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La stratégie prédatrice de British American Tobacco en Asie du Sud

Malgré d’importants progrès réalisés, le tabagisme demeure à des niveaux épidémiques en Asie du Sud. Selon un rapport publié par The Union et l’Institut de santé publique de Bengaluru, cette situation s’explique notamment par l’activité de British American Tobacco (BAT), le fabricant de Pall Mall, Lucky Strike, Vogue, ou encore Dunhill, qui n’hésite pas à violer régulièrement les législations[I].

La RSE comme outil d’influence des politiques publiques

Selon le rapport, BAT multiplie les activités de Responsabilité sociales des entreprises (RSE). Ainsi, au Bengladesh, la filiale locale de BAT a concentré les efforts de responsabilité sociale en matière de COVID. Le rapport montre que le cigarettier a largement communiqué sur des dons d’équipements, de protections individuelles ou de désinfectants aux structures hospitalières, aux administrations, ainsi qu’à des ministères. Les activités de responsabilité sociale des entreprises, qui peuvent avoir un effet vertueux, lorsqu’elles proviennent de certains secteurs, ont en revanche pour conséquence, lorsqu’elles sont mobilisées par l’industrie du tabac, d’accroître l’influence des cigarettiers, et de réduire la capacité des pouvoirs publics à mettre en place des politiques efficace de lutte contre le tabagisme. Pour cette raison, la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), dans ses articles 5.3 et 13, impose aux Parties d’interdire toute action de RSE de la part de l’industrie du tabac.

Des actions illégales délibérées en Asie

Selon le rapport, la Surya Nepal Private Limited, une filiale népalaise de BAT, a été l’un des  artisans majeurs de lobbying visant à maintenir la fiscalité la plus basse possible sur les produits du tabac. Par ailleurs, les auteurs du rapport soulignent que les produits de Surya Népal avaient été retrouvés sans timbres fiscaux, tandis que la société refusait d’utiliser les timbres recommandés par l’Internal Revenue Department pour aider à lutter contre l’évasion fiscale. Par ailleurs, en 2020, 2021 et 2022, les chiffres de la Douane népalaise montrent une curieuse absence d’exportation de tabac de la compagnie vers l’Inde, laissant supposer une activité d’exportation non-déclarée, soit de la contrebande.

Une stratégie mondiale organisée depuis le siège social

Pour les auteurs du rapport, l’Asie du Sud n’est pas la seule région dans laquelle de telles pratiques sont observées. La multiplicité des exemples aux quatre coins du monde laisse penser que ces activités répondent à une stratégie mondiale et délibérée, organisée ou validée depuis le siège social de l’entreprise. Ainsi, en février 2021, une investigation du Bureau of Investigative Journalism montrait que BAT avait lancé une campagne marketing d’un milliard de livres sterling (1,16 milliard d’euros), s’appuyant en grande partie sur les réseaux sociaux, dans l’objectif de cibler les jeunes générations. La même année, un rapport de la Stopping Tobacco Organizations and Products (STOP) démontrait que le cigarettier avait mis en place un système de corruption et d’espionnage dans dix pays d’Afrique, afin de ralentir les progrès de la lutte antitabac, et de maintenir sa domination commerciale vis-à-vis de ses concurrents. L’enquête affirmait sur cette affaire que les documents consultés permettaient d’établir un haut niveau d’implication de la part du siège social de BAT.

Mots-clés : Asie, British American Tobacco, BAT

©Génération Sans Tabac

FT


[I] The Union, Institute of Public Health, Bengaluru, Interference by big tobacco and affiliates in tobacco control in south africa, 19/09/2022, (consulté le 20/09/2022)

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 20 septembre 2022