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Dans les prisons françaises, 90% des hommes sont fumeurs

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alerte sur la question du tabagisme dans les prisons européennes, jugée insuffisamment traitée. Alors que les pays occidentaux observent une tendance générale à une diminution de la consommation tabagique, aucun progrès n’est enregistré dans les prisons, constituant un enjeu de santé essentiel pour la population carcérale et le personnel pénitentiaire. L’OMS souligne la nécessité urgente de s’attaquer à ce problème de santé publique.

Le tabac est la substance psychoactive la plus consommée par les personnes vivant en prison. Les études menées dans la région européenne de l’OMS montrent que la prévalence tabagique y atteint des niveaux record. Dans l’ensemble, ces taux sont sans commune mesure avec ceux mesurés au sein des populations nationales : selon les pays, la prévalence tabagique dans les prisons est deux à quatre fois supérieure à la moyenne[1].

Un tabagisme à des niveaux record, y compris chez les femmes, et les femmes enceintes

Pour les hommes, la France se distingue avec la Grèce par la plus forte consommation tabagique européenne, avec environ 90% de la population carcérale fumeuse. Toutefois, les autres pays de l’enquête, enregistrant des prévalences plus faibles, témoignent également d’une situation particulièrement problématique. En Allemagne, 88% des hommes en prisons sont fumeurs, contre 77% en Italie, 81% en Pologne, 83% en Suisse, et 85% en Lituanie. Chez les femmes, le tabagisme est également à des niveaux inédits : 85% au Royaume-Uni, 82% en Lituanie et 63% en France. L’OMS rappelle que des études réalisées auparavant dans les prisons montrent que deux-tiers des femmes enceintes en milieu carcéral sont par ailleurs fumeuses.

Le tabagisme passif, une norme dans les prisons européennes

Contrairement à ce qui a été observé au sein de la population générale dans ces pays, aucune amélioration n’a été constatée en milieu carcéral. A cette forte prévalence tabagique s’ajoute le problème du tabagisme passif, car les détenus passent une majorité de leur temps dans des milieux clos et mal ventilés. Comme le souligne l’OMS, si des efforts ont été réalisés dans la région européenne pour développer des cellules « sans fumée », ces mesures restent insuffisantes, et la qualité de l’air reste très largement dégradée dans l’ensemble, augmentant ainsi le risque de maladie cardiaque et de cancer du poumon de 20 à 30% chez la population carcérale non-fumeuse. Bien que ce point ne soit pas abordé par l’OMS, il est possible d’ajouter que le problème de l’exposition au tabagisme passif du personnel est par ailleurs hautement problématique, dans la mesure où il existe une obligation de sécurité de résultat de l’employeur.

Promotion du sevrage, développement d’activités sportives en prison : des pistes d’amélioration possibles

Pour remédier à cette inégalité sanitaire, l’Organisation mondiale de la Santé recommande la pleine mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, une collaboration plus étroite avec les services pénitentiaires et une meilleure prise en compte de l’enjeu de la lutte contre le tabagisme de la part des autorités pénitentiaires. Par ailleurs, l’OMS pointe la nécessité de soutenir les programmes de sevrage tabagique dans les prisons, et de davantage accompagner les détenus souhaitant cesser leur consommation de tabagique. Un des obstacles majeurs identifiés à la réalisation de progrès en la matière est qu’une grande partie des fumeurs en prison expliquent leur consommation par le sentiment d’ennui causé par la situation d’emprisonnement. Une des solutions proposées à ce problème serait de développer les activités physiques et sportives, améliorant dans le même temps la qualité de vie des détenus.

Crédit photo : ©MARTIN BUREAU / POOL/EPA/MaxPPP

Mots-clés : Prison, tabagisme passif

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Organisation mondiale de la santé, Tobacco use in prisons, 2022, (consulté le 11/05/2022)

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 12 mai 2022