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États-Unis : comment et pourquoi deux tiers des vapoteurs souhaitent arrêter

Une étude étasunienne s’est penchée sur les utilisateurs de cigarettes électroniques ayant fait au moins une tentative d’arrêt du vapotage. En explorant les motivations, les attentes et les méthodes de ces vapoteurs, les auteurs esquissent quelques pistes en vue d’élaborer une méthode d’arrêt du vapotage basée sur la preuve scientifique.

Aux États-Unis, l’étude PATH (Population Assessment of Tobacco and Health) a montré que près des deux tiers des usagers de cigarettes électroniques souhaitent arrêter de vapoter[1], une proportion similaire à celle des fumeurs souhaitant arrêter de fumer. Très peu d’études ayant été consacrées au sevrage des cigarettes électroniques, il n’existe actuellement aucune recommandation scientifique validée pour ce type de sevrage. C’est à partir de ces constats qu’une équipe de chercheurs a voulu explorer les motivations, les attentes et les méthodes utilisées par les vapoteurs souhaitant arrêter la cigarette électronique.

L’étude s’appuie sur un échantillon de convenance puisé sur une plateforme de production participative. Les participants devaient parler anglais, avoir plus de 18 ans, avoir utilisé régulièrement une cigarette électronique au cours de leur vie et avoir essayé au moins une fois d’arrêter la cigarette électronique. Un questionnaire leur était soumis afin de recueillir leurs données sociodémographiques, leurs usages et leurs tentatives d’arrêt des cigarettes électroniques, ainsi que leurs usages de différents produits du tabac. Un échantillon de 787 adultes fut retenu, après avoir exclu 350 questionnaires incomplets ou non utilisables[2].

Une méconnaissance des taux de nicotine délivrés

Les résultats indiquent que 72 % des participants ont utilisé une cigarette électronique dans les 30 derniers jours. La proportion réelle de personnes ayant complètement arrêté le vapotage est plus incertaine, 42 % des participants l’ayant déclaré, mais une grande partie d’entre eux déclaraient également avoir un usage actuel ; ceci suggère, pour d’autres études, de formuler plus précisément ce que signifie d’avoir « complètement arrêté » et de situer cette expérience dans le temps.

Actuel ou passé, l’usage des cigarettes électroniques est observé dans les 30 minutes après le réveil pour 67 % des participants. 89 % des cigarettes électroniques utilisées contenaient de la nicotine, mais 23 % des participants n’étaient pas en mesure d’indiquer ce taux de nicotine. Les taux de nicotine rapportés semblaient d’autre part sous-estimés. Dans cet échantillon, 77 % des appareils utilisés étaient des cigarettes électroniques à systèmes fermés, qu’il s’agisse de systèmes avec pods ou cartouches (51 %) ou de cigarettes électroniques jetables (26 %), ce qui peut expliquer l’importante méconnaissance des taux de nicotine délivrés.

Une proportion importante de vapofumeurs

L’usage duel de cigarettes électroniques et de cigarettes classiques dans les 30 derniers jours a été déclaré par 53 % des répondants, seuls 19 % déclarant un usage exclusif de cigarettes électroniques, des données qui contrastent avec celles d’autres études. Si 60 % des participants ont indiqué avoir consommé des cigarettes classiques dans les 30 derniers jours, les usages des autres produits du tabac laissent apparaître une plus forte expérimentation des cigares sur la vie entière.

84 % des participants avaient tenté de se sevrer de la cigarette électronique dans l’année écoulée, 57 % ayant privilégié la méthode du sevrage brutal, les autres méthodes étant la diminution de l’usage (56 %), la réduction du taux de nicotine (38 %), les traitements nicotiniques de substitution (15 %) et le changement d’arôme (12 %). Des résultats qui semblent proches de ceux spontanément évoqués par les fumeurs souhaitant se sevrer des cigarettes classiques. D’importants symptômes de manque ont été déclarés lors des sevrages de cigarettes électroniques, notamment un intense craving (41 %), des maux de tête (30 %) et de l’anxiété (23 %).

Les préoccupations de santé, premier motif d’arrêt du vapotage

Parmi les motifs d’arrêt de la cigarette électronique, les thèmes de santé (42 %) et de coûts (23 %) étaient les premiers évoqués, ce qui est cohérent avec les autres données disponibles. 19 % des participants ont déclaré vouloir stopper la cigarette électronique car elle ne leur avait pas permis de se sevrer des cigarettes classiques, ce qui est proche des résultats de deux vagues de l’étude PATH (vague 4 2016-2018, vague 5 2019-2019). Parmi les personnes jugées pertinentes pour délivrer des conseils de sevrage via concernant l’utilisation de cigarettes électroniques, les médecins et autres soignants (63 %) apparaissaient en tête, suivis par la famille et les amis (45 %) et les scientifiques (42 %).

Les auteurs reconnaissent que les données issues de cette étude sont imparfaites, mais soulignent qu’elles ont le mérite de défricher un champ encore peu exploré et qu’elles restent en partie cohérentes avec d’autres études, malgré la faible représentativité de l’échantillon. En matière de sevrage des cigarettes électroniques, ils préconisent de s’appuyer sur les conseils de soignants, combinés à un soutien moral actif de la part de l’entourage. Le traitement des symptômes de manque dus aux cigarettes électroniques leur paraît pouvoir être assuré par des traitements nicotiniques de substitution. Le statut tabagique des vapoteurs leur semble capital à déterminer, les stratégies d’arrêt du vapotage étant assez similaires à celles de l’arrêt du tabac.

Mots-clés : cigarette électronique, sevrage, manque, TSN, vapoteurs,

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Rosen RL, Steinberg ML. Interest in Quitting E-cigarettes Among Adults in the United States. Nicotine Tob. Res. 2020, 22, 857–858.

[2] Bluestein MA, Bejarano G, Tackett AP, Duano JC, Rawls SG, Vandewater EA, Ahluwalia JS, Hébert ET. E-Cigarette Quit Attempts and Experiences in a Convenience Sample of Adult Users. International Journal of Environmental Research and Public Health. 2023; 20(3):2332.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 1 mars 2023