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La fin de la vente de tabac envisagée en Australie

En Australie, le gouvernement est invité par des chercheurs en santé publique à fixer une date à partir de laquelle la vente de produits du tabac sera interdite dans le pays, dans un objectif d’éliminer définitivement le tabagisme. Cet appel fait suite à un sondage mené auprès de la population australienne, indiquant qu’une majorité du pays soutenait l’élimination progressive de la vente de produits du tabac.

A la fin de l’année 2020, des chercheurs ont cherché à évaluer le soutien de la population à l’élimination progressive de la vente de produits du tabac, chez les détaillants comme dans les grandes surfaces. Sur 2774 personnes interrogées, 52,8% se sont déclarées favorables à une telle mesure de santé publique. Selon l’étude, ces résultats ont une très faible variation en fonction de l’âge des répondants, puisque 53,8% des adultes de moins de 30 ans ont répondu être favorables à la mesure, contre 53,4% des plus de 50 ans. En revanche, le statut tabagique des personnes est une variable importante dans la nature des réponses, puisque 31,7% des fumeurs seulement affirment soutenir la fin de la légalité de la vente des produits du tabac en Australie[1].

Permettre plus de visibilité et une sortie du tabac pour les détaillants

Selon les chercheurs, si la lutte contre le tabagisme passe par une réglementation de la demande, elle se fait également à travers un encadrement de l’offre. Pour les auteurs, la nécessité pour le gouvernement australien d’interdire à terme la vente de produits du tabac s’explique pour plusieurs raisons[2]. D’abord, en tant que tels, les produits du tabac ne correspondent pas aux normes de sécurité pour les consommateurs. Si les produits du tabac étaient inventés aujourd’hui, ils seraient interdits à la vente en raison de leur nocivité. Ensuite, la fixation d’une date permettrait de mettre fin au conflit opposant les objectifs de santé publique et les impératifs commerciaux des entreprises. L’arrêt d’une date sera en outre un élément de transparence supplémentaire pour les détaillants, qui pourront planifier et achever leur sortie définitive du tabac, avec le soutien des pouvoirs publics. Par ailleurs, compte tenu du fait que la majorité des fumeurs souhaiteraient stopper leur consommation, une telle mesure permettrait d’inciter plus favorablement les fumeurs au sevrage, à condition de mettre parallèlement en place un accompagnement individuel.

Assurer une trajectoire fiscale lisible et favorable pour l’Australie

Enfin, décider d’une date permettrait aux pouvoirs publics de planifier la sortie du tabac, avec les conséquences fiscales qu’une telle décision induit. A court terme, l’arrêt de la vente de tabac impliquerait un manque à gagner fiscal qu’il serait nécessaire de compenser. Toutefois, les budgets publics, avec effet immédiat, verraient la réduction de la prévalence tabagique suivie d’effets économiques positifs, dépassant très largement les coûts impliqués par l’arrêt d’un secteur et d’une consommation. D’abord, la diminution du tabagisme entraînera mécaniquement une réduction des dépenses de santé, qui représentent aujourd’hui un fardeau pour les collectivités, et conduira à une augmentation de la productivité. Par ailleurs, l’argent non alloué aux produits du tabac permettra aux anciens fumeurs de dégager un revenu, et donc un pouvoir d’achat vers d’autres produits et services, davantage créateurs de valeur, d’emplois et d’activité que le tabagisme. Cette prise de position corrobore un certain nombre d’études qui montrent que la stratégie de l’end game, visant à réduire la consommation tabagique à des niveaux résiduels, est particulièrement bénéfique pour l’économie d’un pays. A titre d’exemple, une étude conjointement réalisée par Action on Smoking and Health (ASH), et le cabinet Landman Economics affirmait en octobre 2021 que la fin du tabagisme au Royaume-Uni pourrait créer un demi-million d’emplois supplémentaires.

« L’action gouvernementale est à la traîne »

Dans leur prise de position, les chercheurs en santé publique montrent que les décideurs publics en Australie accusent un retard, en comparaison du soutien de l’opinion publique d’aller plus en avant vers des mesures de santé publique. Si la fin de la vente de tabac ne s’est jamais réalisée à l’échelle nationale, plusieurs municipalités ont d’ores et déjà décidé de franchir le pas, comme le conseil municipal de Balanga aux Philippines en 2016, ou celui de Beverley Hills et de Manhattan Beach en janvier 2021. Dans la même idée, en Nouvelle-Zélande, afin de faire passer le taux de tabagisme de 12% à 5% d’ici quatre ans, le gouvernement a proposé un plan d’action visant notamment à réduire drastiquement le nombre de points de vente de produits du tabac dans le pays.

Mots-clés : Australie, Vente, End Game

©Génération Sans Tabac

FT


[1] The Medical Journal of Australia, Public support for phasing out the sale of cigarettes in Australia, 15/11/2021, (consulté le 16/11/2021)

[2] The Medical Journal of Australia, It is time for governments to support retailers in the transition to a smoke‐free society, 15/11/2021, (consulté le 16/11/2021)

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 17 novembre 2021