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Interdiction de vente, taxation : les pistes du Royaume-Uni pour sortir du tabac

Le Royaume-Uni, dans la perspective d’éradiquer l’épidémie tabagique dans la prochaine décennie, examine un certain nombre de mesures visant à réduire la consommation de tabac. Entre autres, est notamment envisagée la possibilité d’augmenter sensiblement les taxes sur le chiffre d’affaires de l’industrie du tabac, celle de relever l’âge légal pour vendre des produits du tabac, ou encore celle de restreindre l’accès aux nouveaux produits de la nicotine, comme les cigarettes électroniques.

Une mission sur le tabagisme, mandatée par le ministère de la Santé, a été mise en place au Royaume-Uni afin de procéder à une évaluation de l’objectif de parvenir à sortir du tabagisme d’ici 2030, c’est-à-dire que moins de 5% de la population adulte dans le pays soit consommatrice de produits du tabac à cette date.

Faire supporter une partie des dépenses de santé par l’industrie du tabac

Sur la base du principe du pollueur-payeur, la mission sur le tabagisme, dirigée par Javed Khan, ancien directeur général de l’ONG caritative Bernardo’s, propose l’adoption d’une nouvelle taxe annuelle d’environ 700 millions de livres sterling (830 millions d’euros), basée sur le chiffre d’affaires des fabricants de tabac. Javed Khan, présenté comme la « tsar antitabac du gouvernement » par The Telegraph, dénie le caractère radical d’une telle proposition. Selon lui, ce nouvel impôt permettrait surtout de faire supporter une partie du coût sanitaire engendré par la consommation de tabac par l’industrie elle-même, plutôt que par les pouvoirs publics, et notamment la sécurité sociale.

Interdiction de vente de tabac : deux scénarios envisagés

D’autres mesure complémentaires sont à l’étude dans le cadre de cette mission sur le tabagisme. En particulier, la mission envisage la possibilité de relever l’âge minimum de vente de produits de tabac à 25 ans, contre 21 ans actuellement. En tant qu’alternative à cette mesure, Javed Khan a également annoncé étudier de près l’exemple Néo-Zélandais, et en particulier la mise en place d’une interdiction progressive de vente de tabac. Ainsi, toute personne née à partir de 2008 pourrait ne jamais pouvoir acheter de produits du tabac. Enfin, dans l’objectif de limiter la consommation de cigarettes électroniques, celles-ci pourraient n’être délivrées qu’après l’obtention d’une ordonnance. Toutefois, la mission a souligné le manque de preuves scientifique sur les effets à long terme de la consommation de cigarettes électroniques.

Le coût sanitaire et humain du tabac au Royaume-Uni

Comme le mentionne Javed Khan, si la lutte contre le tabagisme a fait de grands progrès au cours de ces deux dernières décennies, la consommation de tabac demeure un enjeu sanitaire majeur pour le pays. En 2009, 22% des hommes et 20% des femmes étaient fumeurs quotidiens, contre respectivement 17% et 14% en 2019. Toutefois, le Royaume-Uni compte encore sept millions de fumeurs, tandis que les inégalités sociales face au tabagisme semblent persister. Dans certaines régions du pays, la prévalence tabagique atteint 30% de la population adulte. Ainsi, le tabagisme est responsable de la mort prématurée de 74 000 personnes dans la seule Angleterre, et de plus d’un demi-million d’admissions à l’hôpital pendant l’année 2019-2020, en pleine période de Covid-19.

Mots-clés : Royaume-Uni, Mission

©Génération Sans Tabac

FT


Comité national contre le tabagisme |

Publié le 29 avril 2022