Actualités

mineurs-vapotage

Des associations environnementales et de santé publique demandent l’interdiction des puffs en France

Dans une tribune publiée dans Le Monde le 1er mai 2023, un collectif de 22 associations appelle à interdire les puffs – les cigarettes électroniques jetables – en France, à l’exemple des demandes d’interdiction déjà déposées en Allemagne, en Belgique et en Irlande.

Apparues à l’automne 2021 sur le marché français, les cigarettes électroniques jetables – communément appelées puffs – ont connu un succès fulgurant, en particulier auprès des plus jeunes et des adolescents. Vendues non seulement dans les débits de tabac et les magasins spécialisés dans le vapotage, ces puffs le sont aussi dans des grandes surfaces, des magasins discount ou des kiosques à journaux. Moins chères qu’un paquet de cigarettes, elles contiennent de 600 à plus de 2000 bouffées et jusqu’à 20 mg/ml de nicotine[1], et peuvent conduire à une rapide dépendance. Déclinées sous des centaines d’arômes, la plupart sucrés, et commercialisées sous des emballages très colorés, les puffs semblent davantage destinées à séduire les publics jeunes qu’à aider au sevrage tabagique des adultes.

La vente de ces cigarettes électroniques jetables est en principe réservée au plus de 18 ans, mais en l’absence complète de contrôles, aussi bien dans les débits de tabac que dans tous les autres lieux de vente, il est très facile pour des mineurs de se les procurer. Les millions d’exemplaires vendus finissent le plus souvent jetés au sol ou à la poubelle, faute de circuit approprié de collecte et de traitement.

Une porte d’entrée dans la dépendance nicotinique

C’est pour enrayer leur diffusion et une véritable catastrophe environnementale qu’un collectif demande aujourd’hui l’interdiction de ces produits. 22 associations environnementales et de santé publique ont appelé, dans une tribune publiée ce 1er mai 2023 dans Le Monde, à soutenir la proposition de loi d’interdiction des puffs déposée par une trentaine de députés et à la mettre à l’ordre du jour législatif[2]. Aux côtés des membres de l’Alliance contre le tabac (ACT), se trouvent des associations comme la fondation Surfrider, France Nature Environnement, Zero Waste France, No plastic in my sea ou Swim for change.

Ce collectif pointe à la fois le rôle des puffs dans l’installation de la dépendance nicotinique et les conséquences environnementales des déchets causés par les cigarettes électroniques jetables. Du point de vue sanitaire, les experts de santé estiment que les puffs constituent d’autant plus une porte d’entrée dans la dépendance nicotinique qu’elles contiennent des sels de nicotine, lesquels délivrent rapidement de fortes quantités de nicotine. Publiée en septembre 2022, une étude de l’ACT indiquait que 28 % des 13-16 ans interrogés s’étaient initiés à la nicotine en utilisant une puff. Après avoir alerté les pouvoirs publics dès l’apparition de ces produits en France, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) – qui surveille la diffusion des nouveaux produits du tabac et de la nicotine – et l’ACT avaient déjà appelé à une même interdiction fin octobre 2022.

Le désastre environnemental des puffs

Les déchets occasionnés par les puffs sont l’autre motivation pour les interdire. Chaque puff est dotée d’une batterie qui contient en moyenne 0,15 g de lithium, mais aussi des substances chimiques (sels de nicotine, traces de métaux lourds), du plastique et des composants électroniques qui en font des déchets complexes et non recyclés. Ces déchets polluent sols, nappes phréatiques et océans, et menacent la biodiversité, comme le font les 4500 milliards de mégots jetés au sol chaque année.

Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, ont commencé à s’alarmer des quantités phénoménales de ces déchets, liées aux succès commercial des puffs. En Europe, les puffs contreviennent aux réglementations sur la réutilisation des batteries et sur les plastiques à usage unique. Des demandes d’interdiction des puffs ayant été déposées en Irlande, en Belgique, en Ecosse ainsi qu’en Allemagne, il semble logique que la France porte une mesure forte pour ce type de produits.

Pour en savoir davantage sur les puffs, lire notre décryptage.

Mots-clés : cigarettes électroniques jetables, puff, déchets, environnement, ACT, France.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] Certains modèles de puffs, interdits en France mais commercialisés en ligne, comprennent jusqu’à 50 mg/ml de nicotine.

[2]  « La cigarette électronique jetable “puff”, un fléau environnemental et sanitaire qu’il faut interdire d’urgence », Le Monde, publié le 1er mai 2023, consulté le 2 mai 2023

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 3 mai 2023