Actualités

san-jose-interdiction-aromes

L’interférence de l’industrie du tabac au Costa Rica

Au Costa Rica, la Transnational Alliance to Combat Illicit Trade (TRACIT), dont les liens avec l’industrie du tabac sont avérés, cherche à intervenir dans l’élaboration des politiques publiques, notamment en cherchant à s’opposer à une nouvelle réglementation sur la contrebande de cigarettes[1].

Fondée en 2017, TRACIT  se présente comme une organisation « indépendante », « visant à renforcer la collaboration commerciale avec les gouvernements et les organisations intergouvernementales afin d’atténuer les dommages sociaux et économiques du commerce illicite ». Toutefois, en 2019, Philip Morris International Impact, présentée comme une structure de lutte contre le commerce illégal de tabac, avait versé 21 millions de dollars à TRACIT, sur les 100 millions destinés aux financements de tierces-parties. L’utilisation de groupes de façade, est une stratégie récurrente des cigarettiers pour défendre leurs intérêts.

Par ailleurs, l’Université de Bath a montré que Philip Morris International , British American Tobacco et Japan Tobacco International ont tous été partenaires de projets portés par TRACIT, et ont tous versé directement ou indirectement des financements à cette structure.

En 2018, des représentants de TRACIT ont rencontré des membres du gouvernement appartenant à la Commission mixte contre le Commerce Illicite, à laquelle le secteur privé est autorisé de participer ou d’exercer son influence, y compris l’industrie du tabac. Le directeur exécutif de TRACIT s’est à cette occasion exprimé pour demander à renforcer le rôle de cette Commission mixte, qui participe à définir le rôle et les prérogatives des pouvoirs publics.

La réunion s’est tenue à la Chambre de Commerce des Etats-Unis au Costa Rica (AmCham), dont le représentant à la Commission mixte est lui-même l’ancien directeur des affaires commerciales et réglementaires de British American Tobacco Central America (BATCA). Comme le souligne Tobacco Free Kids, la AmCham esrt un vecteur régulier utilisé par les cigarettiers pour interférer dans les politiques publiques[2].

L’ouverture de la réglementation en matière de lutte contre le commerce illicite est d’autant plus problématique quand l’on sait que l’industrie du tabac a été condamnée à plusieurs reprises pour avoir organisé la contrebande de produits du tabac. Encore aujourd’hui, on estime qu’entre 60 et 70% du marché illicite du tabac sont directement fournis par les cigarettiers eux-mêmes[3].

©Génération Sans Tabac


[1] ADiaroCR, « Source : Tobacco-funded group TRACIT tries to influence tobacco control policy in Costa Rica », 18 juillet 2020.

https://adiariocr.com/english/tobacco-funded-group-tracit-tries-to-influence-tobacco-control-policy-in-costa-rica/

[2] Campaign For Tobacco Free Kids, « U.S. Chamber of Commerce, Blowing smoke for big tobacco »,

https://www.tobaccofreekids.org/what-we-do/industry-watch/chamber-of-commerce

[3] Tobacco Control, Anna B. Gilmore, « Tobacco industry’s elaborate attempts to control a global track and trace system and fundamentally undermine the Illicit Trade Protocol », 13 juin 2018

https://tobaccocontrol.bmj.com/content/28/2/127

©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 22 juillet 2020