Actualités

En Bulgarie, la situation tabagique est problématique

Une récente étude de la Fondation Blue Link a cherché à évaluer les niveaux de prévalence tabagique chez les jeunes Bulgares, ainsi que l’opinion de ces derniers à l’égard des mesures de contrôle du tabac. Les résultats, s’ils montrent une forte consommation tabagique au sein de la jeune génération, soulignent dans le même temps une attente en matière de réglementation[1].

L’étude a analysé les données collectées lors de deux sondages nationaux représentatifs, menés en septembre et décembre 2020 auprès des jeunes Bulgares âgés de 18 à 35 ans.

Près d’un jeune Bulgare sur deux consommateur de tabac

Selon l’étude, entre 45,7% et 50,4% des Bulgares de 18 à 35 ans sont consommateurs de produits du tabac. La plupart des fumeurs actuels ont commencé avant d’avoir 18 ans, tandis que plus de 20% des jeunes Bulgares se sont initiés au tabagisme entre 10 et 14 ans, soulignant le caractère pédiatrique de l’épidémie tabagique, notamment dans le pays. L’étude souligne également une perception tronquée des jeunes générations en matière de risques sanitaires : près d’un cinquième des répondants déclarent penser que la consommation de tabac chauffé et de narguilés serait moins dangereuse que celle de cigarettes manufacturées.

Une attente en matière de législation contre le tabagisme

Malgré la forte prévalence tabagique observée, l’étude montre dans le même temps que la jeune génération bulgare semble en attente d’une plus forte réglementation sur les produits du tabac. Ainsi, 58% des sondés affirment que l’interdiction de fumer dans les lieux publics devrait être plus stricte et plus efficace, et que l’élaboration des politiques de santé publique devrait être indépendante des intérêts des cigarettiers. Dans la même idée, près de la moitié d’entre eux se déclarent en faveur d’une interdiction des produits du tabac. Enfin, un tiers des répondants ont signalé être prêts à voter en faveur d’une force politique, si celle-ci proposait de lutter contre le tabagisme des jeunes.

Le commerce illicite comme moyen de pression politique

Ancien pays sous domination soviétique, la Bulgarie a nationalisé son industrie du tabac en 1951. A partir de 1989, les gouvernements successifs ouvrent progressivement le marché bulgare à la concurrence, mais n’en privatisent véritablement l’industrie qu’en 2011. Toutefois, les documents internes de l’industrie du tabac montrent que les compagnies internationales, en particulier British American Tobacco (BAT) et Philip Morris International (PMI), s’intéressent au marché Bulgare depuis 1975. Sa position géographique, la qualité de son infrastructure de production et le faible coût de sa main d’œuvre ont fait de la Bulgarie un pays particulièrement visé par les multinationales. Pour accéder au marché bulgare et obtenir la privatisation du secteur, il a été démontré que l’industrie du tabac a très activement participé à l’organisation d’un commerce illicite de tabac en Bulgarie, et ce jusqu’en 2010 au moins[2]. La forte ingérence de l’industrie du tabac participe à expliquer la situation sanitaire problématique du pays : chaque année, 17 000 Bulgares meurent en raison du tabagisme soit plus de 22% des décès nationaux. L’influence de l’industrie du tabac se traduit également par l’application d’une des plus faibles fiscalités en Europe, ainsi que par l’apparition de publicités en faveur de Glo et Iqos, les marques phares de tabac chauffé de British American Tobacco (BAT) et Philip Morris International (PMI).

Mots-clés : Bulgarie

©Génération Sans Tabac


[1] Bulgarian News Agency, Nearly Half of Bulgarian Youth Use Tobacco Products – Survey, 07/05/2021, (consulté le 11/05/2021)

[2] Skafida V, Silver KE, Rechel BP, Gilmore AB. Change in tobacco excise policy in Bulgaria: the role of tobacco industry lobbying and smuggling. Tob Control. 2014 May;23(e1):e75-84. doi: 10.1136/tobaccocontrol-2012-050600. Epub 2012 Nov 10. PMID: 23143869.

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 11 mai 2021