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Indice mondial d’ingérence de l’industrie du tabac. Focus sur l’Afrique

Une fiche d’information[1] mettant en avant les performances de neuf pays en Afrique impliqués dans l’enquête 2020 de l’ingérence de l’industrie du tabac. Elle a été réalisée par l’Alliance africaine pour la lutte contre le tabagisme (ATCA) en collaboration avec le Centre africain de surveillance et de recherche sur les politiques de l’industrie du tabac (ATIM).

Neuf pays africains (Afrique du Sud, Ethiopie, Ghana, Kenya, Mozambique, Nigéria, Ouganda, Tanzanie et la Zambie) ont participé à l’édition 2020 de l’Indice mondial d’interférence de l’industrie du tabac.  L’indice 2020 a révélé que l’industrie du tabac utilisait des tactiques similaires dans divers pays. Les stratégies d’interférence les plus fréquemment rapportées incluent la promotion autour d’initiatives dites de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), l’instrumentalisation de médias pour façonner l’opinion publique ou promouvoir les produits du tabac mais aussi faire pression sur les décideurs. Cette modalité est d’autant plus déployée lorsqu’il s’agit d’influencer un processus législatif / réglementaire. La période de pandémie de Covid 19 a également été propice à ce type d’interférence. L’industrie du tabac a intensifié ses activités de RSE pendant la pandémie et d’une manière générale son lobbying sur le continent africain[2]. Quelques exemples :

  • La Tanzanie et la Zambie, les deux pays qui apparaissent comme les plus perméables à l’ingérence de l’industrie du tabac en d’Afrique, ont retardé la législation antitabac en raison des interventions de l’industrie du tabac ;
  • En Ethiopie, Japan Tobacco International a le droit d’intervenir dans l’élaboration des réglementations relatives au tabac en y indiquant ses « commentaires » ;
  • Au Ghana, l’industrie du tabac a obtenu un délai de 18 mois pour la mise en œuvre des avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes ;
  • Au Mozambique, l’industrie du tabac bénéficie d’avantages particuliers notamment une exonération des droits à l’exportation ;
  • En Afrique du Sud, l’industrie du tabac a attaqué les dispositions du gouvernement et a recours aux activités de RSE par l’intermédiaire d’ONG impliquées dans des programmes des centres éducatifs afin de redorer son image et s’imposer comme un acteur de la prévention ;

Ce bilan souligne l’importance des stratégies déployées par les fabricants dans ce continent pour influencer les politiques publiques en leur faveur. Cependant, l’étude réalisée souligne que les pays ne sont pas condamnés à cette situation. Ainsi, l’Ouganda s’est hissé à la 3ème place des 57 pays étudiés à l’échelle internationale en raison de ses efforts de lutte contre l’ingérence de l’industrie. Le pays est ainsi parvenu à adopter l’une des législations antitabac les plus protectrices de la région.

Cette étude souligne ainsi la nécessité au sein d’un même pays d’une approche multisectorielle pour protéger les politiques publiques de lutte contre le tabagisme à l’égard de l’ingérence de l’industrie du tabac. Elle recommande également d’adopter une démarche pangouvernementale en la matière.

Enfin, cette étude rappelle les modalités concrètes à mettre en œuvre pour parvenir à cette protection des politiques publiques. Celles-ci sont définies dans l’article 5.3 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et les directives d’application qui s’y réfèrent. Des exemples de pays à suivre sont également mentionnés en appui.

Mots clés : Afrique, Ingérence, Industrie du tabac

©Génération Sans Tabac


[1] Fiche – Afrique : Indice d’interférence de l’industrie du tabac 2020, ATCA – ATIM, 26 novembre 2020, consulté le 30 novembre 2020

[2] Génération Sans Tabac, L’ACTA exhorte les pays africains à résister aux pressions de l’industrie du tabac avec la crise du Covid 19, 21 avril 2020, consulté le 30 novembre 2020

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 30 novembre 2020