude expérimentale portant sur des expositions courtes à des visuels de présentoirs, les résultats pourraient aussi se révéler plus importants en milieu réel selon certaines catégories de population ou de lieux de vente davantage ciblés par les industriels du tabac et de la vape.
Un lien indirect avec une plus faible perception des dangers du tabac
Si les liens d’influence directe de l’exposition visuelle sur la susceptibilité de devenir fumeur ne sont pas confirmés, l’un des enseignements de cette étude expérimentale est de souligner les influences indirectes et les effets croisés de l’exposition aux produits. Elle montre ainsi que la forte visibilité des présentoirs de cigarettes électroniques tendrait à réduire la perception des dangers du tabagisme. Or, la faible perception des dangers du tabagisme et la susceptibilité de devenir fumeur sont des indicateurs établis de l’initiation au tabagisme[4]. La forte visibilité des présentoirs de cigarettes électroniques étant, selon une étude observationnelle, la norme dans la plupart des établissements anglais qui les vendent[5], l’exposition répétée à la vision de ces produits pourrait modifier les perceptions cognitives vis-à-vis du tabac. Les variations de proportion de cigarettes électroniques parmi les produits exposés semblent en revanche n’avoir que peu ou pas d’incidence sur la susceptibilité de devenir fumeur ou vapoteur.
La forte visibilité des présentoirs de cigarettes électroniques et leur proximité à l’égard des produits de tabac apparaissent donc à prendre en compte dans les politiques publiques. Concernant l’intérêt éventuel de ces cigarettes électroniques pour les adultes souhaitant arrêter de fumer, celui-ci doit être mis en balance avec la nécessité de mieux protéger les enfants du risque qu’ils deviennent vapoteurs et/ou fumeurs. Les auteurs plaident ici pour une révision des règles régissant les présentoirs de cigarettes électroniques et de produits du tabac.
Mots-clés : présentoirs, cigarette électronique, adolescents, Royaume-Uni
MF
[1] Robertson L, McGee R, Marsh L, et al. A systematic review on the impact of point-of- sale tobacco promotion on smoking. Nicotine Tob Res 2015;17:2–17.
[2] Mackintosh AM, Moodie C, Hastings G. The association between point-of-sale displays and youth smoking susceptibility. Nicotine Tob Res 2012;14:616–20.
[3] Blackwell AKM, Pilling MA, De-Loyde K, et al. Impact of e-cigarette retail displays on attitudes to smoking and vaping in children: an online experimental study, Tob Control, Epub ahead of print: 14/04/2022, doi:10.1136/tobaccocontrol-2021-056980.
[4] Berg CJ, Romero DR, Pulvers K. Perceived harm of tobacco products and individual schemas of a smoker in relation to change in tobacco product use over one year among young adults. Subst Use Misuse 2015;50:90–8.
[5] Brocklebank LA, Blackwell AKM, Marteau TM, et al. Electronic cigarette and smoking paraphernalia point of sale displays: an observational study in England. Tob Control 2021, Epub ahead of print: 14 avril 2022. doi:10.1136/tobaccocontrol-2020-056314.
