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L’initiation tabagique est plus précoce dans les pays à revenu faible, mais plus répandue dans les pays à revenu élevé

Une étude macroéconomique confirme que la prévalence de l’initiation tabagique des adolescents augmente avec le niveau de revenu des pays. L’âge des premières cigarettes est quant à lui nettement plus précoce dans les pays à revenu faible que dans ceux à revenu élevé, en particulier pour les filles.

Une équipe de chercheurs chinois a analysé les comportements d’initiation tabagique d’adolescents de 147 pays, à partir des données de l’étude Global Youth Tobacco Surveys (GYTS) mise en place par l’Organisation Mondiale de la santé (OMS). Cette nouvelle analyse s’est attachée à mettre en relation les comportements tabagiques des adolescents avec le niveau de revenus des pays et des régions, et selon le sexe des individus[1]. L’étude chinoise s’est appuyée sur les données relevées en milieu scolaire entre 1999 et 2018 auprès de 456 634 adolescents âgés de 12 à 16 ans.

L’âge de la première cigarette plus précoce dans les pays à revenu faible

Les résultats indiquent que 12,2 % des garçons et 6,7 % de filles ont expérimenté une première cigarette, ce qui est cohérent avec une autre analyse de ces mêmes données sur 143 pays, indiquant une prévalence respective de 11,3 % et 6,1 % pour les seules cigarettes. Cette prévalence de l’expérimentation diffère sensiblement selon le niveau de revenu des pays : elle est faible dans les pays à revenu faible (8 % pour les garçons, 3 % pour les filles), augmente avec le niveau de revenu et est maximale dans les pays à revenus élevés (15,6 % pour les garçons, 10,1 % pour les filles), notamment dans la région Europe (17,4 % et 10,7 %). L’analyse par quantiles selon les revenus nationaux per capita permet pour sa part d’observer que cette prévalence de l’expérimentation augmente du quantile Q1 à Q4, mais décroît ensuite dans le quantile Q5. La prévalence pour les garçons est supérieure à celle des filles dans tous les quantiles, sauf en Q4.

L’âge moyen de la première cigarette est globalement de 12 ans pour les garçons et de 11,9 ans pour les filles, avec de fortes variations. L’initiation au tabagisme se révèle en effet plus précoce chez les filles dans les pays à revenu faible (10,7 ans, contre 11,8 ans pour les garçons) que dans les pays à revenu intermédiaires (12,3 ans) ou élevé (12,4 ans).

Les adolescents devenus fumeurs ont généralement expérimenté leur première cigarette précocement. Cette première cigarette est généralement consommée entre 12 et 15 ans, mais 16 % des filles et 13,2 % des garçons l’ont consommée à 7 ans ou moins, et plus d’un quart d’entre eux l’ont expérimentée entre 8 et 11 ans. Si 35,5 % des filles des pays à revenu élevé (contre 41,8 % des garçons) testent leur première cigarette à 12 ans ou moins, elles sont 58,1 % (contre 46,6% des garçons) dans cette situation dans les pays à revenu faible. Les régions de l’Est méditerranéen, d’Afrique et d’Asie du Sud-Est sont les plus touchées par ce phénomène de précocité de l’expérimentation des filles. Cette dernière y est antérieure de deux ans en moyenne.

Des mesures de prévention soutenues à concentrer sur la tranche 10-13 ans

L’étude confirme par ailleurs que la période entre 10 et 13 ans constitue un moment crucial de l’initiation tabagique, tant pour l’âge des premières cigarettes (en moyenne entre 10,5 et 12,5 ans) que pour l’installation du tabagisme. Elle corrobore également le lien entre l’âge de la première cigarette et le tabagisme ultérieur.

Les auteurs de cette étude macroéconomique en concluent la nécessité de développer des programmes de prévention « continus et intensifs » de l’initiation au tabagisme ciblés sur des populations spécifiques, notamment vers les filles dans les pays à revenu faible, et sur la tranche d’âge 10-13 ans dans toutes les régions et plus spécialement en Europe. Ils préconisent de mobiliser les méthodes de lutte contre le tabagisme qui ont fait leur preuve, en particulier l’augmentation du prix des produits du tabac, ce prix étant déterminant chez les filles au moment de l’initiation et chez les garçons durant l’installation du tabagisme. Le relèvement de l’âge légal de vente de tabac est également préconisé, en ce qu’il permet de retarder le moment de l’initiation tabagique.

L’étude ne porte toutefois que sur la consommation de cigarettes, qui reste la principale forme de tabac consommée, et ne s’est pas penchée sur les autres produits du tabac et de la nicotine, en plein essor ces dernières années. Les limites de l’étude sont aussi de s’appuyer sur des réponses auto-déclarées et de ne renseigner que les comportements des adolescents scolarisés, les consommations réelles pouvant être encore supérieures dans tous les pays, quels qu’ils soient.

Mots-clés : Initiation, première cigarette, pays à revenu faible ou intermédiaire, GYTS

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Liu H, Qi Q, Duan Y, et al. Sex and macroeconomic differences and trends in early attempts at cigarette smoking among adolescents: findings from 147 countries. BMC Med 20, 311 (2022).

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 26 septembre 2022