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La Belgique s’engage vers une génération sans tabac

La conférence interministérielle (CIM) santé, réunie en Réunion Thématique Drogues (RTD), a approuvé le mercredi 23 mars 2022 une approche interfédérale pour lutter contre certaines addictions, notamment le tabac[1]. Au travers de la stratégie interfédérale 2022-2028, les ministres fédéraux, régionaux et communautaires s’engagent à parvenir à une première génération sans tabac en Belgique d’ici à 2040.

Selon les dernières données de consommation, en 2018, 19% de la population âgée de 15 ans et plus était fumeuse en Belgique. L’évolution au cours des dernières décennies est positive puisque le nombre de fumeurs était de 25,5 % en 1997 et de 20,5 % en 2008. Cette tendance à la baisse est également observée chez les jeunes puisque 15% des 15/24 ans sont fumeurs en 2018, (11% sont fumeurs quotidiens) contre 22% en 2013 (17% fumaient alors quotidiennement).

Un ensemble cohérent et complémentaire de mesures s’appuyant sur la CCLAT

Le gouvernement souhaite, à l’horizon 2028, diminuer la consommation quotidienne de produits du tabac à 10% de la population générale et 6% dans la tranche d’âge des 15-24 ans. Cette stratégie interfédérale nécessite à long terme un financement durable et sécurisé. Elle requiert aussi un ensemble cohérent et complémentaire de mesures, s’appuyant sur la Convention-Cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, concernant à la fois l’offre et la demande de tabac pour atteindre l’objectif d’une génération sans tabac.

Cette nouvelle stratégie se veut complémentaire aux initiatives et stratégies politiques existantes déjà mises en œuvre par les différents gouvernements dans le domaine. Les dispositions à venir prévoient :

  • La suppression de l’interférence de l’industrie du tabac dans la définition et la mise en œuvre des politiques de santé publique ;
  • L’augmentation significative du niveau général des prix ainsi que suppression de l’écart des prix entre les différents types de produits de tabac à travers une politique fiscale forte ;
  • L’amélioration des dispositions réglementant la composition des produits de tabac ;
  • La réduction du nombre de points de vente de produits de tabac et la suppression des linéaires présentant les paquets de produit de tabac aux points de vente, encore appelé « vente sous le comptoir » ;
  • L’interdiction de la vente par des automates et le renforcement du contrôle de la vente de produits de tabac par internet ;
  • L’amélioration de l’aide au sevrage via une offre pluridisciplinaire et en renforçant le remboursement des traitements de la prise en charge du sevrage tabagique ;
  • La mise en œuvre d’un système de traçabilité pour tous les produits à base de tabac ;
  • La mise en œuvre d’un mécanisme de financement durable des activités antitabac ;
  • Réduction des conséquences environnementales néfastes de la consommation de produits de tabac.

Le fabricant Philip Morris souhaite intégrer la table des discussions

Quelques heures après la diffusion de cette stratégie gouvernementale, le fabricant Philip Morris a diffusé un communiqué[2] demandant que la stratégie interfédérale tabac 2022-2028 prenne en compte les alternatives moins nocives qui existent selon lui aujourd’hui, comme le tabac chauffé et les produits du vapotage.  Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de restauration de l’image du fabricant auprès des décideurs publics dans l’espoir de réintégrer la table des discussions. Les fabricants de tabac se présentent désormais comme des acteurs engagés en faveur de la santé. Ils se présentent ainsi comme des interlocuteurs pour les nouvelles réglementations envisagées, notamment celles concernant les nouveaux produits du tabac. Cette stratégie de communication permet en outre à PMI d’assurer la promotion de ses produits en les présentant comme des alternatives plus sûres. Cette communication va à l’encontre des dispositions de la Convention-Cadre de l’OMS, qui interdit formellement toute forme de publicité directe ou indirecte en faveur des produits du tabac, laissant notamment entendre que des produits seraient plus sains que d’autres.

Mots clés : Belgique, génération sans tabac, CCLAT, antitabac, Philip Morris, ingérence

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Ministère de la santé belge, Projet de stratégie interfédérale 2022-2028 pour une génération sans tabac, Cellule génération de Politique Drogues – coordination permanante, 23 mars 2022, consulté le 24 mars 2022

[2] Agence Belga, Philip Morris demande aux autorités de prendre en compte les alternatives à la cigarette, RTL Info, 23 mars 2022, consulté le 24 mars 2022

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 25 mars 2022