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Interdire la vente de tabac aux moins de 21 ans : quels enjeux ?

A l’occasion de la Journée mondiale sans tabac au Royaume-Uni, l’Action on smoking and health (ASH) ainsi que des universitaires de l’University College London (UCL) appellent les pouvoirs publics britanniques à envisager le relèvement à 21 ans de l’âge légal de vente de tabac. Selon l’ONG, une telle mesure aurait des effets significatifs pour la santé publique[1].

ASH appelle le gouvernement britannique à tenir compte d’une étude parue dans la revue scientifique The Lancet, qui démontre qu’une très large majorité de fumeurs s’initient au tabac avant leurs 21 ans[2].

Un effet bénéfique immédiat et significatif sur la santé publique

Les chiffres présentés dans The Lancet soulignent le caractère pédiatrique de l’épidémie tabagique. En effet, selon l’étude, les trois quarts des fumeurs dans le monde ont fumé leur première cigarette avant 21 ans. Selon la modélisation des universitaires de l’UCL, et l’expérience américaine, l’application d’une telle mesure aurait pour effet de réduire de 30% la prévalence tabagique auprès des 18-21 ans dès la première année. En quelques années, l’élargissement de l’interdiction aurait pour effet de considérablement diminuer la prévalence tabagique de l’ensemble de la population. Selon le Professeur Robert West, professeur émérite à l’University College London « l’augmentation de l’âge de vente du tabac à 21 ans conduira à une baisse immédiate et substantielle de la prévalence tabagique chez les jeunes adultes, bien plus importante que toute autre mesure politique envisagée ». Au total, cette proposition pourrait protéger et écarter plus de cent mille personnes du tabagisme dès la première année de son application.

Une mesure plébiscitée par l’opinion publique

Selon une enquête réalisée par Ash, en partenariat avec l’institut de sondage YouGov, le relèvement de l’âge de la vente de tabac rencontre le soutien de l’opinion publique et dépasse les clivages partisans. Ainsi, 64% des anglais adultes déclarent soutenir cette mesure de santé publique, tandis que seulement 15% s’y opposent. Cette tendance se vérifie même auprès des 18-24 ans, les principaux concernés. En effet, au sein de cette tranche d’âge, 54% d’entre eux affirment soutenir la mesure, et seulement 24% s’y opposer.

Une mesure juridiquement envisageable

Si la majorité, en Angleterre comme en France, est fixée à 18 ans, ce chiffre demeure arbitraire, et ne signifie pas nécessairement qu’un individu devient à ce stade un adulte sur tous les plans. D’un point de vue sanitaire et biologique, le développement cérébral n’est ainsi pas encore totalement achevé. De ce fait, plus l’âge d’initiation au tabagisme est bas, plus la personne risque de développer une forte addiction à sa consommation. Par ailleurs, le passage des 18 ans ne se traduit pas par l’acquisition par l’individu de l’entièreté de ses droits. En effet, un certain nombre d’exceptions subsistent : en France, une personne doit par exemple avoir 21 ans pour pouvoir prétendre au permis des poids lourds excédant 7,5 tonnes, et doit attendre 24 ans pour se présenter aux élections sénatoriales. De ce fait, l’élargissement de l’âge de vente de tabac à 21 ans est donc juridiquement envisageable.

F.T

Mots clés : Interdiction, 21, mineurs, ASH, The Lancet, étude, Angleterre

Crédit photo : ©BELPRESS/MAXPPP/GERARD HOUIN

©Génération Sans Tabac


[1] ASH, On World No Tobacco Day ASH calls on Government to do more to protect young people and consult on raising the age of sale to 21, 28/05/2021, (consulté le 31/05/2021)

[2] Spatial, temporal, and demographic patterns in tobacco smoking prevalence and attributable disease: a systematic analysis of 204 countries and territories from the Global Burden of Disease Study 2019, The Lancet. 2021, (27/05/2021)

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 31 mai 2021