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Décès dus au tabac en France : une forte hausse chez les femmes

Entre 2000 et 2014, le nombre de décès imputables au tabac chez les femmes a doublé. C’est ce qu’annonçait en octobre 2018 l’agence Santé publique France, qui jugeait l’évolution « très préoccupante ». Mais à l’heure où les hommes réduisent leur consommation, pourquoi une telle augmentation de la mortalité chez les individus féminins ?

Une tendance à contre-courant

La généralisation du tabagisme chez les femmes a commencé dans les années 1970. Peu à peu, le nombre de fumeuses s’est rapproché de celui des fumeurs : en 2017, ce sont 24 % des femmes âgées de 15 à 75 ans qui fumaient, contre 30 % chez les hommes. Et si entre 2016 et 2017, le nombre de fumeurs a baissé d’un million, le tabagisme chez les femmes âgées de 45 à 54 ans est quant à lui resté inchangé.

Émancipation et marketing

Parmi les facteurs qui pourraient expliquer cette pratique, on citera bien entendu l’émancipation des femmes, mais aussi les stratégies marketing ciblées des industriels du tabac. Ainsi, des marques comme Fine, Vogue, Corset ou encore Allure, véhiculaient une image qui se voulait glamour et/ou évoquant la sveltesse. Des arguments qui ont pu être attractifs pour la gent féminine. Leur nom ayant été jugé trop attractif, ces marques ont été interdites à la vente en 2017[1].

Des conséquences notables sur la santé des femmes

Cette hausse du tabagisme féminin a sans surprise engendré une augmentation du nombre de cancers du poumon, de BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) et d’infarctus du myocarde. L’étude de Santé publique France annonçait en 2018 que le cancer du poumon devrait devenir dans un avenir proche le plus meurtrier chez la femme, devant le cancer du sein. En effet, le cancer du poumon a augmenté de 71 % chez les femmes entre 2000 et 2014 – il a baissé de 15 % chez les hommes. Les femmes touchées ont majoritairement entre 55 et 64 ans : elles appartiennent donc à la génération née dans les années 1950, qui a commencé à fumer en nombre dans les années 1970.

Grossesse : des risques pour la mère comme pour le fœtus

Il faut noter que 16 % des femmes enceintes fument encore en fin de grossesse, ce qui représente un des taux les plus élevés d’Europe. Une étude de Santé publique France révèle de fortes inégalités : les femmes enceintes fument davantage dans l’Ouest et dans le Nord qu’en Île-de-France. Le niveau d’étude et le revenu semblent notamment impacter les résultats. Enfin, on notera que si la moitié des fumeuses stoppent leur consommation durant la grossesse, 82 % reprennent malheureusement après l’accouchement.

Pourtant un arrêt définitif protégerait leur santé et éviterait à leur bébé et au reste de leur entourage de courir les risques liés au tabagisme passif. Un suivi particulier de ces sevrages spécifiques pourrait donc être envisagé afin de pérenniser l’arrêt du tabac et de tenter d’inverser la courbe de la mortalité évoquée ci-dessus.

©Génération Sans Tabac


[i] « Les femmes demeurent une cible majeure pour l’industrie du tabac »
https://www.generationsanstabac.org/actualites/les-femmes-demeurent-une-cible-majeure-pour-lindustrie-du-tabac/

[i] « Femmes : un siècle de ciblage marketing de la part de l’industrie du tabac »
https://www.generationsanstabac.org/actualites/femmes-siecle-ciblage-marketing-industrie-tabac/

« Décès liés au tabac : ils doublent chez les femmes en 15 ans », L’Express et AFP,
www.lexpress.fr, 30 octobre 2018
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/deces-lies-au-tabac-ils-doublent-chez-les-femmes-en-15-ans_2045362.html

[1] https://www.lefigaro.fr/conso/2017/01/30/20010-20170130ARTFIG00114-cigarettes-l-interdiction-de-certaines-marques-se-rapproche.php

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Publié le 23 juin 2020