Le ministre espagnol de la santé et une vingtaine d’associations de santé ont soutenu une déclaration demandant au gouvernement espagnol de poser les bases de la première génération sans tabac d’ici 2030. À cette date, la déclaration fixe pour objectif d’abaisser à 5% ou moins le pourcentage de fumeurs et de consommateurs de nouveaux produits à base de nicotine et à 2% ou moins en 2040[1].
La déclaration comprend une série de mesures à court, moyen et long terme visant à protéger le droit à la santé des citoyens espagnols, conformément aux obligations du gouvernement en vertu de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). Contrairement à certains de ses voisins européens qui ont mis en place un arsenal de mesures pour lutter contre le tabagisme, l’Espagne n’a pas développé de stratégie claire ces dernières années. En 2020, plus de 32% de la population âgée de 15 ans et plus consommaient quotidiennement du tabac et le tabagisme est à l’origine de plus de 60 000 décès prématurés dans le pays.
En 2010, l’Espagne a interdit de fumer dans les lieux publics intérieurs, les lieux de travail intérieurs et les transports en commun et a abrogé les dispositions autorisant les fumoirs. Cependant la législation en vigueur n’est pas respectée et le secteur de l’accueil et de la restauration a généralisé l’aménagement de terrasses extérieures fermées où les gens fument. Une situation qui profite à l’industrie du tabac selon les associations qui exigent une mise en conformité rapidement[2].
De nouvelles mesures de lutte antitabac à venir d’ici février 2021 en Espagne
Le ministre de la santé et les organisations ont formulé une série de nouvelles mesures dont les détails devraient être annoncés le 27 février prochain au Congrès des députés. Elles prévoient l’élimination de nombreux points de vente (distributeurs automatiques, stations-service, hôtels…), seuls les buralistes seront habilités à vendre du tabac avec un contrôle renforcé de l’âge des acheteurs. L’ensemble des produits du tabac et de la nicotine seront soumis à ces restrictions. La déclaration va plus loin en appelant à un abandon progressif de la vente de produits du tabac en interdisant aux détaillants de tabac de vendre des produits du tabac aux personnes nées après 2007. En d’autres termes, ceux qui atteindront 18 ans en 2025 ou après constitueraient la première génération sans tabac d’Espagne.
Les associations exigent aussi du gouvernement espagnol la mise en place de politiques fiscales efficaces afin de réduire la prévalence du tabagisme, notamment chez les jeunes. Elles citent en exemple la politique fiscalede la France et son prix du paquet de cigarettes actuellement à 10 euros. Une augmentation soutenue des prix garantirait également que les politiques de prévention du tabagisme des pays voisins ne soient pas sapées partiellement par des achats transfrontaliers. Les associations appellent également le gouvernement à suivre certains de ses partenaires européens qui ont adopté un conditionnement neutre pour les produits du tabac.
Mots clés : Espagne, Génération Sans tabac,
[1] Laurent Huber, Ubaldo Cuadrado García de Arboleya, Raquel Fernández Megina and Leonardo Visconti, Spain: Civil Rights and Public Health Organizations Press Government for a Tobacco Endgame by 2030, Tobacco Control Blog, 19 janvier 2021 consulté le jour-même
[2] Asociaciones médicas y civiles exigen un final de partida para el tabaco en 2030, Facua, 30 décembre 2020, consulté le 19 janvier 2021
