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La Fondation Philip Morris pour « un monde sans fumée »

La Fondation « pour un monde sans fumée » fut mise en place en septembre 2017  par le cigarettier Philip Morris. Celle-ci affirme au contraire, encore aujourd’hui, être une « organisation indépendante à but non lucratif engagée dans la réduction des décès et des maladies causées par le tabagisme ».

L’analyse de son budget concernant les produits de l’année 2019 révèle une tout autre situation. Plus de deux ans après avoir déclaré vouloir obtenir d’autres bailleurs de fonds, cette fondation reste uniquement financée par Philip Morris International (PMI) qui l’utilise comme outil dans sa stratégie de relations publiques

Philip Morris est une société multinationale qui a exporté en 2019, plus de 700 milliards de cigarettes dans le monde, avec un chiffre d’affaires net de 78 milliards de dollars US alors même que cette entreprise a affirmé « vouloir cesser la vente de cigarettes classiques »

La Fondation s’affiche comme une organisation scientifique, cependant, près d’un tiers (31%, soit 24,5 millions de dollars) de son budget a été consacré, entre autres, aux salaires, aux relations publiques et aux frais juridiques. Selon la première analyse de la déclaration de revenus effectuée par le Tobacco Control Research Group (TCRG) de l’Université de Bath, partenaire de STOP, seule la moitié environ (41 millions de dollars) a a concerné des financements de subventions.

Le Tobacco Control Research Group a par ailleurs constaté que de nombreuses subventions financent ce qui relève davantage de relations publiques et d’activités de lobbying que de recherche scientifique. Ces financements comprennent  la prise en charge des actualités de VIDA, un site écran de l’industrie du tabac pour « accroître la sensibilisation du public aux causes des dangers du tabagisme et à la disponibilité d’alternatives » ; le Réseau international des organisations de consommateurs de nicotine (INNCO) pour « promouvoir la réduction des méfaits du tabac sur la scène mondiale » et la Fondation Conrad pour organiser des concours scientifiques pour les enfants. Toutes ces structures développent un même message associé à la promotion des nouveaux produits du cigarettier.

La Fondation travaille encore largement avec les organisations de lobbying et relations publiques, avec les cabinets juridiques et les agences de communication ayant des liens historiques et / ou actuels avec l’industrie du tabac. Les sociétés Ogilvy et Ruder Finn qui ont travaillé avec Philip Morris pendant des décennies pour aider à créer des doutes sur les méfaits du tabac, en constituent une illustration.

En dépit de dépenses financières massives auprès de ces agences de communication et relations publiques, La Fondation semble avoir du mal à obtenir une légitimité et à établir des liens crédibles avec les établissements universitaires. Seuls 16% des boursiers de la Fondation sont basés dans un établissement universitaire.

La Fondation semble également avoir de plus en plus de mal à recruter du personnel. La Fondation a dépensé des sommes énormes pour tenter de trouver de nouveaux employés. Elle a dépensé plus de 852000 $ en consultants en recrutement en 2019, soit 11 fois plus que ses dépenses de recrutement en 2018.

Il apparaît ainsi que la Fondation est avant tout un groupe de façade pour le cigarettier Philip Morris. Ce dernier y investit des sommes conséquentes à des fins essentiellement de relations publiques. Les sommes sont néanmoins sensiblement moindres que les investissements du même cigarettier dans les sports mécaniques afin de promouvoir directement ses produits.

Dans cette perspective, les autorités sanitaires alertent sur les véritables finalités de cette structure au service du cigarettier qui sont incompatibles avec les objectifs de santé publique.

©Génération Sans Tabac


©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 25 mai 2020