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Kenya : accentuation de l’ingérence de l’industrie du tabac pendant la pandémie

Les efforts du Kenya pour lutter contre l’ingérence de l’industrie du tabac ont été sensiblement réduits par rapport à l’année dernière. La pandémie de Covid-19 a conduit à suspendre des dispositions qui réglementent les relations avec l’industrie du tabac.

L’indice d’interférence du tabac[1] évalue comment les pouvoirs publics d’un pays essaient de se protéger ainsi que leurs politiques publiques de l’influence de l’industrie du tabac et ce, conformément aux dispositions de laConvention-Cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la lutte antitabac (CCLAT). Plus l’indice est élevé moins le pays est protégé de l’interférence de cette industrie. Le Kenya vient de publier son deuxième rapport. Le score est de 40 points sur 100 comparé aux 33 points en 2019.

En 2015, British American Tobacco (BAT) a contesté la constitutionnalité des règlements de 2014 du Kenya devant la Haute Cour puis la Cour d’appel. En novembre 2019, la Cour suprême a débouté l’industrie du tabac en maintenant la réglementation de 2014[2] qui prévoit la mise en œuvre des directives de l’article 5.3 de la CCLAT. Malgré cette décision, un certain nombre d’agents publics et d’acteurs publics ne respectent pas cette réglementation qui porte sur les relations avec l’industrie du tabac. La dernière étude a également souligné qu’un certain nombre de dispositions de la loi de 2007 sur la lutte contre le tabagisme, ont été violées par l’industrie du tabac. Ces violations sont notammentintervenues pendant la pandémie de COVID-19[3] et ont spécialement concerné les actions de promotion et de publicité en faveur du tabac

Le rapport 2020 montre que si le Kenya est bien parvenu à adopter des législations protectrices de lutte contre le tabagisme et de protection à l’égard de l’interférence de l’industrie du tabac, la mise en œuvre de celles-ci demeure difficile. Le contexte sanitaire actuel a été utilisé par les industriels du tabac sans opposition de la part des pouvoirs publics voire avec leur accord. Le gouvernement Kenyan a ainsi accepté un don de l’industrie du tabac de 10,6 millions de shilling (82 000 euros) pour le Fonds d’intervention d’urgence Covid-19. En échange, le gouvernement a inscrit les produits du tabac comme faisant partie des produits essentiels.

Le Kenya a la prévalence du tabagisme la plus élevée enregistrée en Afrique subsaharienne. Dans le pays, chaque année, plus de 8 000 personnes meurent prématurément de maladies liées au tabac, tandis qu’environ 10% des 13 – 15 ans et près de 12% d’adultes continuent de fumer chaque jour[4]. Le rapport recommande la bonne mise en œuvre de l’ensemble des réglementations nationales de lutte contre le tabagisme ainsi celles relatives à l’article 5.3 de la CCLAT pour contrecarrer l’ingérence de l’industrie, même en période de pandémie.

Mots clés : Kenya, Covid19, Ingérence, Industrie du tabac

©Génération Sans Tabac


[1] Tobacco Industry Interference Index, 2020, Kenya Tobacco Control Alliance

[2] https://tobaccotactics.org/wiki/kenya-bats-tactics-to-undermine-the-tobacco-control-regulations/

[3] Kenya : internet pour contourner la législation antitabac et promouvoir de nouveaux produits, Génération Sans Tabac, 7 août 2020

[4] https://tobaccotactics.org/wiki/kenya-country-profile/

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 19 août 2020