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États-Unis : 6 vapoteurs adultes sur 10 souhaitent arrêter

Selon une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association par des chercheurs du MUSC Hollings Cancer Center, plus de 60% des adultes américains de plus de 18 ans qui utilisent la cigarette électronique souhaitent arrêter.

L’étude[1], qui a analysé les données d’enquêtes longitudinales de plus de 30 000 adultes à travers le pays, visait à fournir l’estimation du nombre d’Américains souhaitant arrêter leur utilisation de la cigarette électronique ou ayant déjà tenté d’arrêter.

Environ 3% des adultes états-uniens de plus de 18 ans consomment régulièrement des cigarettes électroniques, la majorité étant des fumeurs ou d’anciens fumeurs de cigarettes manufacturées. L’utilisation la plus courante des cigarettes électroniques se fait dans le cadre de tentatives d’arrêt du tabac, mais les résultats de l’étude montrent que l’utilisation de la cigarette électronique se poursuit simultanément avec les produits du tabac ou après l’arrêt des cigarettes combustibles.

Quel que soit le profil de consommateurs, une majorité d’utilisateurs de cigarettes électroniques souhaiterait arrêter de vapoter

Parmi les répondants identifiés comme des utilisateurs réguliers de produits du vapotage, 31% étaient d’anciens fumeurs utilisant exclusivement la cigarette électronique, 54% avaient une double consommation (vapotage et produits du tabac), et 14% consommaient uniquement des produits du vapotage mais n’avaient jamais fumé auparavant.

Les tentatives d’arrêt de la cigarette électronique et la volonté d’arrêt diffèrent selon les groupes.  Les personnes qui n’ont jamais fumé étaient les plus nombreuses à avoir fait des tentatives d’arrêt dans les 12 mois précédents, (21%), suivies des co-consommateurs (15%) et des anciens fumeurs (8%).  En ce qui concerne les intentions d’arrêt, la répartition diffère : les anciens fumeurs représentaient la plus forte proportion indiquant « prévoir d’arrêter » (66%), suivis des co-consommateurs (59%) et de ceux n’ayant jamais fumé (55%).

Les cigarettes électroniques entretiennent la dépendance à la nicotine

La cigarette électronique est utilisée par un nombre croissant de fumeurs dans une optique de réduction des risques et pour essayer d’arrêter de fumer. Selon les résultats de cette étude, de nombreuses personnes continuent cependant de vapoter même après avoir arrêté de fumer. Ceux qui ne peuvent pas arrêter de fumer finissent souvent par utiliser simultanément des cigarettes traditionnelles et des cigarettes électroniques. Selon les auteurs de l’étude, cette double consommation est spécifique à la cigarette électronique car il n’y a pas cette double consommation durable avec les substituts nicotiniques. Ainsi il est rare de voir une personne utiliser encore un patch ou des gommes à la nicotine des mois ou des années après avoir arrêté de fumer.

Contrairement aux autres traitements par substitution nicotinique, les cigarettes électroniques sont conçues pour induire une dépendance, ce qui rend difficile pour les consommateurs d’arrêter leur consommation. Les personnes qui consomment à la fois des cigarettes et des cigarettes électroniques déclarent souvent se sentir plus dépendantes et avoir du mal à arrêter l’un ou l’autre de ces produits[2]. L’une des explications réside dans le fait que les vapoteurs sont exposés à des doses plus élevées de nicotine par rapport aux personnes qui fument des cigarettes traditionnelles, car les cigarettes électroniques sont utilisées de manière continue dans la journée et dans des endroits où il est interdit de fumer des cigarettes traditionnelles[3]. De plus, les produits du vapotage font l’objet d’un marketing très offensif, notamment de la part de l’industrie du tabac, dans l’espoir de récupérer et pérenniser la consommation des fumeurs traditionnels à travers une « alternative plus saine », rendant plus difficile l’arrêt.

Les dangers d’une double consommation cigarette électronique – tabac

Les fumeurs qui réduisent leur quantité de tabac fumé et utilisent également des cigarettes électroniques pensent à tort réduire leurs risques et améliorer leur santé. Or, il n’existe pas de seuil au-dessous duquel les risques sur la santé sont nuls dans le domaine du tabagisme[4]. De faibles consommations induisent des risques. Ainsi consommer même une cigarette par jour comporte des risques et seul l’arrêt complet apporte des bénéfices nets sur la santé. Selon une étude présentée au Congrès annuel de l’European Respiratory Society[5], par comparaison avec ceux n’ayant jamais fumé, les « petits fumeurs » meurent deux fois plus de maladies respiratoires et huit fois plus de cancer du poumon pour lequel la durée d’exposition est déterminante. Des données récentes ont par ailleurs montré que,  par comparaison avec les personnes n’ayant jamais fumé, une cigarette fumée par jour augmente le risque d’infarctus de 57 % chez la femme et de 48% chez l’homme, et le risque d’AVC respectivement de 31% et 25%[6].

Mots clés : Etats-Unis, Vapotage, Cigarette électronique, Arrêt, Nicotine, Addiction

©Génération Sans Tabac


[1] Dai  H, Leventhal  AM.  Prevalence of e-cigarette use among adults in the United States, 2014-2018.   JAMA. 2019;322(18):1824-1827. doi:10.1001/jama.2019.15331

[2] Emily Henderson, Study: More than 60% of adult e-cigarette users in the U.S want to quit, News Medical, 3 avril 2021, consulté le 7 avril 2021

[3] Jankowski M, Krzystanek M, Zejda JE, et al. E-Cigarettes are More Addictive than Traditional Cigarettes-A Study in Highly Educated Young People. Int J Environ Res Public Health. 2019;16(13):2279. Published 2019 Jun 27. doi:10.3390/ijerph16132279

[4] Génération Sans Tabac, « Petit fumeur » ne signifie pas « petits risques », bien au contraire, 10 septembre 2020, consulté le 7 avril 2021

[5] Oelsner, E. C., Balte, P. P., et Al.. (2020). Lung function decline in former smokers and low-intensity current smokers: a secondary data analysis of the NHLBI Pooled Cohorts Study. The Lancet Respiratory Medicine8(1), 34-44. https://doi.org/10.1016/S2213-2600(19)30276-0

[6] Hackshaw A , Morris JK , Boniface S , Tang J-L , Milenković D Low cigarette consumption and risk of coronary heart disease and stroke: meta-analysis of 141 cohort studies in 55 study reports BMJ 2018 ;360 :j5855 DOI: 10.1136/bmj.j5855

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 8 avril 2021