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Culture du tabac : l’interférence de l’industrie en Italie

Le fabricant British American Tobacco (BAT) a annoncé un achat de 7000 tonnes de tabac issues des productions italienne pour l’année 2021, avec un investissement de 20 millions d’euros. Cette opération financière et de communication est contraire aux principes de santé publique et de bonne gouvernance[1].

L’investissement a été annoncé à l’occasion de l’événement « Achat de tabac et chaîne d’approvisionnement durable : l’engagement de British American Tobacco dans le secteur du tabac italien », co-organisé par le fabricant lui-même. Cette opération a notamment été réalisée en collaboration avec la Confédération générale de l’agriculture italienne, en présence de Gian Marco Centinaio, ministre italien des Politiques agricoles, alimentaires et forestières dans le gouvernement de Giuseppe Conte depuis 2018.

Le fléau économique et sanitaire du tabac en Italie

Cette dernière décennie, BAT Italie a investi plus de 200 millions d’euros dans la culture du tabac. L’Italie demeure encore aujourd’hui le premier pays producteur de tabac de l’Union européenne, représentant 30% de la production totale de cette dernière, pour environ 50 000 tonnes de production annuelle. Par ailleurs, selon Italtab, une organisation de producteurs de tabac, la culture du tabac regroupe plus de 400 entreprises à travers le pays, 3000 hectares d’exploitation et 10 000 travailleurs, majoritairement concentrés dans la région de la Campanie. L’ensemble de ces chiffres présentés par l’industrie du tabac a pour objectif faire valoir celle-ci comme un acteur dynamique et profitable à l’économie du pays. En réalité, le tabac, en Italie comme ailleurs, représente un fardeau économique inédit pour les pouvoirs publics, mais également sanitaire : chaque année, plus de 93 000 italiens décèdent du tabagisme[2].

Une opération de responsabilité sociale

A travers la présence du ministre, cette opération financière a été instrumentalisée par l’industrie du tabac dans le but de s’imposer comme un acteur responsable crédible et partenaire des pouvoirs publics. Cet événement est par ailleurs en opposition fondamentale avec la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT), qui interdit toute forme de promotion des produits du tabac et toute activité de responsabilité sociale, mais qui encourage les pays à promouvoir des solutions de remplacement économiquement viables pour les exploitants, afin de mettre progressivement un terme à la culture du tabac. En effet, les exploitations de tabac, demandant de grandes ressources en eau et en pesticides, sont une cause permanente et majeure de pollution des sols et des nappes phréatiques. Par ailleurs, une enquête du journal The Guardian pointait du doigt en 2019 l’exploitation de demandeurs d’asile dans les champs de tabac italien, permettant de mobiliser une main d’œuvre bon marché, dans des conditions sanitaires dégradées, travaillant jusqu’à 12 heures par jour[3].

Mots clés : Italie, Culture du tabac, Ingérence, Conte, Centinaio, RSE

Crédit photo : ©FABIO FRUSTACI/EPA/Newscom/MaxPPP

©Génération Sans Tabac


[1] Efa News, British American Tobacco invests 20 million in Italy, 13/05/2021, (consulté le 17/05/2021)

[2] Tobacco Atlas, Country : Italy, (consulté le 17/05/2021)

[3] The Guardian, ‘I had pain all over my body’: Italy’s tainted tobacco industry, 31/05/2021, (consulté le 17/05/2021)

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 17 mai 2021