Une étude révèle que 22,7 % des athlètes testés en Italie ont été positifs à la nicotine entre 2012 et 2020. Les sports d’équipe et les sports d’effort intense paraissent plus touchés que les sports individuels et d’endurance.
Conduite par une équipe de chercheurs internationaux, l’étude a analysé les données de 60 802 échantillons d’urine anonymes, provenant de contrôles anti-dopage réalisés lors des compétitions sportives s’étant déroulées en Italie entre 2012 et 2020[1]. La nicotine n’a été intégrée dans les contrôles anti-dopage qu’en 2012, après la découverte de taux de nicotine surprenants chez des joueurs de hockey sur glace, en 2009.
Les résultats de cette étude indiquent une prévalence moyenne de 22,7 % d’athlètes positifs à la nicotine durant cette période. Cette prévalence avait baissé sur la période 2015-2020 (15 à 20 %) en comparaison de celle de 2012-2014 (25 à 33%), suivant ainsi la tendance de la prévalence du tabagisme en Italie. Les athlètes hommes (24,1 %) affichaient une positivité supérieure à celle des femmes (18,5 %), reflétant des différences de prévalence aussi observées en population générale.
Une plus forte positivité dans les sports d’équipe
L’étude met en évidence une positivité à la nicotine plus forte dans les sports d’équipe (34,1 %) que dans les sports individuels (14,1 %). Pour expliquer cette différence, l’hypothèse retenue est celle de l’influence de l’environnement social, notamment entre sportifs, dans les sports d’équipe. Le volleyball, le rugby, le football, le handball et le hockey sont ici pointés comme des sports où la positivité à la nicotine est élevée, tandis qu’elle est la plus faible dans le triathlon, le cyclisme et la natation.
L’étude indique par ailleurs que les sports d’effort intense montrent plus souvent une positivité à la nicotine que les sports d’endurance, bien que cette nomenclature demanderait à être systématisée. En termes d’effets attendus, l’hypothèse formulée est que les athlètes des sports d’effort intense chercheraient davantage dans la nicotine une sorte de décharge de la tension accumulée, tandis que les athlètes des sports de précision (tir, tir à l’arc) seraient plutôt à la recherche d’un illusoire effet de concentration. La disponibilité musculaire nécessaire aux sports d’endurance conduirait quant à elle à éviter les produits du tabac.
Une connaissance à enrichir sur les types de produits utilisés
Bien que les résultats soient concordants avec d’autres études, les auteurs admettent que celle-ci est limitée à la fois par la réduction de l’échantillon à un seul pays, ce qui limite la portée des résultats, ainsi que par l’absence d’indications sur les produits du tabac et de la nicotine consommés. Les informations sur ces produits utilisés seraient pourtant indispensables, en vue de conduire des actions ciblées de prévention auprès des sportifs, notamment sur les effets attendus de ces consommations. D’autres études avaient ainsi pointé que les athlètes des sports individuels avaient plus souvent recours au vapotage et étaient nettement moins fumeurs que d’autres sportifs ; dans les sports d’équipe, les usages de snus et de tabac fumé semblaient plus répandus. Les auteurs concluent en encourageant les dirigeants des fédérations sportives, et plus particulièrement celles des sports d’équipe, à engager des campagnes de prévention du tabagisme et du dopage sportif.
En écho à cette étude, un article de Fox Sports consacré à l’usage des sachets de nicotine (nicotine pouches)[2] dans le secteur du base-ball confirme que ces produits sont très prisés par les sportifs, qui peuvent parfois les consommer à haut dosage. Un joueur de base-ball confie ainsi consommer deux, voire quatre, sachets à la fois et absorber jusqu’à 90 mg de nicotine par jour, soit l’équivalent en nicotine de 2 à 4,5 paquets de cigarettes.
Mots-clés : Italie, sport, contrôles anti-dopage, snus, pouches, nicotine
MF
[1] Zandonai T, Botrè F, Abate MG, Peiró AM, Mündel T. Should We be Concerned with Nicotine in Sport? Analysis from 60,802 Doping Control Tests in Italy. Sports Med (2023), first published on line 24 february 2023. https://doi.org/10.1007/s40279-023-01819-y
[2] Sachets de nicotine se plaçant entre la gencive et la joue, sur le modèle des snus (sachets de tabac).
