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Juul, en quête de respectabilité à l’international

La marque Juul, leader des cigarettes électroniques, subit une crise sans précédent aux Etats-Unis. La société, détenue en grande partie par le cigarettier Altria (Philip Morris International), fait face à des centaines de poursuites judiciaires, ainsi qu’à des enquêtes d’Etats américains et des investigations fédérales, pour être responsable d’avoir fait exploser la consommation nicotinique des jeunes générations, via une stratégie publicitaire et marketing illégale.

Juul s’efforce néanmoins de poursuivre son développement et déploie de plus en plus ses activités vers l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud, avec un message renouvelé. La marque se présente comme un acteur responsable avec sa solution moins nocive et alternative au tabagisme traditionnel.

Accusée d’avoir répandu une « épidémie » nicotinique aux Etats-Unis, l’entreprise mène une offensive agressive de lobbying auprès des gouvernements du monde entier pour plaider en faveur de ses produits et de la réduction de la pression fiscale sur l’ensemble des nouveaux produits du tabac. La marque va jusqu’à proposer aux gouvernements de rédiger les textes de lois sur les cigarettes électroniques, quand l’article 5.3 de la Convention Cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la lutte antitabac (CCLAT) interdit toute forme d’interférence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique.

Pourtant, l’entreprise Juul, qui cherche à se racheter une nouvelle respectabilité auprès des décideurs publics comme des consommateurs, a appliqué à la lettre les vieilles recettes marketing des cigarettiers. La marque s’est en effet imposée en quelques années grâce à un design épuré et élégant, conçu comme un accessoire de mode, et en proposant différentes saveurs sucrées et fruitées destinées aux jeunes (fruit de la passion, mangue, crème brûlée). Comme le montre The Bureau of Investigate Journalism, Juul a « organisé des soirées yacht, des clubs de cinéma sur les toits et des concerts. La marque a même financé des camps d’été pour les enfants dès l’âge de huit ans et est allée dans les écoles, annonçant les cigarettes électroniques comme «totalement sûres[1]».

©Génération Sans Tabac


[1]Davies, Chapman, Kasperkevic, The Bureau of Investigate Journalism, « Juul spreads over the world as home market collapses in scandal », 21/11/2019

https://www.thebureauinvestigates.com/stories/2019-11-21/juul-spreads-over-the-world-as-home-market-collapses-in-scandal

| ©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 12 mars 2020