Le thème de l’édition 2020 de la Journée mondiale sans tabac est axé sur les pratiques marketing de l’industrie : Protéger les jeunes contre les manipulations de l’industrie et les empêcher de consommer du tabac et de la nicotine. Les offensives marketing de l’industrie du tabac sont particulièrement ciblées vers les pays à revenus faible et intermédiaires, notamment en Afrique.
Les objectifs de l’édition 2020 de la JMST sont :
– Démystifier les mythes véhiculés par les fabricants à travers leurs publicités et dénoncer les tactiques de manipulation employées, en particulier les tactiques de marketing ciblant les jeunes, notamment par l’introduction de nouveaux produits, le recours à saveurs et d’autres caractéristiques attrayantes.
– Fournir aux jeunes des connaissances sur les intentions et les tactiques des industries du tabac et de la nicotine pour « accrocher » les générations actuelles et futures aux produits du tabac et de la nicotine.
– Donner aux influenceurs (dans la culture pop, sur les réseaux sociaux, à la maison ou en classe) les moyens de protéger et de défendre les jeunes et de catalyser le changement en les engageant dans la lutte contre l’industrie.
En Afrique par exemple, 60% de la population a moins de 24 ans et selon les statistiques 2018 de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne compte près de 1,1 milliard d’habitants. On prévoit que d’ici 2050, la population du continent atteindra 2,4 milliards d’habitants et que 35 % des jeunes dans le monde seront des Africains. Au regard de ces chiffres, il n’est pas surprenant de constater que l’Afrique représente un marché aujourd’hui et potentiel très lucratif pour l’industrie du tabac.
Les cigarettiers se sont engagés à ne pas promouvoir leurs produits auprès des enfants. C’est pourtant exactement ce qu’ils font en Afrique. Selon une étude de l’ACTA[1], les compagnies de tabac commercialisent activement des cigarettes aux alentours des écoles dans le but d’élargir leurs marchés. Pour y parvenir les produits sont proposés à l’achat en vrac, à l’unité (la tige) et avec une mise en avant des cigarettes aromatisées « adaptées aux enfants ». Les enfants dès l’âge de six ans ont accès aux produits du tabac dans les kiosques, les épiceries et auprès des vendeurs ambulants. La vente, la publicité et la promotion des cigarettes à proximité mais à l’extérieur des écoles est une stratégie bien orchestrée des compagnies de tabac. Ils essaient d’accrocher les écoliers dans un environnement éloigné de leurs parents où la pression des pairs est exercée. Ils essaient de créer un réservoir de fumeurs de remplacement.
Dans cette perspective, la Journée Mondiale Sans Tabac constitue une opportunité pour les défenseurs de la lutte antitabac d’unir leurs efforts pour sensibiliser les jeunes et faire en sorte que les stratégies traditionnelles mais aussi plus innovantes de l’industrie du tabac soient décryptées. Parmi ces stratégies figurent l’ensemble de leurs actions visant à saper la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS. Cette dernière se caractérise en particulier par des mesures qui protègent précisément les jeunes de tomber dans le piège du tabagisme.
Pour lire la déclaration dans sa totalité
[1] Déclaration de Leonce SESSOU, Secrétaire Exécutif de l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique (ACTA). L’ACTA est un réseau panafricain d’organisations de la société civile à but non lucratif et apolitique dont le siège est à Lomé, au Togo. Avec des membres situés dans 39 pays, l’ACTA se consacre à la promotion de la santé publique et à la prévention de l’épidémie du tabagisme sur le continent.
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