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Don de 500 000 paquets à l’armée ukrainienne : l’opération de communication de PMI

Selon un député ukrainien, Philip Morris International a fait le don de 500 000 paquets de cigarettes à l’armée ukrainienne, dans le cadre de la guerre qui l’oppose à la Russie. Cette opération de communication, destinée à valoriser l’image du fabricant, peut également être interprétée comme une volonté de normaliser et maintenir l’épidémie tabagique, y compris dans les zones de conflits[1]. Le fabricant souhaite peut-être également faire oublier ses hésitations à sortir du marché russe, lucratif et stratégique.  

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe a rapidement été considérée par l’industrie du tabac comme une opportunité de communication. Dans un communiqué de presse datant du mois de mars, Philip Morris International a ainsi témoigné de sa solidarité avec les « hommes, les femmes et les enfants qui souffrent », annonçant dans le même temps le don de fournitures de première nécessité, notamment du matériel médical[2].

Le tabac n’est pas un produit de première nécessité

Le don d’un demi-million de paquets de cigarettes aux soldats ukrainiens laisse cependant supposer que le tabac appartient à la catégorie des produits de première nécessité. Or, par son inutilité et sa nocivité, la consommation de produits du tabac est diamétralement opposée à la notion de nécessité vitale. Cette stratégie est pourtant systématiquement mobilisée par l’industrie du tabac. Ainsi, entre 1947 et 1951, sur les treize milliards de dollars de biens expédiés en Europe dans le cadre du plan Marshall, un milliard était constitué de produits du tabac. Sans aucune demande formulée de la part des pays européens, près d’un tiers des financements liés à l’alimentation a, de cette façon, été affectée au tabac[3]. Plus récemment, l’industrie du tabac a également multiplié les pressions auprès des décideurs publics du monde entier pour que ses produits soient considérés comme étant de première nécessité, pendant les périodes de confinement en raison de la crise sanitaire de Covid.

Maintenir et diffuser l’addiction tabagique ukrainienne

Au regard du faible coût de production des produits du tabac, le don de Philip Morris à l’armée ukrainienne sera potentiellement vite amorti. En fournissant gratuitement du tabac, le fabricant s’assure du maintien de la consommation, et donc de la diffusion de l’épidémie tabagique. La facilitation de l’accès aux produits du tabac, en entraînant la consommation, permet de garantir au fabricant de faire perdurer les mécanismes d’addiction à ses produits, et donc de maintenir un nombre suffisant de consommateurs, voire d’en recruter de nouveaux. En Ukraine, le tabagisme est à l’origine d’un désastre sanitaire, en provoquant le décès prématuré de plus de 125 000 personnes par an[4].

Mots-clés : Ukraine, Philip Morris International

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Washington Examiner, Philip Morris gifts Ukrainian army 500,000 packs of cigarettes: Report, 31/03/2022, (consulté le 04/04/2022)

[2] Philip Morris International, Philip Morris International Inc. (PMI) Suspends Investment and Activates Plans to Scale Down Manufacturing Operations in the Russian Federation, 09/03/2022, (consulté le 04/04/2022)

[3] Robert Proctor, Golden Holocaust, la conspiration des industriels du tabac, 2011

[4] Tobacco Atlas, Ukraine, (consulté le 04/04/2022)

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 4 avril 2022