L’étude en milieu scolaire ESPAD est réalisée depuis 1995 en collaboration avec l’Union européenne et porte sur la consommation de drogues des jeunes : tabac, alcool et drogues illicites auxquelles a été ajoutée dans la dernière enquête l’usage de cigarettes électroniques. Cette enquête, réalisée en 2019, a concerné près de 100 000 jeunes âgés de 15 à 16 ans issus de 35 pays du continent européen et elle souligne une réduction de la consommation de tabac[1].
Le rapport d’étude fournit des informations sur la disponibilité perçue des drogues par les jeunes, l’initiation à ces substances et l’évaluation de la consommation de ces différentes drogues dans ces tranches d’âges.
La disponibilité perçue des substances est une mesure indirecte de la facilité ou de la difficulté pour les élèves d’obtenir une drogue particulière (cigarettes, alcool et drogues illicites). Malgré des réglementations strictes sur le tabac dans la plupart des pays, en moyenne, 60% des lycéens des pays participants ont indiqué qu’ils trouvaient « assez facile » ou «très facile» de se procurer des cigarettes s’ils le voulaient.
Progression du nombre moyen de non-fumeurs mais des différences notables entre les pays
Des évolutions positives sont observées en ce qui concerne le tabagisme chez les adolescents dans tous les domaines (expérimentation, usage au cours des 30 derniers jours et usage quotidien). Près de 60% des répondants (fourchette : 85% en Islande à 42% en Slovaquie. Pour la France : 55%) ont déclaré n’avoir jamais fumé, tandis qu’un élève sur cinq (fourchette : 5% en Islande à 32% en Bulgarie et Roumanie. Pour la France : 22%) a déclaré être un fumeur quotidien. La proportion d’élèves qui ont commencé à fumer quotidiennement à un âge précoce (avant 13 ans) a très fortement diminué depuis 1995 passant de 10% à 3% (fourchette : moins de 1% aux Pays-Bas à 6% en Slovaquie. Pour la France : 2,6%). Le tabagisme quotidien, y compris l’apparition précoce de cette pratique, continue d’être plus répandu chez les garçons, mais l’écart entre les sexes continue de diminuer comme c’est le cas pour le tabagisme en général.
Malgré une évolution positive depuis 1995 où environ seulement 3 élèves européens sur 10 avaient déclaré n’avoir jamais consommé de tabac et 34% étaient des fumeurs réguliers, les jeunes Européens continuent cependant de fumer massivement par rapport à d’autres régions et d’énormes disparités subsistent entre les pays.
En ce qui concerne la cigarette électronique, l’étude indique qu’en moyenne, 40% des élèves ont déjà essayé la cigarette électronique et 14% sont des consommateurs réguliers avec des écarts importants selon les pays (5% pour la Serbie et 41% à Monaco). En France, près d’un élève sur deux a déjà expérimenté le vapotage et 16% sont des consommateurs réguliers. A noter que près d’un quart des élèves Européens ayant essayé la cigarette électronique était non-fumeur.
Une baisse expliquée par des mesures politiques de lutte antitabac
La tendance à la baisse du tabagisme est le résultat des mesures politiques adoptées au cours de ces dernières décennies. Parmi les dispositions les plus pertinentes concernant les jeunes figurent les interdictions de vente aux mineurs, sous réserve qu’elles soient appliquées, l’interdiction de toute publicité pour le tabac et une hausse des taxes.
Une étude récente[2] basée sur les données européennes ESPAD 2007-2015, comparant les pays européens ayant ou non mis en œuvre une interdiction de publicité sur les lieux de vente, a conclu que la mise en œuvre de ces réglementations était associée à une plus forte diminution du tabagisme régulier chez les jeunes.
Mots clés : Enquête, ESPAD, Europe, tabagisme, jeunes
[1] EMCDDA and ESPAD (2019), ESPAD Report 2019 — Results from the European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs, EMCDDA–ESPAD joint publications, Publications Office of the European Union, Luxembourg.
[2] Van Hurck MM, Nuyts PAW, Monshouwer K, Kunst AE, Kuipers MAG. Impact of removing point-of-sale tobacco displays on smoking behaviour among adolescents in Europe: a quasi-experimental study. Tobacco Control. 2019 Jul;28(4):401-408. DOI: 10.1136/tobaccocontrol-2018-054271.
