Actualités

Vaud-canton-vente-mineurs

La Suisse est la patrie des multinationales du tabac

La Suisse est l’un des derniers pays du monde à ne pas avoir signé la Convention-cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la lutte anti-tabac (CCLAT). Pour cause, l’industrie du tabac est singulièrement ancrée dans le paysage public de ce pays. Philip Morris International (PMI), British American Tobacco (BAT) et Japan Tobacco International (JTI), soit les trois mastodontes de ce secteur, ont implanté leur siège social en Suisse, ainsi que des centres de recherche et quelques usines de fabrication. Cet intérêt particulier des cigarettiers pour la Confédération s’explique par deux raisons principales.

  • D’abord, le pays possède une législation des entreprises beaucoup moins protectrice et donc moins restrictive que l’Union européenne et les Etats-Unis. En 2003, le Conseil fédéral suisse réaffirmait sa volonté de faire de la Suisse une « place attractive pour l’industrie du tabac[1]».
  • La présence des organisations internationales, le culte du secret bancaire, la tradition libérale et conservatrice sur les questions économiques, et la structure fédérale de la Suisse où des petites entités politiques, plus facilement influençables (cantons) possèdent de larges pouvoirs politiques expliquent également la présence des cigarettiers en Suisse. C’est notamment ce qu’a montré le rapport Lee-Glantz, qui met en lumière les stratégies de l’industrie du tabac pour saper les négociations visant à l’instauration de la CCLAT[2].

L’industrie du tabac bénéficie par ailleurs de puissants relais au sein de la classe politique, à l’instar de l’Union Suisse des Arts et Métiers (USAM), de l’Association des milieux Economiques pour une politique de Prévention Modérée (APEM), ainsi que de nombreux parlementaires. Ceux-ci, en particulier, sont précieux pour l’industrie du tabac par leur opposition quasi-systématique aux tentatives de réglementation.

Cette indulgence des pouvoirs publics à l’égard de l’industrie du tabac a des répercussions directes. En Suisse, le tabac fait chaque année 8 600 morts, et représente un coût financier de plus de 10 milliards de francs suisses (incluant les dépenses de santé et les pertes de productivité). Les répercussions de l’ingérence du tabac en suisse a des effets partout dans le monde : en s’opposant à la CCLAT, les cigarettiers s’opposent à la mise en place de mesures qui ont sauvé des dizaines de millions de vies[3].

©Génération Sans Tabac


[1] https://www.youtube.com/watch?v=Rco-BDgJWww

[2] Chang Yol Lee, Stanton A. Glantz, “The tobacco industry’s successful efforts to control policy making in Switzerland”, Center for Tobacco Control Research and Education, 2001

[3] https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/326043/9789241516204-eng.pdf

| ©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 7 janvier 2020