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États-Unis : les enfants exposés au tabagisme passif plus souvent admis à l’hôpital

Selon une recherche menée par l’Université de Cincinnati[1], les enfants exposés à la fumée de tabac sont plus souvent admis aux urgences et hospitalisés que les enfants non exposés, ce qui contribue à un lourd tribut pour le système de santé du pays.

L’exposition à la fumée de tabac contribue considérablement à l’augmentation des dépenses de santé aux États-Unis. Malgré des progrès majeurs dans la lutte antitabac et une prévalence tabagique historiquement basse, environ 40% des enfants restent exposés à la fumée de tabac dans le pays. Les enfants exposés à la fumée du tabac présentent un risque accru d’infections respiratoires, d’otites, d’asthme et de syndrome de mort subite du nourrisson. À ce titre, la réduction de l’exposition des enfants au tabagisme passif a été identifiée par l’Organisation mondiale de la santé[2] comme une priorité mondiale de santé publique.

L’étude a analysé les dossiers médicaux électroniques de 380 enfants exposés à la fumée du tabac et 1 140 enfants non exposés. Les âges couverts dans les deux groupes allaient de la naissance à l’âge de 17 ans. L’exposition au tabagisme passif correspondait à l’inhalation de la fumée par l’enfant émise par un produit du tabac allumé non consommé par celui-ci, et l’absorption par l’enfant de particules de la fumée du tabac incrustées dans la pièce (tabagisme tertiaire).

L’exposition au tabagisme passif représente un coût supplémentaire pour le système de santé

Selon les résultats de l’étude, le pourcentage d’enfants ayant au moins une visite de soins en urgence au cours des 12 derniers mois était plus élevé dans le groupe d’enfants exposés à la fumée de tabac (52,4%) que dans le groupe d’enfants non exposés (45,1%). Dans l’ensemble, les enfants issus du groupe « exposés à la fumée de tabac » présentaient un risque presque deux fois plus élevé d’admissions à l’hôpital que ceux du groupe « non exposés ». Le coût moyen d’une visite aux urgences pédiatriques était sensiblement plus élevé : $1 137 en moyenne lorsqu’il s’agissait d’un enfant exposé à la fumée de tabac, contre $1 1019 en moyenne pour un enfant non exposé, soit une différence de 118$.

Les études suggèrent généralement que le tabagisme représente de 6 à 14% — avec la plupart des estimations entre 6 et 8%— des dépenses annuelles totales de santé aux États-Unis[3]. La perte de productivité attribuée spécifiquement aux décès prématurés liés à l’exposition à la fumée de tabac est estimée à environ $6,6 milliards[4], mais ce montant est largement sous-estimé car il ne tient pas compte de la valeur de la perte de productivité et de la qualité de vie liées à l’exposition à la fumée de tabac. La littérature disponible n’a pas spécifiquement étudié l’exposition des enfants à la fumée du tabac et les coûts globaux des soins des service d’urgence et des services pédiatriques. Les recherches antérieures évaluaient uniquement les patients asthmatiques et ne prenaient pas en compte d’autres pathologies. Cependant, une étude de 2008 a estimé que chez les enfants, jusqu’à l’âge de 4 ans, l’exposition à la fumée de tabac était associée à 117 millions de dollars en frais de santé pour des affections respiratoires[5].

Mieux informer les parents des risques liés à l’exposition à la fumée du tabac

L’étude recommande que les professionnels de santé développent une prévention ciblée vers les parents et abordent les risques de l’exposition des enfants à la fumée de tabac lors de toute consultation pédiatrique.  La principale source d’exposition à la fumée du tabac chez les enfants est le tabagisme des parents. Par conséquent, les interventions visant à réduire l’exposition des enfants à la fumée de tabac se concentrent sur des modalités pratiques visant à supprimer l’exposition de l’enfant à la fumée de tabac (par exemple en faisant en sorte que les parents ne fument pas dans la voiture), et en soutenant l’arrêt du tabac des parents avec une prévention des rechutes.

Les services des urgences pédiatriques ne sont pas actuellement utilisés dans une optique de soutien à l’arrêt du tabac des parents fumeurs. Selon une étude, aux États-Unis, plus de 50% des parents fumeurs qui se présentent aux urgences pédiatriques se déclarent motivés à arrêter, réceptifs aux interventions d’arrêt et conscients que l’exposition à la fumée de tabac est nocive pour la santé de leur enfant[6]. Les parents se montrent plus réceptifs aux messages de prévention lorsque les visites concernent directement leurs enfants plutôt qu’eux-mêmes.

Mots clés : États-Unis, Tabagisme passif, Tabagisme tertiaire, enfants, Santé, Coût

©Génération Sans Tabac


[1] Ashley L. Merianos ,Roman A. Jandarov,Judith S. Gordon,Michael S. Lyons,E. Melinda Mahabee-Gittens, Healthcare resources attributable to child tobacco smoke exposure, February 23, 2021 doi.org/10.1371/journal.pone.0247179

[2] World Health Organization. WHO Report on the Global Tobacco Epidemic 2013: Enforcing Bans on Tobacco Advertising, Promotion and Sponsorship. Geneva, Switzerland: World Health Organization Tobacco Free Initiative; 2013.

[3] Congressional Budget Office, Raising the Excise Tax on Cigarettes: Effects on Health and the Federal Budget, juin 2012

[4] Mason J, Wheeler W, Brown MJ. The economic burden of exposure to secondhand smoke for child and adult never smokers residing in U.S. public housing. Public Health Rep. 2015;130:230–244. pmid:25931627

[5] Hill SC, Liang L Smoking in the home and children’s health Tobacco Control 2008;17:32-37.

[6] Mahabee-Gittens, E.M.; Khoury, J.C.; Ho, M.; Stone, L.; Gordon, J.S. A smoking cessation intervention for low-income smokers in the ED. Am. J. Emerg. Med. 2015, 33, 1056–1061

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 25 mars 2021